Le Huche, Carrion, Lou Lubie, etc.: nos 11 coups de cœur (ou de griffe) BD du 18 mars
Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois, les Beatles forever, un fanfaron norvégien et un Empereur qui sourit. Entre autres. Bonnes lectures.
Michaël Degré- Publié le 18-03-2021 à 08h00
:focal(368.5x254:378.5x244)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JPGLZCJZLFAYJKGCPXUWWPWV7U.jpg)
1Nowhere Girl

Le résumé de l’éditeur
Magali a 11 ans. Elle aime les Beatles, dans la catégorie «passionnément» ou «à la folie». Ce qu’elle aime moins, c’est l’école, surtout depuis qu’elle est au collège.
Elle qui pensait être une élève comme les autres éprouve soudainement une peur panique à l’idée d’aller au collège.
Telle une «Alice au pays des merveilles», elle se réfugie alors dans l’univers parallèle des Beatles nourri de leur musique et de couleurs éclatantes.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): COLORÉ
Magali Le Huche aborde la phobie scolaire par le prisme des Beatles. Ou l’inverse, on ne sait plus très bien.
Mais ce n’est pas grave, parce que c’est du vécu, et que c’est donc très authentique. Une belle tranche de vie so nineties.
+ À LIRE AUSSI | Magali, in the sky with The Beatles
2Peer Gynt

Le résumé de l’éditeur
Peer Gynt est l’adaptation en deux tomes d’une pièce de théâtre d’Henrik Ibsen. Cet opus adapte les actes I, II et III, le second, les actes IV et V.
Antoine Carrion propose une relecture inspirée par le romantisme du XIXe siècle afin d’en épouser les reliefs dramatiques. Peer Gynt se rêve empereur, faisant le tour du monde. Des ambitions loin de son quotidien de paysan. Mais tout a un prix…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): ÉTRANGE
Gamin génial ou attardé, selon les points de vue, Peer Gynt se rêve grand, mais est rejeté par son village pour ses bizarreries.
Un conte désarçonnant, sur fond de satire sociale, adapté d’une pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen. Beau, mais étrange.
3Seidou

Le résumé de l’éditeur
Il s’appelle Seidou. Pour sauver sa peau, il a quitté son pays, la Guinée.
À 33 ans, il n’avait jamais quitté son pays et n’envisageait pas de le faire. Après des études supérieures et avec un bon boulot d’agent commercial en poche, il vivait heureux, à l’aise financièrement.
Mais après les élections présidentielles et les persécutions dont furent victimes les Peuls, il devient l’un des meneurs d’un mouvement de protestation violemment réprimé par le pouvoir. Il apprend qu’il est devenu un homme à abattre et décide donc de s’enfuir. Il pense partir pour à Bamako, attendre que les choses se tassent puis rentrer. Mais les choses ne se passent pas comme prévu… Niger, Libye, Sicile… le parcours est tristement classique. Sur le sol européen, c’est une autre épopée qui débute, souvent passée sous silence, celle de la demande d’asile.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): PERTURBANT (et c’est bien)
Bétaucourt et Vidal offrent une œuvre sagace, forte et terriblement juste sur le parcours devenu tristement classique d’un migrant.
Une excellente façon d’appréhender la thématique avec cette lecture qui en ébranlera plus d’un.
4L'homme de la situation

