Le Roi Louve (T.1) - Les nouveaux horizons de Denis Lapière
Le scénariste liégeois se lance dans une série d’aventure aux forts accents d’heroic fantasy. Et emmenée par des femmes qui, devenues… ovipares, ont pris le pouvoir.
Publié le 03-02-2022 à 08h00
Un univers médiéval aux accents fantastiques, une guerre de pouvoir, des zombies, et même un zeste de féminisme: pour un peu, on dirait que Denis Lapière et Émilie Alibert ont mélangé tous les ingrédients du moment pour imaginer Le Roi Louve, nouvelle série grand public estampillée Dupuis.
Le scénariste liégeois en rit volontiers: "Rien n'a été prémédité. Avec Émilie, on sortait de Rose (NDLR: une autre série Dupuis), et on avait envie d'autre chose. Notamment de parler des rapports entre hommes et femmes. Et on s'est dit que l'heroic fantasy était le genre idéal pour ça. C'est ainsi qu'on est arrivé dans ce monde peuplé d'insectes géants et de zombies – même si pour nous, ils sont plus que ça. Mais certainement pas par calcul. D'ailleurs, Émilie n'a jamais vu le moindre épisode de Game of Thrones (rires) ! "
Difficile d'accuser le duo de plagiat, donc. D'autant que s'il est aussi question d'œufs dans Le Roi Louve, ils n'ont pas été pondus par un dragon, mais par… des femmes. C'est que, dans ce monde-là, la gent féminine est devenue ovipare, avec son lot d'avantages: "C'est grâce à cette modification génétique qu'elles ont pu asservir les hommes et accéder au pouvoir, explique Denis Lapière. Puisqu'elles ne peuvent plus tomber enceintes, elles ne sont plus entravées par le fait de devoir porter la vie."
Mais cette indépendance nouvelle a un prix: pour garantir la paix entre leurs deux peuples, les Humaines doivent offrir, à chaque lune, deux de leurs œufs au peuple des Loups, qui en a besoin afin de permettre à leurs rejetons de choisir, à leur majorité, de devenir garçon ou fille. "Le vrai sujet de la série, c'est comment devenir soi-même sans être conditionné par ses choix ", avance l'auteur.
Avec la dialoguiste de... «Plus belle la vie»
Si elle se veut féministe, la série propose donc une analyse plus fine – et fun – des rapports entre sexes. "Le féminisme d'aujourd'hui mérite mieux qu'un bête renversement des rôles", soutient Denis Lapière qui, pour l'aider dans ce travail, a pu compter sur le soutien actif d'Émilie Alibert, sa coscénariste depuis deux séries et par ailleurs… directrice d'écriture de la série Plus belle la vie: "C'est un cadre très contraignant et la BD est, pour elle, est comme une respiration dans son travail d'écriture. Et moi, je profite de son incroyable talent pour les dialogues."
«Le Roi Louve», tome 1: «La rébellion de Petigré», Lapière/Alibert/Adriàn, Dupuis, 56 p., 14.50€.