Laurence Vielle, poétesse nationale: «Pas choisie par le roi!»
C’est aujourd’hui que le poète national, Charles Ducal, cède le flambeau.À l’homme de Flandre succède une femme, francophone: Laurence Vielle.
Publié le 27-01-2016 à 08h13
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Baptême du feu ce matin pour Laurence Vielle dans les journaux De Morgen, Grenz Echo et L'Avenir. La nouvelle poétesse nationale va succéder, pour deux ans, à Charles Ducal, le premier poète national.
Comment devient-on poétesse nationale?
On n’est pas choisi par le roi (rires)! Je suis dans le monde de la poésie depuis toujours. Mais pour moi, il est indissociable de l’oralité. Je dis les mots. J’ai donc eu un double parcours, la philo romane et des études théâtrales. J’ai rencontré Charles Ducal, le premier poète national voici un peu plus d’un an et demi lors d’un festival de poésie à Anvers. Nous nous sommes directement bien entendus. Il y a un contraste intéressant entre nos poésies. Lui, plus classique et moi plus exubérante… Et il y a un an, on m’a demandé si j’accepterais de devenir poétesse nationale en janvier 2016.
On ne pose donc pas sa candidature?
Non, ce sont les maisons de poésie (voir ci-dessous) qui choisissent. Pendant un an, j’ai été l’ambassadrice de Charles en région francophone. Et lui va devenir, pour un an également, mon ambassadeur en Flandre.
Parce que la poésie ne connaît pas de frontières?
Elle les traverse. Nous voulons montrer que les différences linguistiques ne sont pas un problème. Qu’elles enrichissent les gens et permettent aux publics de se rencontrer. Nous voulons aussi lutter contre la morosité ambiante. Nous emparer de l’actualité et réagir avec un regard de poète sur ce qui touche les gens. Le dernier poème de Charles parlait des migrants. Mon prochain et second évoquera la sécurité…
Le poète national c’est d’abord une présence dans la presse des trois communautés du pays mais pas que…
Nous avons, avec les associations responsables, deux grands projets. Le premier serait d'éditer un Belgium bordelio pour les enfants. Le Belgium bordelio est une grosse anthologie bilingue de la poésie belge. Trente poètes belges actuels y sont traduits dans les deux langues. Mais c'est destiné aux adultes. Nous voudrions publier une version dans laquelle les écoliers de Belgique retrouveraient les poètes qui habitent le pays, dans toutes les langues. Qu'ils puissent apprendre la poésie par cœur. C'est un magnifique moyen aussi de découvrir et d'étudier d'autres langues…
Vous avez aussi un projet pour les jeunes?
Oui, aujourd’hui lors de la passation de témoin entre Charles et moi-même, un concours du «Jeune poète national francophone et néerlandophone» va être lancé. C’est une première. L’élection aura lieu au mois de mai prochain.
Pour vous, la poésie c’est indispensable dans la vie quotidienne?
Bien sûr et il faut absolument redonner une visibilité à la poésie. Elle réenchante le monde au sens profond du terme. Elle remet la langue en mouvement. C’est comme une force sismique qui secoue et renverse. J’y crois de toutes mes forces.
Votre premier poème évoque le train, pourquoi?
Le train, c’est un mouvement qui nous traverse et nous relie. Il charge toutes sortes de gens, on y parle toutes les langues. Le train a quelque chose à voir avec la Vie, avec un grand «V»!