Le résumé de l’éditeur
Manu, 36 ans, instituteur investi et apprécié, a toujours assumé avec détermination son rôle d’homme fort et protecteur. C’est pourquoi, lorsque ce schéma est remis en question par sa compagne qui le quitte, puis par son employeur qui lui préfère une femme au nom de la parité, il commence à perdre pied. Mais comment exprimer sa détresse quand on a appris à ne jamais se plaindre?
Frustré, Manu se raccroche à une fratrie de sept enfants déscolarisés, pour laquelle il va jouer le rôle de père tutélaire. Alors qu’il tente de les aider à surmonter leurs handicaps physiques, mentaux ou sociaux, il se laisse peu à peu happer par cette famille particulière. Ainsi s’amorce une longue descente au cœur de ses pires angoisses…
Dans une société qui évolue pour devenir de plus en plus inclusive, où les rôles traditionnels dévolus à chaque genre sont battus en brèche, quelle est la nouvelle place des hommes?
Notre avis en un mot (puis quelques autres): SURPRENANT
Manu ne compte pas ses heures pour instruire une jeune ado défavorisée. Mais elle l’aime et la leçon particulière tourne à l’horreur: le prof se retrouve piégé par une fratrie tyrannique, au sein d’un hôtel qui… n’existe pas.
Un récit surprenant et passionnant.
5L'immortalité

Le résumé de l’éditeur
Cette quête du Graal a une histoire millénaire: les sectes gnostiques, les alchimistes, les scientistes et même les eugénistes ont été les premiers à tenter d’accéder à l’immortalité. Ils ont entrepris des expériences visant à augmenter les capacités biologiques des êtres humains.
Au XXe siècle, les révolutions technologiques, informatiques et numériques ont décuplé les possibilités de faire un jour advenir un «transhumain». Vaincre la maladie, la vieillesse, la mort, n’est plus une chimère.
De Léonard de Vinci à Google en passant par Paracelse, Teilhard de Chardin ou l’homme nouveau soviétique, cette BD document nous raconte l’histoire méconnue de ceux qui, inlassablement, ont cherché à transcender la nature humaine.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): ASSOMMANT
Bercovici a trouvé le filon. Pour son énième album de vulgarisation, avec Simmat, il raconte l’épopée du transhumanisme.
Pas de quoi réveiller un mort pour autant, le récit est scolaire et assommant. Puis, dans ce registre, la marque Berco lasse un peu.
6Le tambour de la Moskova

Le résumé de l’éditeur
Vincent en est sûr: l’Empereur lui a souri. Tout le monde lui sourit, d’ailleurs.
Avec sa frimousse d’ange, le jeune tambour est la seule lueur d’espoir qui subsiste dans l’univers absurde de la désastreuse campagne de Russie menée par Napoléon.
Un dernier reste d’innocence, choyé et protégé par son entourage, à l’heure où la plus grande armée que le monde ait jamais connue continue de marcher à sa perte.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): ABSURDE
Hussards d’un côté, cosaques de l’autre avec, au milieu, Vincent Bosse, tambour de l’empereur.
Dans cet inattendu spin-off graphique de Guerre et Paix de Tolstoï, Spruyt s’interroge sur l’innocence de l’homme dans l’absurdité de la guerre.
7Leonard Cohen

Le résumé de l’éditeur
Véritable légende dans son pays, le Canadien Leonard Cohen (1934-2016) a marqué la musique du XXe siècle par la beauté de ses compositions.
On reconnaît Cohen à son timbre chaud et à la douceur mélancolique de ses chansons, souvent écrites en hommage aux femmes qu’il a aimées: Suzanne, Marianne, d’autres encore…
Dans cette biographie, le lecteur traverse par flash-back la vie d’un artiste remarquable, avec ses coups de génie (le morceau «Hallelujah», dont les reprises ont parfois éclipsé l’original) et ses coups du sort (la perte des droits de «Suzanne», les manœuvres d’agents indélicats…), croisant au passage Janis Joplin, Lou Reed ou Phil Spector…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): APPÉTISSANT
Raconter la vie, les succès et les déboires de la plus grande voix du Canada: audacieux mais trop ambitieux, le projet de Girard offre un trop rapide survol de la légende.
On ingurgite trois bouteilles là où on aurait aimé savourer un (grand) verre.
8Lynchages ordinaires

