Leffe remporte un premier succès face à Leff
L’administration française refuse l’inscription de la marque "Brasserie artisanale du Leff" en Bretagne, suite à une réclamation d’Ab InBev.
Publié le 21-01-2022 à 16h13
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KAO47XFMGBB75A4IMLO7JSWE4E.jpg)
En décembre, nous vous parlions de ce conflit cocasse entre un brasseur amateur breton, Philippe le Saux, et le groupe mondial AB InBev, détenteur de la célèbre marque de bière Leffe. Ce vendredi, l’administration française a donné raison au géant brassicole. Elle a en effet refusé de manière provisoire l’appellation "Brasserie artisanale du Leff" à Philippe Le Saux.
Pour rappel, fin 2021, ce breton s'est lancé à 60 ans passés dans une aventure brassicole par pur loisir. Soit, "une bière pour les copains" pour reprendre ses mots. Habitant depuis toujours de la commune de Lanleff, dans les Côtes d'Armor en Bretagne, il a baptisé sa marque de bière en hommage au ruisseau du Leff qui borde ses installations.
Précédemment |AB InBev (Leffe) somme une brasserie bretonne de changer de nom
Seulement, ce terme a fait tiquer le groupe brassicole mondial, AB InBev, détenteur de la marque protégée Leffe. Une bière dont le succès commercial n’est plus à prouver et qui porte ce nom en référence à l’abbaye de Leffe à Dinant. AB InBev craint que l’existence d’une bière avec une phonétique identique à son produit puisse entraîner une certaine confusion chez le consommateur. Le groupe brassicole a donc demandé en décembre, à l’amiable et puis via l’administration, que le gérant breton abandonne toute référence au ruisseau français du Leff.
Mais Philippe Le Saux est breton. Et il a du caractère. Contacté à chaud, il dit réfléchir à la meilleure manière de procéder. L'administration française conteste davantage le terme de "brasserie artisanale" que celui de "Leff", curieusement. "Je compte bien garder le terme Leff, je dois encore voir avec un soutien avocat comment tourner la chose pour convenir aux demandes de l'administration". Cet avocat parisien, spécialiste de la matière fait partie des nombreux soutiens ralliés à Philippe le Saux, depuis que l'histoire a éclaté dans la presse. "C'est amusant, raconte-t-il, je n'aurais jamais pu imaginer un tel succès." Et un beau coup de publicité.
À Namur aussi, certains ont décidé de rejoindre la fronde bretonne à la lecture de notre précédent article. C'est le cas de Dominique Renson, du restaurant Le temps des cerises. Celui-ci a commandé plusieurs casiers à la jeune brasserie du Leff. "C'est pour faire un pied de nez à AB InBev, un monstre brassicole qui s'attaque à un petit artisan. Dès que je reçois la Leff, je place une affiche en vitrine: Enfin une Leff(e) qui a du goût!"
Quelle que soit l’issue de cette saga, le goût d’amertume sera probablement plus prononcé du côté de Leffe que de Leff. Le calice, jusqu’à la lie.