On a vu le Tintin de Spielberg. Et on dirait même plus… on l’a adoré!
Les aventures de l’intrépide reporter belge débarquent sur grand écran le 26 octobre. Résultat ? Une réussite totale, mille sabords !
Publié le 12-10-2011 à 07h00
Un jour, Hergé avait dit: « Je vois un peu mes histoires comme des films». Quelle prophétie ! Oubliez les précédentes et pitoyables adaptations télé ou animées, Tintin a enfin trouvé son papa de cinéma, en la personne de Steven Spielberg. Le cinéaste américain aura attendu 30 ans pour que la technologie du « motion capture » (capture de mouvement) soit au point. Il ne voulait ni d’un dessin animé – Tintin transcendant l’idée de dessin – ni d’un film en prises de vue réelles, condamné à l’hyper-stylisation. Pari réussi !
Des planches au grand écran: l’avis d’un expert
Les défis à relever pour l’équipe du film étaient colossaux, Tonnerre de Brest ! On a toujours cru que Tintin était facilement adaptable à l’écran. Or, même si Hergé (pseudonyme des initiales inversées de son vrai nom, Georges Remi) utilise un langage cinématographique en BD, à la limite du story-board, rien n’était gagné d’avance. Les différents essais avaient toujours déçu. Décortication avec Philippe Marion, Professeur à l’UCL, membre actif de l’Observatoire du Récit Médiatique et auteur de différents textes sur la ligne claire.
1.Le respect de la ligne claire, chère à Hergé. « De ce que j'ai déjà pu en voir, c'est absolument réussi constate Philippe Marion. Prenons le visage de Tintin, en BD. Un simple ovale qui fonctionne comme une poupée graphique animée pour le lecteur. Spielberg l'a bien pigé. C'est pourquoi il a décidé de ne pas tourner en personnages réels. Il fallait trouver une méthode qui permettait de mixer les vibrations d'un personnage réel avec la complexité d'un personnage animé. Et la motion capture permet cet effet. Un procédé qui respecte à la fois la dynamique filmique et celle de la ligne claire. Le résultat est bluffant».
2. Les voix. Imaginaires en BD, elles deviennent réelles au cinéma et ne correspondent pas forcément à la voix que le lecteur s'en faisait. «Les voix sont soignées,analyse notre expert. On sent un travail énorme de crédibilité derrière. C'est pourquoi Spielberg a préféré choisir des acteurs, pour la plupart, déjà habitué à cette technologie ».
3. Le mouvement. Il est suggéré chez Hergé. C'est le lecteur qui se l'imagine. « Spielberg a pris un soin extraordinaire aux décors poursuit le Professeur. Tout en restant fidèle aux personnages d'Hergé, Spielberg a réalisé des essais photo réalistes. Ce qui permet des gros plans, rares chez Hergé, mais qui comblent les manques. Comme les ellipses entre les cases de BD, qui sont des sautes d'imaginaires dans l'esprit du lecteur. Comment combler cette conscience aveugle ? Par de la fluidité, sans liaisons forcées. Ce que le cinéaste a parfaitement réussi avec sa dimension photo réaliste. L'image de synthèse en 3D synthétise deux tentatives qui s'étaient plantées: le dessin animé pur et dur et les personnages réels».
+ Les aventures de Tintin – Le Secret de la Licorne sort en salles le 26octobre prochain. Avant-première mondiale à l’UGC de Brouckère, à Bruxelles, le samedi 22 octobre.