«En thérapie» - Une analyse très française
Éric Tolédano et Olivier Nakache («Intouchables») signent leur première série, une adaptation d’un concept israélien déjà adapté dans 17 pays.
Publié le 03-02-2021 à 07h00
La transition numérique opérée par Arte est un modèle du genre. Et la plateforme en ligne de la chaîne franco-allemande regorge de pépites au rang desquelles il faut ajouter, depuis le 28 janvier, En thérapie, une série événement puisqu'elle est la première réalisée par le duo Toledano-Nakache, celui à qui on doit – entre autres moments de bonheur – les films Intouchables et Le sens de la vie.
En moins d'une semaine, et avant même sa diffusion sur l'antenne «linéaire» de la chaîne, qui débutera ce jeudi 4 février (nous y reviendrons dans notre édition du même jour), la série a déjà fait l'objet de 3,2 millions de téléchargements. Une performance qui en dit long, aussi, sur les attentes du public à l'égard de cette adaptation d'un concept israélien né, il y a 15 ans, sous la houlette de Hagai Levi et intitulé, alors, BeTipul. Il se veut plutôt facile à résumer: un psy reçoit, dans son cabinet, plusieurs patients, dont on suit la progression de séance en séance.
Un concept décliné dans 17 pays
Décliné dans 17 pays, il a donné, côté américain, In Treatment, avec Gabriel Byrne dans le rôle du thérapeute, de 2008 à 2010, pour un total de trois saisons. Dix ans plus tard, Éric Tolédano et Olivier Nakache, notamment aidés par Pierre Salvadori à la réalisation, en livrent donc une version française qui, fort heureusement, ne sent pas le rance.
Car, intelligemment, et afin d'éviter redites et comparaisons, les coréalisateurs ont noyauté le propos d'En thérapie autour d'un événement qui a traumatisé la France entière: les attentats dits «du Bataclan», survenus dans la soirée du 13 novembre 2015.
C’est cette fois le formidable et trop rare Frédéric Pierrot, jusqu’alors éternel second rôle du cinéma français, qui incarne l’analyste à l’œuvre: sur le cuir de son canapé, il reçoit une chirurgienne marquée à vie par cette nuit d’horreur, un flic de la BRI (la brigade de recherche et d’intervention, l’ex-antigang français) intervenu sur les lieux du drame, une adolescente blessée dans d’étranges circonstances et un couple en attente d’un enfant.
Au-delà d’un travail de documentation que l’on pressent minutieux et abondant, et d’une brochette d’interprètes fantastiques, la force de la série (qui est aussi un huis clos, vous l’aurez deviné) est d’aller au-delà des événements de ce vendredi noir, pour transcender des questions et émotions humaines existentielles. C’est simple: on n’avait rien vu de plus intelligent depuis longtemps. Côté face, et c’est son principe qui l’exige, elle est aussi extrêmement bavarde. Ce que rend plus précieux encore son format très court: 25 minutes par épisode, grosso modo, pour un total de 35 épisodes. Bonne analyse.
Arte.tv Série d’Éric Tolédano & Olivier Nakache. Avec Mélanie Thierry, Reda Kateb et Carole Bouquet (35 épisodes de 21 à 30 minutes).