Musées et public, pas toujours une histoire d'amour
Les musées aiment-ils le public? C'est le trublion culturel de la Communauté française, Bernard Hennebert qui pose la question. Pour faire bouger les choses.
- Publié le 20-01-2011 à 06h00
Il est sur tous les fronts du combat des usagers culturels, Bernard Hennebert. Et après la RTBF, il s'intéresse particulièrement aux musées. Pas un fait qui lui échappe, ici mais aussi à l'étranger, sur un secteur dont «les objectifs sont de plus en plus commerciaux et de moins en moins culturels». Depuis de nombreuses années, avec son association Consoloisirs, il se bat pour des musées plus accessibles, plus transparents, des visiteurs mieux informés. Aujourd'hui, dans un ouvrage, Les musées aiment-ils le public ?, il fait le point. «C'était important de faire le point des combats menés ces dernières années. Pris un par un, on a l'impression que ce que nous faisons ou dénonçons ce n'est pas important. Ici, on a une vue globale et on analyse mieux les enjeux de la bataille.»L'accessibilité : Le travailleur lambda a rarement accès aux musées vus les jours et heures d'ouvertures. À partir du moment où ces musées sont publics et donc subsidiés par l'argent de tous, ils doivent être accessibles à tous. Et il ne doit pas y avoir de discriminations (entre autres en matière de prévente) entre les gens qui ont une réduction et ceux qui paient le prix plein.
L'information : Les visiteurs doivent clairement être informés, avant de payer leur ticket, de ce qu'ils vont voir, des toiles qui sont absentes des cimaises, des salles fermées, des réductions accordées (celles pour les chômeurs sont rarement affichées, c'est pénible de devoir quémander...). En cas de problème, le public doit être écouté et entendu. Trop de courriers de réclamation restent sans réponses.
La gratuité : C'est le vrai cheval de bataille de Hennebert. Son combat a déjà conduit à l'ouverture gratuite de 42 musées (dont 12 «payés» par la Communauté française) chaque 1er dimanche du mois. D'autres, comme les Musées royaux d'art et d'histoire (fédéral) ouvrent gratuitement un mercredi après-midi par mois. Mauvais plan pour les gens qui travaillent, estime Hennebert.
Les moyens : La gratuité a longtemps été la norme pour les musées, ça ne l'est plus. Mais estime l'auteur, ça ne justifie pas, non plus, le triplement du prix d'entrée dans les musées fédéraux, par exemple. «Les musées royaux sont passés de la gratuité à un prix de 8 ¤ et de 900 000 visiteurs à 300 000! Mais on préfère communiquer sur le nombre d'entrées au Musée Magritte» .
Il faut aussi que le public sache dans quel jeu il joue. Certains musées préfèrent investir dans l'achat d'oeuvres ou leur restauration plutôt que dans l'accueil du public. «Le public, termine Hennebert, croit que le musée est là pour lui. Le but de ce bouquin est de lui montrer que ce n'est pas toujours le cas. Qu'il y a un débat à mener.» Bernard Hennebert, «Les musées aiment-ils le public?», Couleur livres, 174 p., 18 ¤.