Photographies en guerre: l’image au cœur des conflits depuis le XIXe siècle | VIDEO
À Paris, aux Invalides, une expo reprend les clichés les plus emblématiques des guerres depuis la fin du XIXe siècle.
Publié le 02-06-2022 à 07h00
D’un bout à l’autre, l’expo Photographies en guerre qui se tient aux
Invalides à Paris jusqu’au 24 juillet parvient à capter son spectateur jusqu’au bout.
Il y a d’abord la curiosité avec les premières images tirées du siège de Rome en 1849.Puis, ces moments plus récents qui ont marqué notre imaginaire avec la guerre en Syrie. Pourtant, il manque une pièce dans ce puzzle rassemblant les images, les témoignages visuels des grands conflits dont la médiatisation par l’image a aussi largement servi la propagande.
Inaugurée au début du mois d’avril, Photographies en guerre aurait pu (ou dû) trouver une place pour le conflit ukrainien qui restera une sale guerre que plusieurs générations ne pourront oublier. Il y a bien ces quelques clichés issus du premier conflit dans le Donbass entre 2014 et 2017 mais on aurait pu espérer que l’expo s’inscrive dans une immédiateté et une réactivité qui correspond bien à la photographie de guerre.

Photos développées sur le champ de guerre
Les premières images issues des conflits de la fin du XXIen’ont rien des images sur papier glacé des magazines emblématiques comme Paris Match , Life ou Newsweek .On apprend ainsi que les premières techniques à l’aide du calotype négatif sur papier ou du collodion humide nécessitaient un développement sur place grâce à un chariot labo.
L’expo nous emmène ainsi donc à la découverte des images – plutôt que de photos – de Stefano Lecci, identifié comme le premier photographe de guerre.
Au fil des clichés présentés, on progresse dans le temps dans les salles des Invalides qui est aussi le musée de l’armée. On arrive dans la période coloniale où les images permettaient aux militaires de garder un lien avec les proches bien loin des nouveaux territoires. Au début du XIXe, la photo de guerre devient aussi un support de propagande.La première guerre permet de découvrir les photographies aériennes facilitant les reconnaissances.Mais sur cette période 14-18, il existe pourtant assez peu d’images.
La Seconde guerre sera beaucoup plus médiatisée. Les images seront utilisées par Hitler pour sa propagande mais aussi pour occulter la barbarie nazie.Pourtant des photographes ont pu capter les charniers, les chambres à gaz, les camps de concentration: ces images serviront pour l’histoire et, plus tard, à tenter de faire taire les révisionnistes.
La photo prendra véritablement une place prépondérante dans la gestion des conflits avec le Vietnam.Le photojournalisme est alors à son apogée avec le développement d’agences comme Magnum, Gamma, Sygma…
Les nouvelles guerres: le terrorisme
Les dernières séries d’images accrochées aux murs des Invalides évoquent alors les guerres contemporaines au sein desquelles s’intègre le terrorisme. Les photos de Pierre Terdjam illustrent un conflit sanguinaire en République centrafricaine en 2013 mais aussi les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris.
La Syrie, les guerres asymétriques, les déplacements de réfugiés font partie des conflits sur lesquels les photographes d’aujourd’hui sont envoyés. Sans arme, pas de guerre: alors l’expo dévoile aussi des clichés de salons internationaux où les armes sont glorifiées avec cynisme.Le congrès de la NRA organisé dans la foulée de la tuerie de masse dans une école du Texas la semaine dernière est une illustration qui aurait pu trouver sa place au sein de cette exposition.
« Photographies en guerre», jusqu’au 24 juillet à Paris (Musée de l’Armée, aux Invalides)