Le mois d’avril 2023 dans la ziquemachine à remonter le temps
Petit moment de détente musical. Qu’écoutait-on en avril 2013, 2003, 1993, 1983, 1973 et 1963 ? Réponse dans ce petit montage signé Patrick Zirpolo qui nous emmène dans une ziquemachine à remonter le temps.
Publié le 01-04-2023 à 07h00
2013 Maitre Gims – J’me tire

En mai 2013, Maître Gims (Gandhi Djuna de son vrai nom) s’émancipe du groupe Sexion d’Assaut, en publiant son premier album solo, intitulé Subliminal. Deux mois auparavant, le rappeur congolais avait publié un premier extrait, Meurtre par strangulation (M.P.S.), suivi quinze jours plus tard par un autre single, J’me tire. C’est ce dernier qui séduit les auditeurs et qui trônera en tête du Top 50 français pendant quatre semaines. Il restera dans le top singles français pendant 83 semaines. En Wallonie, il sera numéro un le 20 avril.
Ce morceau, écrit en duo avec le compositeur Renaud Rebillaud, parle de la lassitude d’un artiste face à la pression du showbiz, comme le confirme le rappeur dans une interview. “J’suis en tournée tout le temps […] donc au bout d’un moment que ce soit dans la musique ou pour un autre taff, ou dans le sport, t’as envie de te tirer, t’as envie de te tirer. T’as envie de te poser un peu, t’as envie de retrouver les gens de ta famille, les gens que tu ne vois plus du tout. Parce que plus tu montes, plus tu grimpes, plus de l’autre côté tu tombes un peu, tu redescends, parce que ça tire des deux sens. Donc j’ai écrit ce texte, j’ai chanté cette chanson pour ça. […] J’ai besoin de me retrouver un peu… ”.
L’info pour faire le malin. À la réalisation du clip, on retrouve Styck (de son vrai nom Lucas Maggiori) et Richard “Screetch” Bismuth. Fondateurs de Daymolition (à ne pas confondre avec Daylimotion) en 2008, ils se sont spécialisés dans le tournage de clips de raps, d’abord pour Sexion d’Assaut puis pour Seth Gueko, Mister You, Alkpote, Maître Gims, Dadju ainsi que des rapeurs africains.
2003 Eminem – Lose Yourself

Repéré en 1999 avec son album The Slim Shady qui contient le morceau My Name Is, Eminem confirme avec les albums The Marshall Mathers LP (2000) et The Eminem Show (2002) qu’il est bien le plus grand rappeur de ce début de XXIe siècle. Le succès est également conforté à la fin de l’année 2002 par la sortie du film 8 Mile, de Curtis Hanson, qui raconte la vie d’un jeune rappeur blanc (B-Rabbit) qui tente de s’imposer dans un milieu dominé par les Blacks dans la ville de Détroit.
Film largement inspiré par la vie d’Eminem, celui-ci y tient naturellement le rôle principal et en réalise également la B.O. avec comme single un titre inédit : Lose Yourself. Sorti en single en octobre 2012, le morceau devient un tube mondial, se vendant à plusieurs millions d’exemplaires. Il s’agit de son premier numéro un aux États-Unis (Billboard Hot 100), une place qu’il occupera douze semaines consécutives ! Suite à la performance d’Eminem lors de la mi-temps du Super Bowl en 2022, Lose Yourself réintègre le Billboard Hot 100 pendant 24 semaines.
Au niveau des paroles, la chanson traite en grande partie des luttes menées par B-Rabbit, et de la façon dont il surmonte finalement ses nombreux problèmes et obstacles pour gagner le respect des autres rappeurs.
L’info pour faire le malin. Lose Yourself a remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale, ce qui en fait la première chanson hip-hop à recevoir ce prix. Elle a également remporté le Grammy Award de la meilleure chanson rap et de la meilleure performance rap en solo.
1993 2 Unlimited – No Limit

Si le début des années nonante est marqué par l’avènement du grunge en rock, il est aussi marqué par l’apogée de l’Eurodance. Cocorico : la Belgique figure parmi les têtes de pont de ce mouvement lancé à la fin des années 80 avec des groupes comme Confetti’s et Technotronic ou encore 2 Unlimited, qui se fait déjà remarquer en 1991 avec le morceau – d’abord instrumental – Get Ready For This. Cela marche tellement bien dans les clubs que les producteurs anversois Jean-Paul De Coster et Phil Wilde décident d’ajouter des voix.
”Nous avons invité le rappeur Ray Slijngaard à faire un essai. Nous avions travaillé avec lui sur “Money Money”, un single inédit de Bizz Nizz. En septembre, il nous a rendu la cassette. A notre grande surprise, il avait également ajouté le chant d’une certaine Anita Doth, une agente de la circulation d’Amsterdam”, expliqueront les producteurs à l’époque. L’essai est concluant et Get Ready For This devient même l’hymne de la NBA et est repris dans des films comme Space Jam ou Scooby-Doo.
Mais le groupe belgo-néerlandais décroche le jackpot en ce printemps 1993 avec le tube No Limit. En France, ce titre reste en tête du Top 50 pendant cinq semaines. Il est aussi numéro un en Autriche, aux Pays-Bas, en Suède, en Norvège, en Belgique… (35 pays au total).
L’info pour faire le malin. Comme souvent à cette époque-là, le succès n’a duré qu’un temps pour 2 Unlimited. En 1996, Ray Slijngaard et Anita Doth décident de ne pas prolonger leur contrat de cinq ans. Les producteurs anversois continueront à faire vivre le groupe avec d’autres chanteuses, sans cependant retrouver le succès de ce début des années 90.
1983 Rodolfo y su tipica – La colegiala

