Naudin, Rubio, De Jongh, Bourhis, etc.: nos 9 coups de cœur (ou de griffe) BD du 14 octobre

Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois, du swing, un gigolo et des chauffeurs de taxi. Entre autres plaisirs. Bonnes lectures.

Michaël Degré & Alexis Seny
Naudin, Rubio, De Jongh, Bourhis, etc.: nos 9 coups de cœur (ou de griffe) BD du 14 octobre
«Autopsie d’un imposteur», Delcourt, 2021. ©

1Enfances perdues

 Robinson
Robinson ©

Le résumé de l’éditeur

Une jeune capitaine de police, fraîchement nommée au sein de la brigade territoriale de protection de la famille, découvre un nouvel environnement professionnel où la lutte contre la maltraitance, le viol et la pédophilie rythme le quotidien des policiers.

Enquêter sur des affaires toutes plus sensibles les unes que les autres, braver les lourdeurs de l’administration tout en menant une vie de mère célibataire, c’est palpitant, mais on en sort rarement indemne…

Agnès Naudin, la co-scénariste de ce troublant roman graphique, fut, il y a peu, capitaine de police au sein de la brigade territoriale de protection de la famille. Forte de son expérience personnelle, elle nous livre un récit haletant qui nous plonge dans le monde des maltraitances familiales et de ceux qui les combattent.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): DUR

Après trois livres-témoignages, Agnès Naudin évoque cette fois son expérience au sein de la brigade de protection de la famille en bande dessinée. Moins de mots, donc, mais une réalité prégnante et des dossiers forts, qui marquent les esprits.

Un ouvrage dur, qui ne cède pas au voyeurisme pour autant, et appelle une suite… si le public répond présent.

+ À LIRE AUSSI | Les sales coulisses de la police

2Les Zazous (T.1)

 Glénat
Glénat ©

Le résumé de l’éditeur

En 1940, Paris est occupé. Les nazis instaurent en ville un climat de terreur, diffusent la haine et s’attaquent au moindre espace de liberté, allant jusqu’à interdire les soirées jazz et la mode flashy. Fred observe la capitale pleurer mais ne ressent rien. C’est un réfugié espagnol, gamin des rues, ce pays ne lui a jamais rien apporté. Il n’a que la survie de sa sœur en tête.

Pour l’argent, il devient indic et infiltre un groupe qu’on suspecte d’être lié à la résistance: les zazous. Ce sont des danseurs, des musiciens, des rebelles dans l’âme qui rejettent l’autorité par amour du défi et esprit de contradiction. Au contact de ces intelligences vives et de ces passionnés extravagants, Fred va changer…

La jolie Willa n’y est certainement pas pour rien, mais c’est aussi une nouvelle famille qu’il s’est trouvée. Pourtant, dans un tel contexte guerrier, le batifolage et la frivolité devront bientôt faire face à la cruelle réalité.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): ENFLAMMÉ

Dans le Paris de 1940, la jeunesse en swinguant sur des airs interdits. Fred, pickpocket pris la main dans le sac, est contraint d’infiltrer ce milieu coloré par la police. Mais il se prend d’affection pour ses amis zazous… et la belle Willa.

Une approche inédite et réussie de l’Occupation.

3Autopsie d'un imposteur

 Delcourt
Delcourt ©

Le résumé de l’éditeur

Un polar qui se déroule dans les années 50, à Bruxelles, capitale défigurée par les travaux de L’Exposition Universelle. Un polar existentiel entre un maquereau citant Shakespeare et un héros cherchant à trouver coûte que coûte sa place dans un monde trop moderne pour lui.

Un polar où il sera question de prostitution estudiantine, de vieilles bourgeoises, de pieds humains congelés et de jolies indics…

Notre avis en un mot (puis quelques autres): ILLUSIONS

«Bouseux» monté à Bruxelles pour devenir avocat, Louis s’y improvise gigolo pour payer ses études. Mais la place dont il rêve au cœur de cette société aisée de 1957 vaut-elle pareil sacrifice?

Pour sa sixième collaboration, le duo Zabus-Campi fait merveille avec un personnage dont la trajectoire n'est pas sans rappeler celle de Lucien, le jeune provincial des Illusions perdues de Balzac.

Zabus, au scénario, lui apporte toutefois une bonne dose de modernité en faisant dialoguer le narrateur et son héros.

4Taxi!

 La Boîte à Bulles
La Boîte à Bulles ©

Le résumé de l’éditeur

Qu’elle soit à Los Angeles, Paris, Jakarta ou Washington, Aimée est fréquemment amenée à se déplacer en taxi. Comme elle l’explique aux chauffeurs, elle n’a pas de permis de conduire, elle qui vient des Pays-Bas et qui, comme beaucoup de Néerlandais, se déplace essentiellement à vélo.

Dans «Taxi!», la jeune autrice se met en images au cours de quatre courses qui l’ont marquée. Quatre trajets qui ont constitué autant de rencontres avec des chauffeurs qui, s’ils semblent au premier coup d’œil bien différents, partagent de nombreux points communs, à commencer par leur amour du football et leur admiration pour le joueur néerlandais Johan Cruijff dont ils déclament le nom, à peine Aimée a-t-elle mentionné son pays d’origine…

Notre avis en un mot (puis quelques autres): AMUSANT

Aimée De Jongh, l’autrice de Jours de sable, compile, dans ce roman graphique nerveux, toutes les rencontres faites… depuis la banquette arrière des taxis qu’elle a régulièrement empruntés, que ce soit à Paris, New York ou Djarkarta.

