Entre ses mains, un quatuor amoureux
Anne Fontaine revient avec «Perfect mothers», une adaptation des «Grands-mères» de Doris Lessing, un roman sulfureux et transgressif.
Publié le 02-04-2013 à 06h00
Bruxelles...Hôtel Manos Premier... C'est au bar qu'Anne Fontaine nous attend, de passage pour nous parler de son dernier film: Perfect Mothers.
Un premier essai à l’américaine pour la réalisatrice mais surtout, un thème extrême, jamais abordé au 7e art. L’histoire de deux amies d’enfance, enferrées dans un cocon fusionnel et dont, presque 20 ans plus tard, le duo va se transformer en un quatuor amoureux, chacune tombant amoureuse du fils de l’autre. Rencontre avec la cinéaste française.
« Un mélange d’érotisme et de sensualité »
Il y a quelques années, Anne Fontaine découvre le roman de Doris Lessing, romancière britannique (prix Nobel de littérature en 2007): «J'ai été fascinée par ce récit, ''Les Grands-mères''. J'ai été tout de suite attirée par ce mélange d'érotisme et de sensualité. Il y a quelque chose de dangereux et en même temps d'extrêmement attirant dans ce thème. J'y voyais en plus la possibilité de deux rôles magnifiques à donner à deux actrices immenses et talentueuses. ».
L'idée a germé et prendra son envol grâce à un déclic précis, celui de sa rencontre avec la romancière: «Ce fut déterminant. Quand elle m'a parlé de sa nouvelle, elle m'a expliqué que c'est un jeune Australien qui lui avait raconté l'histoire insensée qui lui avait inspiré ce roman. Ce qui l'avait troublée, c'est la réaction de ce jeune homme: ''J'aurais aimé être à leur place''. Cette réflexion m'a donné une piste de plus pour imaginer ce quatuor amoureux à l'écran. Cette gémellité entre les deux personnages va provoquer tout ce qui se passe par la suite. Leur promiscuité est telle qu'elles ne sont même pas dérangées par l'idée que le monde extérieur pense qu'elles ont une relation intime (ce qui n'est pas le cas). Il y a un désir de ne pas quitter le monde de l'enfance. Dans ce film, on rêve d'immobiliser le temps et ne pas laisser partir un paradis perdu, loin d'une morale, de l'éthique ».
Une première en anglais
Pour Anne Fontaine, Perfect mothers, c'est aussi une première dans la langue de Shaskespeare: « J'ai commencé à l'élaborer en français mais j'ai laissé tomber l'idée car je sentais de façon intrinsèque que le ton était anglo-saxon. J'ai décidé de prendre un temps d'arrêt sur ce projet car je ne m'imaginais pas faire un film en anglais. Puis je me suis dit que si une actrice me faisait confiance, j'aurais peut-être le culot de l'écrire dans cette langue. Je l'ai envoyé à Naomi Watts qui a rapidement répondu et manifesté son intérêt. Concernant Robin Wright, j'ai mis un peu plus de temps à l'imaginer dans ce personnage, aussi attractive et magnétique qu'elle peut l'être (sourire). Elle n'avait jamais endossé ce type de personnage, a contrario de ces précédents rôles, plus ''fragiles''. Au final, le résultat à l'écran a dissipé tous les doutes».
«Perfect mothers», drame d’Anne Fontaine. Avec Naomi Watts et Robin Wright. Durée: 1h40. Sortie ce mercredi3 avril.
La critique complète dans notre édition de mercredi.