INTERVIEW | Måneskin, le monde après l’Eurovision
Après l’Eurovision, Måneskin est prêt à conquérir le monde. Il fallait être à Ronquières pour prendre la mesure de ce phénomène rock.
Publié le 15-08-2021 à 20h03
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C’était leur seul rendez-vous avec le public belge: Måneskin, phénomène rock italien, a rencontré la presse belge après avoir mis le feu à Ronquières face à un public entièrement acquis à sa cause. Les quatre jeunes membres du groupe n’en reviennent toujours pas de l’accueil de Ronquières et parlent ouvertement de leur parcours, du chemin accompli mais aussi de tolérance et de rock’n’roll. Rencontre avec le chanteur Damiano David et le batteur Ethan Torchio.
Partout où vous passez, la foule est au rendez-vous. Vous attendiez-vous à un tel accueil du public belge?
D.D.: On ne sait jamais à quoi nous attendre mais, lors du sound check, nous avons ressenti toute cette énergie et nous avons compris que ça allait être incroyable. Être sur scène, c’est un échange: si le public ne capte pas votre énergie, il ne peut pas vous la renvoyer et, à l’inverse, s’il ne nous en donne pas, on est moins bons.
Et sur scène, c’est formidable de vous voir prendre autant de plaisir, tous les quatre.
Oui, c’était très amusant. On a pris beaucoup de plaisir mais pour nous c’est juste comme si nous traînions ensemble. C’est tout le temps comme ça (rires).
Vous travaillez depuis des années pour y arriver. C’est une petite revanche par rapport à ceux qui ne croyaient pas en vous?
Ce n’est pas une revanche. Disons que nous sommes vraiment heureux de profiter aujourd’hui du public et que les efforts et les sacrifices finissent par payer. Mais nous n’avons de revanche à prendre sur personne.
Vous travaillez déjà sur le prochain album… Que pouvez-vous en dire?
Mmmh, on ne va rien dévoiler pour le moment mais quelque chose va bientôt arriver.
Comment travaillez-vous? Damiano, vous écrivez les paroles et les autres écrivent la musique?
C’est plus hasardeux que ça. J’écris les paroles et ils jouent la musique parce que je ne sais jouer d’aucun instrument et qu’ils ne savent pas écrire (rires)! Mais nous partageons toujours tout: on travaille la musique ensemble, j’écris les textes et puis nous y regardons tous. On recherche ensemble la phrase iconique qui va rendre le texte meilleur parce que, finalement, quatre cerveaux valent mieux qu’un!
Nous n’avons pas de plan. On verra où la musique nous amène. On veut continuer à s’éclater sur scène
Vos textes parlent de dépression, de sexe, de genres… Ils expriment les angoisses de toute une génération.
Ça parle de la vie, de la nôtre vie et de ce qui nous entoure. On partage juste nos expériences. Finalement, c’est ça être un artiste. Que ça soit à travers la musique, la peinture, la photographie… C’est partager des émotions, des doutes, des expériences.
Votre public réagit-il à vos textes?
E.T.: Oui, nous recevons beaucoup de messages, certains très touchants, disant que nous avons aidé certains à faire leur coming-out auprès de leurs parents ou à traverser des moments difficiles. Ça n’a pas de prix parce que ça va bien au-delà de la musique.
Vous utilisez énormément les réseaux sociaux mais mettez aussi votre public en garde. Comment joue-t-on sur les deux tableaux?
Les réseaux sociaux sont à la fois effrayants et fascinants. J’ai été moi-même la cible de propos haineux et ce n’est pas un problème si quelqu’un n’aime pas ce que je suis ou ce que je fais mais il y a une façon appropriée de le dire. C’est pour ça que je pense qu’il faudrait éduquer les enfants aux réseaux sociaux à l’école parce qu’ils font désormais partie de nos vies. Les réseaux peuvent causer tellement de dégâts qu’il faut préparer les enfants à la bonne façon de les utiliser. Parce que si vous les utilisez correctement, ils peuvent vous permettre tellement de choses et d’atteindre tellement de monde.