C’est un peu (trop) vite lu, mais bien plus fun qu’un trajet en Uber.

5L'adoption (T.3)

 Bamboo
Bamboo ©

Le résumé de l’éditeur

Originaire du Yémen, Wajdi a grandi dans l’horreur de la guerre. Une enfance brisée par les combats, les privations, les souffrances. Après de longs mois d’attente, Gaëlle et Romain accueillent enfin Wajdi chez eux.

Méfiant, endurci par la force des choses et ne parlant pas un mot de français, l’enfant de 10 ans s’effraie des moindres bruits du quotidien et interprète mal les gestes les plus simples.

Les heureux parents adoptifs vont être très vite confrontés aux premiers «non», aux premiers troubles de l’adolescence et aux premières rébellions. Wajdi a connu le pire, il va lui falloir du temps avant d’en accepter le meilleur.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): RETOUR

Comme avec La peau de l’ours, ZIdrou offre un deuxième cycle inattendu à cette belle série centrée sur l’adoption. Avec, cette fois, l’irruption d’un petit Yéménite dans une famille bourgeoise française bourrée de bonnes intentions – et on sait ce qu’on dit à ce sujet…

Un très joli retour.

6Animal social club

 Dargaud
Dargaud ©

Le résumé de l’éditeur

Thomas et Karine, un couple de bobos parisiens scénaristes pour le cinéma, tentent de monter un film bankable après la pandémie de Covid-19.

À l’affiche de ce projet, un producteur trop bronzé, un réalisateur octogénaire qui sucre les fraises, un jeune youtubeur à trois millions d’abonnés dans le rôle-titre et une actrice légendaire des années 1960, aussi capricieuse qu’alcoolique!

Notre avis en un mot (puis quelques autres): JUBILATOIRE

Entre deux confinements, un couple de producteurs plus (ou moins) fidèles doit boucler le casting d’une comédie populaire.

Le temps presse, mais les caprices des stars sont éternels. Et la façon dont Bourhis se moque ici du milieu du cinéma absolument jubilatoire.

7Genius

 Glénat
Glénat ©

Le résumé de l’éditeur

Dans un futur proche, les androïdes sont entrés dans les foyers et peuplent notre quotidien. Dans ce monde, Max, 12 ans, est un jeune adolescent solitaire qui a du mal à se faire des copains.

Son père est très accaparé par son travail, il est souvent absent et culpabilise de laisser son garçon seul à la maison. Max a toujours aimé les robots, et adore observer les étoiles. Son père lui offre un jour ce qu’il pense être le cadeau idéal: Genius, un androïde dernière génération.

Max est d’abord réticent et boude son cadeau avant d’être surpris par la gentillesse de ce jouet ultra-sophistiqué.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): BIZARRE

Un père inquiet de la solitude de son fils lui achète le tout nouveau modèle de droïde. Un «ami» rapidement encombrant pour l’un et l’autre…

On ne comprend pas trop où l’auteur, qui a bizarrement charpenté ce récit en historiettes sans vraies chutes, veut en venir avec cette chronique familiale SF.

8Sa majesté mon chat

 Kennes
Kennes ©

Le résumé de l’éditeur

Tout allait pour le mieux pour Minou: il possédait une jolie maison avec un salon douillet et Jean, son humain domestique entièrement à son service, répondait à tous ses besoins royaux.

Mais sa vie bascule lorsque Jean ramène une petite amie à la maison et délaisse son majestueux matou…

Face à cet outrage, Minou n’a pas miaulé son dernier mot…

Notre avis en un mot (puis quelques autres): GRIFFÉ

Bien des années après Billy The Cat, Desberg retrouve l’univers des chats et livre, en compagnie d’Anna Talaï, l’autofiction dictatoriale du sien, d’histoires courtes en longue Histoire de la conquête du monde par ces félins.

Un album à l’italienne, fun et beau, qui sort du lot, toutes griffes dehors.

9Renault, les mains noires

 Le Lombard
Le Lombard ©

Le résumé de l’éditeur

Depuis le petit atelier au fond du jardin où il bricolait ses premiers moteurs, jusqu’à la création d’un empire si puissant qu’on disait de lui que toute la France s’enrhumait quand son usine toussait, Louis Renault a traversé son époque comme un bolide.

Revenir sur la vie de Renault, c’est s’intéresser à la première moitié du XIXe siècle. Cinquante années d’une transformation fulgurante du monde, propulsée par un progrès qui ne veut croire en aucune limite.

Mais aussi cinquante années tourmentées de conflits idéologiques majeurs, jalonnées de deux guerres mondiales. Si la première va mener Renault au sommet, la seconde précipitera sa chute. Inventeur, visionnaire, pilote, businessman…

On connaît sa signature, reste à découvrir l’homme.

Notre avis en un mot (puis quelques autres): NOYÉ

Évadé de Michel Vaillant pour prendre le volant d’un dessin plus à lui, Bénéteau fait équipe avec le novice Lapasset pour raconter le destin du pionnier Louis Renault.

De la tôle qui brille aux «cadavres» dans le coffre. Le moteur, lui, est noyé de texte.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...