Attention, si vous cliquez sur le lien pour écouter ce morceau, vous l’aurez en tête pour le reste de la journée. Succès au Pérou en 1977, La colegiala a été écrite par un certain Walter Leon Aguilar, membre du groupe Los Ilusionistas. Mais c’est la reprise réalisée par le Colombien Rodolfo Aicardi et son groupe Rodolfo y su tipica qui va connaître un succès mondial à partir des années 80.
Cette chanson d’amour destinée à une jolie écolière (”colegiala linda”) devient la chanson phare d’une vaste campagne publicitaire pour le café instantané Nescafé. La rumeur dit que les ventes de Nescafé auraient été dopées de plus de 50 % suite à cette campagne massive. Publiée en 45 Tours par RCA, La colegiala obtient son petit succès en Europe et parvient à se hisser à la sixième place du hit-parade français début avril 1983.
L’info pour faire le malin. En 1997, Richard Gotainer publie une adaptation française de La Colegiala, pour en faire une véritable ode au café sous le titres Les frappés du café. Plus question de collégienne dans les paroles mais bien de café glacé qu’il faut frapper ou secouer. Il s’agit d’un single promotionnel offert par Nescafé frappé. En 2015, Solange Knowles, la soeur de Beyoncé, a fait une reprise dance de La colegiala, sans véritable succès.
1973 Marie Laforêt – Viens, viens

Actrice et chanteuse à succès depuis le début des années 60 avec des tubes comme Viens sur la montagne ; La tendresse (reprise de Bourvil) ; La voix du silence (adaptation française de The Sound of silence) ; Ivan, Boris et moi ; Marie Laforêt connaît une période moins faste à la fin des années 60 et au début des années 70. Elle a envie de défendre un répertoire plus authentique et plus proche de ses goûts personnels, ce qui ne plaît pas trop à sa maison de disques CBS. Elle signe alors chez Polydor et en 1973, elle publie Pourquoi les Hommes pleurent ? sur lequel figure le titre Viens, viens.
Il s’agit de l’adaptation française de la chanson Rain, Rain, Rain du chanteur allemand Simon Butterfly (de son vrai nom Bernd Simon). Celui-ci est connu pour avoir travaillé avec Danyel Gérard pour adapter son tube Butterfly en allemand…
Si la chanson originale parle d’un couple d’amoureux qui se sépare, la version française de Marie Laforêt fait plutôt référence à une jeune femme qui tente de faire revenir son père au foyer conjugal : “Viens, viens, c´est une prière ; Viens, viens, pas pour moi mon père ; Viens, viens, reviens pour ma mère ; Viens, viens, elle meurt de toi…”
L’info pour faire le malin. La même année, Les compagnons de la chanson chanteront également Viens, viens. CBS la publiera en Face B du morceau Un Jour ou l’autre. Dalida et Marie Laforêt chanteront également une version en italien, intitulée Lei, lei (Elle, elle).
1963 Robert Cogoi – Je m’sens très seul

D’origine slovène mais né à Châtelet, Robert Cogoi – Mirco Kogoj de son vrai nom – marche sur les traces d’Adamo au début de ces années 60. Comme le chanteur italo-belge, c’est en effet en gagnant un concours (le Prix international des variétés d’Ostende) avec la chanson Si un jour qu’il est découvert. La firme de disques Philips lui met le grapin dessus, tout comme Radio Luxembourg. Il enchaîne les succès : Je serais mieux chez moi, Une bière pour mon cheval ou Pardonnez-moi seigneur.
Mais son plus gros succès, il l’atteint avec Je m’sens très seul, adaptation française du hit de Will Tura Ik ben zo eenzaam zonder jou. Ce succès l’amènera à être sélectionné pour le concours Eurovision en 1964 à Copenhague. La victoire va à Gigliola Cinquetti et sa chanson Non ho l’età. Avec Près de ma rivière, Robert Cogoi termine à la dixième place sur seize, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un certain succès en Belgique avec sa chanson.
Robert Cogoi est décédé à l’âge de 82 ans en mai 2022.
L’info pour faire le malin. C’est le parolier français Franck Gérald qui s’est chargé d’adapter la chanson de Will Tura. Ce beau-frère de Pierre Delanoë a d’abord travaillé en duo avec ce dernier dans les années 50. S’il a collaboré avec une kyrielle de chanteurs (Marcel Amont, France Gall, Françoise Hardy, Gérard Lenorman, Juliette Gréco…), on lui doit surtout les tubes Il fait trop beau pour travailler chanté en 1964 par Les Parisiennes et La poupée qui fait non et Love me, please love me pour Michel Polnareff.