Dans le sillage de Stevenson
Le duo Royer-Grolleau a tenté de résumer la vie de Robert Louis Stevenson. Il a évidemment échoué, et c’est très bien ainsi.
Publié le 23-09-2021 à 07h00
Et dire qu’il n’a vécu que 44 petites années… Robert Louis Stevenson a pourtant vécu mille vies, que ne peuvent contenir les 200 pages d’un album, aussi palpitant et magnifique soit-il.
Ce défi fou, voire impossible, Fabien Grolleau et Jérémie Royer l'ont pourtant relevé, forts de leurs deux biographies précédentes, consacrées à l'ornithologie américain John James Audubon et au naturaliste anglais Charles Darwin, lesquelles composent aujourd'hui, avec le nouveau venu, intitulé L'étrange voyage de R.L. Stevenson, une trilogie mêlant avec appétit science et aventure.
On voulait que le lecteur s’amuse autant que dans ses romans, qui restent d’une incroyable modernité.
Mais revenons à Stevenson, donc. Un homme que son père destinait à construire… des phares, et donc à des études d'ingénieur, mais que sa curiosité naturelle conduisit à parcourir le vaste monde à la recherche de nourriture pour une imagination galopante, qui le conduira à écrire quelques-uns des romans les plus lus (et adaptés) de son époque, à l'instar de L'île au trésor ou de Dr. Jekyll et M. Hyde. Bref, un homme qui débordait. «C'est vrai, confirme Jérémie Royer, le dessinateur, que résumer une telle existence en un seul livre est une idée un peu dingue. D'ailleurs, même Michel Le Bris, le romancier qui fut son biographe le plus connu (NDLR: et décédé en janvier dernier), n'est guère parvenu à traiter plus d'un quart de sa vie. C'est pourquoi, avec Fabien, nous avons choisi de n'en choisir que les épisodes que nous trouvions les plus palpitants, et qui parleraient aux lecteurs.»
Amoureux d’une femme mariée
L’ouvrage, qui ne verse pas dans le biopic bêtement chronologique, est d’ailleurs un feu d’artifice, qui montre Stevenson dans toute sa complexité: tantôt en Écosse, dans son Édimbourg natale, tantôt en Amérique, tantôt aux Samoa, où il finira sa vie.
Autant de périples qui ont nourri son véritable voyage, plus intérieur. Et une folie douce qui le conduisit, aussi, à casser les codes de l'époque, comme lorsqu'il s'enticha d'une femme mariée et plus âgée que lui… qui fut pourtant l'amour de sa vie. «On voulait, insiste Jérémie Royer, un Français de 42 ans qui a voyagé un peu moins loin que son sujet, pour poser ses pénates à Bruxelles, où il a étudié le dessin, que le lecteur s'amuse autant que dans les romans de Stevenson, qui sont toujours d'une incroyable modernité. D'apporter du rire et de l'imagination.» Mission accomplie.
Dargaud «L’étrange voyage de R.L. Stevenson», Grolleau/Royer, 200 p., 25€.