Réfugiés ukrainiens en Belgique: La Monnaie est la nouvelle maison d’Anastasia et Olga
Olga et Anastasia ont fui Kiev au début des combats en Ukraine en 2022 et ont été accueillies à la MM Academy de La Monnaie, à Bruxelles, où elles poursuivent leurs études.
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Publié le 22-02-2023 à 06h00 - Mis à jour le 22-03-2023 à 10h33
Olga Artemenko et Anastasia Varga étaient étudiantes en chant lyrique au Conservatoire de Kiev (aussi appelé Ukrainian National Tchaikovsky Academy of Music) lorsque les premiers obus sont tombés sur la capitale ukrainienne en février 2022.
Durant les deux premières semaines de combats, elles ont vécu la peur au ventre. Deux semaines de tirs, de bombardements incessants qui ont marqué leurs esprits à tout jamais. "C’était terrible et totalement irréel: on ne parvenait pas à y croire vraiment. À chaque minute on entendait des coups de feu, des bombes exploser, on voyait des éclats de lumières au loin, des colonnes de fumée, décrit Anastasia. C’était comme dans les films: ça ne pouvait pas être réel."
Puis est venue la douloureuse décision d’un père qui choisit de mettre ses enfants en sécurité. "Au bout de ces deux semaines terribles, mon père a pris la décision de nous amener à Zakarpattia à la frontière pour nous envoyer mon frère et moi chez une de nos tantes à Prague, explique Anastasia. Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas quitter mes parents mais mon père ne nous a pas laissé le choix."

Accueillies par une violoniste ukrainienne
Une fois à Prague, en sécurité chez sa tante, Anastasia retrouve son amie Olga et, voyant le grand élan de solidarité qui se met en place en Europe, elles décident ensemble de chercher des opportunités pour poursuivre leurs études. "Nous avons appris que la violoniste ukrainienne Tatiana Samouil qui est basée à Bruxelles, organisait l’accueil d’étudiants et artistes ukrainiens en Belgique en les mettant en contact avec des volontaires et des familles d’accueil, poursuit l’étudiante en chant lyrique de 24 ans. Nous avons pris contact avec elle et notre arrivée à Bruxelles s’est très rapidement organisée."
Hébergées dans un premier temps dans une famille d’accueil, elles ont reçu énormément d’aide administrative et vivent maintenant en colocation dans un appartement à Ixelles.
Dans le même temps, les deux étudiantes se sont inscrites au conservatoire de Bruxelles et bénéficient du programme de la MM Academy qui leur permet d’intégrer les chœurs de La Monnaie pour certaines pièces mais aussi d’assister à des masterclass avec des chanteurs de renommée internationale.
Témoignages de bénévoles et coordinateurs wallons qui ont aidé les Ukrainiens depuis le début de la guerreDe nouveaux projets
Deux mois après leur arrivée, Olga et Anastasia ont cherché un moyen de renouer avec leur culture d’origine. "Nous avons monté un projet qui nous tient vraiment à cœur et qui réunit une petite vingtaine d’artistes. Il a pour but de promouvoir la culture ukrainienne à travers ses artistes, souligne Anastasia. Ce n’est que le début mais nous avons déjà donné un concert à Anvers et nous espérons encore en donner beaucoup et faire entendre notre voix. C’est important pour les Ukrainiens qui ont trouvé refuge en Europe de pouvoir à nouveau entendre leurs artistes."
Après un an de conflit, les deux artistes ukrainiennes ont trouvé un lieu où vivre, où poursuivre leurs études sereinement et se sont fait des amis. Mais quand on les interroge sur leur futur, elles continuent à se poser pas mal de questions. "Quand la guerre prendra fin, nous ne savons pas comment va se passer notre retour en Ukraine, note Olga. C’est compliqué parce que nous avons beaucoup d’opportunités pour travailler ici ; bien plus qu’en Ukraine. Et ça, c’est par rapport à la situation avant la guerre. Après la guerre, la situation va être catastrophique pour trouver du travail. Ici, nous avons déjà rencontré pas mal d’agents qui nous ont proposés du travail dans différents théâtres et on sent que notre carrière est ici et pas en Ukraine. Mais c’est quelque chose qu’on savait déjà avant la guerre. Les opéras et théâtres ont déjà leurs troupes au complet et après la guerre, les artistes vont rentrer au pays et il n’y aura pas assez de travail pour tout le monde. Sans parler des salaires qui sont bien moins bons en Ukraine qu’en Europe."
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