Le résumé de l’éditeur
Après une rupture, Johan part au Brésil pour se déconnecter de sa vie en France et des réseaux sociaux, qui occupent une grande place dans sa vie de militant.
Sur place, il découvre Rio et son carnaval, la fête, les costumes mais aussi un aspect plus sombre du quotidien brésilien: les lynchages. Pris dans l’euphorie de la foule, il assiste au passage à tabac d’un homme que les «justiciers» présentent comme un voleur.
Tous deux seront secourus par Marcela, militante contre les lynchages publics. Johan se lie d’amitié avec elle et découvre à ses côtés la terrible réalité d’un pays où, par manque de confiance à l’égard des autorités, certains ont choisi de faire justice eux-mêmes…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): POPULAIRE
Un Français découvre la culture du lynchage au Brésil.
Un récit troublant sur la justice populaire, à mettre en parallèle avec l’affaire du cycliste des Fagnes et autres dérapages des réseaux sociaux.
9Poussière (T.3)

Le résumé de l’éditeur
Alors que les cyclopes sèment le chaos sur Terre, sur Alta, la reine Kiba et le professeur Nansen, aidés par la mystérieuse organisation des Merles, cherchent toujours à briser le lien entre les deux mondes et à empêcher la guerre menée par Rachel et Valéria.
Poussière réussira-t-elle à convaincre sa sœur Ayame d’apaiser la colère des géants altiens et mettre ainsi fin au conflit?
Notre avis en un mot (puis quelques autres): RÉFLEXIF (on voulait le placer)
La Terre s’est liée à une planète lointaine. Les actes malsains de l’homme s’y répercutent désormais. Ni vu ni pris? Pas sûr: en échange, des géants saccagent notre monde.
L’acte final spectaculaire et réflexif d’un space opera environnemental et audacieux.
10Tavutatêt (T.1)

Le résumé de l’éditeur
Être une momie exposée dans un musée, c’est amusant tant qu’il y a des enfants à qui sourire pendant la journée. Mais au fil des années, plus personne ne visite l’endroit. Et Tâvutatèt s’ennuie.
Plutôt que d’attendre la venue de nouveaux touristes, elle rêve de découvrir le monde avec Képabèt, sa loutre et meilleure amie. Si seulement elle pouvait ne plus avoir à dormir dans ce vieux sarcophage, son lit depuis des siècles… Mais sa mère, célèbre pharaonne, lui a formellement interdit de mettre un pied dehors: il ne faudrait pas que les humains découvrent que la princesse Tâvutatèt est bien vivante!
Pourtant, un soir, cette même maman vient la chercher pour s’enfuir. L’inquiétude au fond du regard, l’ancienne Souveraine annonce à sa fille la fermeture imminente du musée et l’arrivée de «Mowlausses», un mystérieux groupe, dont la mission consiste à exterminer les êtres surnaturels.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): SYMPA
Fille d’une célèbre pharaonne, Tavutatèt se morfond dans son musée depuis des lustres. Mais ça ne va pas durer…
Une BD sympa pour la jeunesse, qui manque un peu d’une mise en contexte initiale.
11Middlewest (T.2)

Le résumé de l’éditeur
Pour sauver sa peau, Abel n’avait qu’une seule solution: fuir la toxicité de Dale, son père. Mais tourner le dos à son passé n’était que la première épreuve d’un long et périlleux voyage.
Le mal qui ronge le garçon semble si intense que même l’aide apportée au détour du chemin ne semble pas suffire à apaiser ses démons. Seule la stabilité offerte par les forains de la Hurst Family lui laisse entrevoir le bonheur car, pour la première fois de sa vie, Abel se sent aimé par cette famille d’adoption. Un sentiment inédit, puissant, à l’image de la colère qui anime toujours son père, furieux d’avoir vu son autorité remise en question.
La traque a commencé, et le spectre de Dale se rapproche dangereusement.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): INITIATIQUE
Prix jeunesse à Angoulême, l’univers de Scottie Young et Jorge Corona s’enfonce un peu plus dans la noirceur.
Dans ce drame fantastique et initiatique, les deux auteurs nous régalent, tout en magnifiant à la fois les plus belles et laides émotions.