Le «zéro déchet» devient le nirvana pour certains consommateurs belges. Mais l’objectif, s’il est louable, reste difficile au quotidien puisque se fournir en vrac demande de l’organisation. Les plus récalcitrants et les plus distraits peuvent désormais se faire livrer bocaux et sacs via l’épicerie en ligne Lili Bulk.
Le vrac, le consommateur belge y est plus ou moins habitué. Surtout pour ses fruits et légumes, au marché ou au supermarché. Mais là-bas, c’est facile. D’une part le maraîcher emballe chaque marchandise dans un sac en papier individuel qu’il plonge ensuite dans un sac en plastique. D’autre part le consommateur déroule son emballage de PVC transparent avant de peser ses aliments. À part ça, on achète tout le reste sous carton, film plastique, verre, tetra pak, canette ou conserve. Et tout vole à la poubelle.
Face à ce gros tonnage qui part chaque semaine aux incinérateurs belges, certains consommateurs se tournent vers le «zéro déchet». C’est par exemple le cas de Gaëlle, à Namur, abonnée au sac en tissu et au Tupperware. Ou de Fabienne, à Nimy, qui se baladait avec ses taies d’oreillers pour transporter ses courses. Mais ce mode de vie est réellement contraignant. D’abord, il faut résister à la tentation du petit sac brun individuel pendu sous notre nez jusque dans le plus petit magasin bio. Ensuite, il faut avoir la présence d’esprit, ou l’énergie, de trimballer sacs et bocaux avec soi dès qu’on sort «faire une petite course en vitesse».
Sur le «zéro déchet»
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Le fonctionnement est simple: vous vous connectez sur lili-bulk.com et composez votre panier. Farine, lentilles, pâtes, sucre, céréales, fruits secs, huile, vinaigre et même bonbons et biscuits garnissent ses rayons virtuels. Quelques raretés aussi: l’arrow-root, le cookie vegan, le gomasio ou les pâtes à la farine de pois chiches.
Une consigne de 1 ou 2€ le bocal
«Vous cliquez sur le produit. Ensuite, vous devez déterminer le contenant, sac ou bocal, et sa taille de S à XL», résume Aurélie Manzi. «On livre à vélo cargo, soit à domicile, soit au boulot. Et même en soirée. Mais on dispose aussi de points relais dans des commerces ou chez des particuliers qui partagent nos valeurs».
Rayon prix, l’affiche se fait au kilo. «On n’est pas plus cher que le vrac des magasins bio», assure la fondatrice. «Bien sûr, il ne faut pas nous échelonner à du premier prix de supermarché: comparons des pommes avec des pommes». Le prix du panier? «Avec 40€, on livre déjà un très bel échantillonnage de 12 ou 13 bocaux. Et la livraison à 7,50€ est gratuite dès 60€ d’achat». À ce total, vous devez ajouter la consigne: 1 à 2€ le bocal, suivant sa taille. Vous récupérez la mise lors de votre prochaine commande. «Et on n’a pas encore eu un seul bocal cassé!»
Pierre se définit comme épicurien et semble ravi du concept. «Déjà, ça arrive sur le pas de la porte. Ensuite, j’ai vérifié: c’est dans la même gamme de prix que chez Delhaize. Voir moins cher pour les fruits secs. Et la qualité, c’est autre chose: les crêpes avec cette farine, c’est à se taper la tête au mur! Une tuerie: j’en fais 10kg à chaque fois!»
Quand on se lance dans le zéro déchet, la provenance des produits vaut autant que l’absence de plastique. «Nos fournisseurs sont belges et on tend vers le circuit court. Mais les bananes sèches ou les mangues, c’est difficile à faire pousser en Belgique», concède Aurélie Manzi. Autre petite difficulté: trouver des produits transformés en vrac. «On avait trouvé des cookies belges, mais on n’était pas vraiment contentes du goût. Alors on s’est tournées vers la France».
À moyen terme, Lili Bulk aimerait ajouter des conserves à sa gamme, s’ouvrant aux confitures, sauces et fruits confits. «On cherche aussi à donner une vitrine aux artisans de chez nous. Pour eux, ce n’est pas toujours facile de se placer en magasin dès le lancement de l’affaire et le vrac peut être une solution. On lance donc des pistes, comme les pâtes à la farine d’insectes ou le café. Pour lequel, le problème du contenant opaque est une autre embûche». Alors que Lili Bulk s’est lancée en même pas 6 mois, on ne doute pas que le petit corsé arrivera vite sur votre seuil.
Pour l’instant, Lili Bulk livre sur 10 communes bruxelloises et dans un point relais à Rixensart. «Mais on aimerait faire grossir notre communauté. L’idée, c’est aussi de retrouver l’envie de cuisiner et de consommer des plaisirs simples».
Reste plus qu’à liquider les 1000 sacs que vous gardez dans le placard «au cas où»...
+ ALLER PLUS LOIN | Le site (en anglais) de Bea Johnson, grande prêtresse du zéro déchet