Marcel a-t-il trouvé des météorites dans un champ de patates?
L’avis de recherche pour retrouver une météorite probablement tombée en Belgique a réveillé de vieux souvenirs chez Marcel Verpoort.
Publié le 03-02-2021 à 06h00
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Le vendredi 22 janvier dernier, l’observatoire Mira installé à Grimbergen annonçait la chute probable d’une météorite sur le sol belge à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, dans une zone comprise entre Termonde et Alost. Il se basait notamment sur des images captées par une caméra de l’Observatoire royal d’Uccle pour déterminer le point d’impact.
Un avis de recherche a été lancé afin de tenter de retrouver des fragments de cette météorite dont le plus gros élément pourrait peser une centaine de grammes pour un diamètre de 4 ou 5 cm. Cette histoire a ravivé d’anciens souvenirs chez Marcel Verpoort de Quevaucamps, bien connu pour être «le sculpteur» des betteraves de la traditionnelle «Nuit des Lum’rottes».
Il y a environ 50 ans
«C'était il y a une cinquantaine d'années à la fin des années 60 ou début 70, j'avais la trentaine, nous confie Marcel qui affiche aujourd'hui 83 bougies au compteur. J'étais en train d'enlever à la main les mauvaises herbes entre les betteraves. C'était, je pense, dans le courant du mois de juin. J'ai entendu un sifflement et puis j'ai vu quelque chose tomber du ciel à une quarantaine de mètres dans le champ voisin où étaient cultivées des pommes de terre. Lors du choc, il y a eu un nuage de fumée. Sur place, j'ai observé un trou grand comme une casserole et les plants étaient brûlés tout autour. C'est là que j'ai trouvé ces cailloux que j'ai toujours gardés dans un tiroir. Quelques jours plus tard, quand j'ai été avec mon père remettre des plants de patates là où ils avaient été détruits, on a retrouvé d'autres éclats…»
Comme du silex, mais…
Marcel possède toujours les deux plus gros morceaux découverts sur place le jour de l'impact. L'un a environ la même taille et la même forme qu'un œuf de poule et l'autre est un gros éclat d'environ 5 cm sur 4. Ces pierres ressemblent en réalité à des silex, pourtant, Marcel est formel sur ce point: «Là où j'ai ramassé les pierres, c'est un limon très poreux où nous n'avons jamais trouvé de silex ou d'autres cailloux auparavant…»
De plus, Marcel n’a rien d’un farfelu et rien ne permet de penser qu’il a rêvé toute cette histoire. Après avoir repris la ferme exploitée par ses parents à la rue Émile Vandervelde, il y a encore travaillé comme agriculteur «indépendant» jusqu’en 1996.
À l’époque, le bâtiment a été revendu au centre pour personnes en situation de handicap, la Pommeraie. Il n’avait que 59 ans à l’époque et il a été engagé par cette institution comme éducateur. C’est à ce titre qu’il continua à s’occuper de l’exploitation avec les résidents du home qui trouvaient là une activité entrant dans le cadre de leur recherche d’autonomie. Une activité que l’ancien agriculteur a poursuivie jusqu’à l’âge de sa pension en 2003.
L’avis d’un expert
Géologue et géochimiste de formation, Vinciane Debaille, chercheuse à l'ULB, est spécialisée dans l'étude des météorites de différentes origines. Elle a participé à plusieurs missions de collecte de météorites en Antarctique. Nous lui avons raconté l'histoire de Marcel; la première «analyse» qu'elle nous a demandé de réaliser consistait à vérifier si l'éclat de Quevaucamps est attiré par un aimant. C'est le cas et cela semble exclure le fait que l'on soit en présence de silex. Sur base des photos que nous lui avons transmises, elle pense qu'il pourrait s'agir de résidus de fonderie (il y en avait notamment une à Belœil à l'époque). Lesquels auraient pu être expulsés d'une cheminée suite à une explosion de gaz de combustion. «Dommage car l'histoire était belle…», conclut notre chercheuse. Nous rajouterons, qu'elle le reste, malgré tout.