À pieds joints dans les clichés
Avant même sa sortie, la nouvelle comédie de Philippe de Chauveron suscite la polémique. En cause: l’image qu’elle donne de la communauté rom. Il se défend.
Publié le 04-04-2017 à 07h51
Après Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? et ses douze millions d'entrées, Philippe de Chauveron et Christian Clavier récidivent avec À bras ouverts. Une comédie sortie du même moule, qui prend pour victime la communauté rom et troque la droite provinciale pour la gauche parisienne. Christian Clavier incarne cette fois Jean-Étienne Fougerole, un intellectuel humaniste qui, après un débat télévisé, se voit forcé d'accueillir une famille de Roms. Lesquels deviennent rapidement très envahissants.
Les Roms putois
Dès la sortie de la bande-annonce, la polémique a enflé. En cause, une représentation caricaturale de cette population, déjà fortement stigmatisée. Les Roms sont ainsi montrés comme des êtres laids et puants. Sympathiques, mais complètement arriérés. Des clichés que le réalisateur a voulu renverser, selon Christian Clavier: «Plus on fait rire, plus on prend de la distance par rapport à ces clichés et ces postures et plus on fait avancer les choses. »
Et de poursuivre en citant comme exemple le film précédent. «Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? a été critiqué, surtout au début, mais il a fait beaucoup pour le mariage mixte et celui-là fera, je pense, beaucoup pour l'acceptation des uns et des autres dans nos différences.» Reste, sans trop en dévoiler, que les Fougerole ne sont jamais très enthousiastes à l'idée de lier leur destin à ceux de la famille de Babik. Ils sont gentils, mais faut pas pousser quoi.
Tous logés à la même enseigne
Autre argument, pour Philippe de Chauveron et Christian Clavier: À bras ouverts pose un regard bienveillant sur le clan Babik: «Si on est sincère avec les personnages et qu'on donne leur chance, à chacun on ne tombe pas dans la moquerie et on reste dans le juste ton», se défend l'acteur. «On rit de tout le monde, avec tout le monde, renchérit le réalisateur. Dans le premier film, on s'est moqués de la droite provinciale française et ici on se moque de la gauche parisienne. »
Certes, cet ersatz de Bernard Henri-Levy en prend pour son grade. À la différence près que, dans la vraie vie, ledit intellectuel ne risque pas de se faire expulser faute de papiers en ordre, lui.
Enfin, les deux hommes se justifient en invoquant Sorin, un membre important de la communauté rom qui a officié comme conseiller sur le plateau. De même que la famille, incarnée par des comédiens roumains, à l'exception du chef de clan, Ary Abittan: «On faisait toujours très attention, on n'était pas là pour stigmatiser. On s'amusait de la situation, ils se sont régalés et nous ont beaucoup apporté », avance Clavier. Et de terminer par l'argument de la comédie qui «oblige à forcer le trait ». Jusqu'à leur faire bouffer des hérissons crus dans un style proche des moyenâgeux Visiteurs…