Le capitaine Dujardin reste à la barre
Reconduit pour six ans à la barre de la plus grosse institution culturelle de l’État, Paul Dujardin n’en finit pas de relever des défis.
Publié le 25-03-2014 à 06h00
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Le vaisseau est énorme, 33 000 m2 au cœur de Bruxelles mais le capitaine est loin d’être fatigué. Après deux mandats de six ans, Paul Dujardin, directeur du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles reprend le gouvernail pour un nouveau bail de six ans.
En 12 ans vous avez profondément transformé ce qui s’appelle désormais Bozar?
J’avais trois grands chantiers à mener. D’abord en matière de gouvernance. On ne fait pas de projets sans femmes et sans hommes. J’ai dû recréer une équipe avec toutes les sociétés qui forment Bozar. Ensuite, il fallait réorganiser le bâtiment et le sécuriser. Pour le public, le personnel mais aussi les œuvres d’art exposées. On a sorti les marchands du temple. On a aussi déménagé les services administratifs. Et technologiquement, on a fait, en dix ans, un bon énorme. Avant j’appuyais sur on et of. Notre dernier appel d’offres technologique avait la taille d’un bouquin! Enfin, il fallait fédérer les différentes instances culturelles qui gravitaient autour du Palais des Beaux-Arts. Et de promoteur devenir producteur. Nous avons 250 partenaires et nous travaillons généralement à 4 ou 5 sur chaque projet, que ce soit au plan local, national, européen ou international.
Et les résultats sont là?
En 2002, l’institution recevait 3,5 millions d’euros de subsides de l’État et rien que les frais de fonctionnement s’élevaient à 10,7 millions, en dehors des activités artistiques. Dix ans après, nous avons investi 60 millions et le Palais coûte plus cher, entre 17 et 18 millions par an y compris nos frais d’amortissement mais nos activités culturelles rapportent désormais 25 millions. Et côté visiteurs, on affichait 300 000 visiteurs en 2002, nous dépassons désormais le million.
Ce nouveau mandat c’est pour achever le travail?
C’est vrai qu’au départ, c’est moi-même qui avais demandé qu’on limite le nombre de mandats à deux maximum. Mais mon projet n’était pas terminé. J’ai 50 ans et encore quelques beaux défis à relever. Je tiens cependant à affirmer que ce troisième mandat a été tout à fait légalement attribué, après appel d’offres, procédure et jury national et international. Je dois d’abord consolider ce qu’on a fait. Notre bilan est en équilibre. Nous avons mis en place une structure plus anglo-saxonne malgré la fiscalité belge. Et qui garde conscience de sa mission de service public, dans le bon sens du terme. Je pense que culturellement nous jouons bien notre rôle dans tout ce qui est local, Bruxelles, la Wallonie, la Flandre… Mais nous devons encore renforcer notre apport à la culture européenne. La notion européenne de citoyen politique est assez exclusive. La culture peut être plus inclusive, proposer plus de diversité. J’ai des projets qui ouvriront plus encore Bozar et Bruxelles sur l’Europe et le Monde.
Pas peur du résultat des élections en mai prochain?
Bozar est relativement serein. Il est bien géré, politiquement transparent et culturellement ouvert à tous. Je suis un homme d’espoir. Et puis (sourire) avec le foot et les Diables au Brésil, il y aura peut-être plus de Belges de cœur en mai…