Richard Gotainer a 70 balais «mais l’esprit d’enfance, ça conserve plutôt bien!»
Il est de retour depuis quelques mois, âgé de 70 ans, avec un nouvel album «Saperlipopette (or not Saperlipopette)» qui est un grand cru, et une poignée de clips très réussis réalisés par son fils Léo… La petite entreprise Richard Gotainer a certes connu la crise, mais elle revient en force...
Publié le 10-10-2018 à 18h40
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L’avenir.net: Richard Gotainer, nous faisons cette interview par téléphone et en dehors de toute tournée promo de votre part en Belgique. Vous nous boudez?
RG: Non, pas du tout. Mais voilà, l’album n’a pas vraiment de distribution chez vous si ce n’est via les FNAC. Et il est disponible à la vente sur internet. Donc les gens qui le veulent finiront bien par le trouver. Il vit aussi par ses clips, on en a déjà fait trois et on en prépare un quatrième. Je n’en avais jamais tant fait pour un album…

Vous qui avez été un énorme vendeur, un auteur de tubes et pubs radio à succès, vous êtes donc redevenu un petit artisan qui s’autoproduit et s’autodistribue...
RG: Mais j’ai toujours été un petit artisan. Je me suis toujours autoproduit via Gatkess, mon label, même quand j’avais d’importantes maisons de disques pour me promouvoir et me diffuser. Rien n’a changé de ce point de vue quand à ma façon de travailler.
L’album «Saperlipopette (or not Saperlipopette)» est sorti en France peu avant l’été, comment est l’accueil?
RG: Il est très bon! Plein de commentaires positifs! Il y a juste ce petit souci, c'est que mes chansons ne passent pas en radio! Peut-être qu'elles ne sont pas assez médiocres (rires)! Peut-être que je ne suis pas assez blond et tatoué, et que je ne «fight» pas assez dans les aéroports pour intéresser les radios. En résumé, plus personne ne me programme. Alors parfois, je passe à la télé, mais pas pour y faire mon métier. Pour y «talkshower» ou ce genre de chose. On m'invite pour parler, on rappelle mes vieux succès, et on brandit mon nouveau disque en disant « il est super», et ça se limite à ça. Je ne me victimise pas et je sais que je ne suis pas le seul artiste dans le cas. Heureusement donc qu'il y a internet qui permet de s'exprimer et d'aller au-devant du public.
L’aspect positif, c’est que ce nouveau disque vous ramène en grande forme, avec en prime des clips somptueux. Vous travaillez en famille désormais, avec vos fils!
RG: Oui, et ça c’est très gai. J’ai mon fils Tom qui s’est occupé de la direction artistique de la pochette. Elle est chouette non? On a voulu une ambiance digne des grands tableaux flamands! Et puis j’ai Léo, mon aîné, qui réalise les clips.
Ils sont en phase avec votre univers, vos fistons, pour y avoir baigné depuis tout petit?
RG: Plus que baigné, ils étaient carrément immergés! Cependant, n’exagérons pas: je ne crois pas qu’ils ont

beaucoup écouté mes disques. En plus, à la maison, il n’y a pas d’affiches de moi ou de disques d’or au mur. J’étais leur papa avant d’être une «vedette»! Mais il est vrai que c’est à cause d’eux par exemple, que je me suis mis à l’ordi, ce qui n’était pas mon truc au départ. Moi je suis du genre à écrire à la plume sur du papier. Mais pour pas être largué, je m’y suis mis. Et je leur ai appris plein de choses, photoshop, la vidéo et tout ça. Léo a 27 ans aujourd’hui, il est réalisateur, il trace son chemin, et quand il a du temps à me consacrer, on tourne un clip. Et là, c’est très gai parce qu’il y a un vrai partage et aucun combat d’ego! C’est toujours la meilleure idée qui gagne.
Comment se passe la création des chansons, avec votre partenaire depuis deux albums, Michaël Lapie, qui cosigne tous les titres?
RG: J'écris tout d'abord des textes. Si vous y prêtez attention, vous constaterez qu'ils contiennent déjà beaucoup d'éléments sonores et rythmiques. Je les donne ensuite à mon musicien, car moi, je ne sais pas composer de mélodies. Et il revient ensuite vers moi avec des propositions. Il est toujours d'accord de refaire si je ne suis pas emballé, et il est même assez incroyable, Michaël, car en dix minutes, il peut changer complètement de direction pour une chanson. Alors que parfois, ce n'est pas si facile de changer d'idée. Je dois dire que ce n'est pas facile de trouver un musicien avec qui on a une vraie entente, un gars qui adhère à mon exigence et à, oserai-je dire, ma maniaquerie. C'est comme un couple, il faut une alchimie. Quand nous avons un texte, une mélodie, on commence vraiment à s'amuser sur les idées de gimmicks et d'arrangements. J'adore les harmonies vocales par exemple. Mais nous ne sommes pas vite contents de nous-mêmes. On a jeté des chansons qui étaient très bien, texte et musique...mais qu'on ne trouvait finalement pas si terrible. On a suspendu in extremis la fabrication de l'album, pour changer des détails sur «Un Chat, un Chat», parce qu'on n'avait eu une meilleure idée à la dernière minute. Et sur cet album, on a voulu que toutes les chansons soient très différentes. De ce point de vue, on a été à l'école des Beatles: jamais deux fois la même chanson!
Longtemps vous avez coécrit avec Claude Engel, puis il vous a quitté. C'est donc un coup de chance d'avoir pu reformer un «nouveau couple»!RG: Oui, d'autant qu'après la séparation avec Claude, je suis resté en rade durant quelques années. Je ne trouvais pas cet autre musicien qui adhère à ce que je voulais faire, qui ait la patience d'aller jusqu'au bout des choses, comme je le souhaite. Je ne sais plus trop comment je suis tombé sur Michaël Lapie. Je crois que c'est quelqu'un qui m'en a parlé et m'a dit que je ne devais pas le louper! C'est un «mariage arrangé» en fait (rires).
Pour l’instant, il n’y a pas de concerts programmés, mais on parle à votre sujet d’un projet de spectacle…
RG: En fait, j'ai depuis quelque temps un souci vocal qui est purement mécanique. Mais tout est en train de rentrer dans l'ordre. Je vais pas me risquer sur scène dans des conditions pareilles, vu qu'il faut quand même assurer. Mais ça va revenir, je vous assure, et vous serez vite au courant car nous passerons évidemment par la Belgique. J'adore la Belgique, je m'y sens chez moi, j'aime bien la simplicité que vous avez, ce mix de culture française et anglo-saxonne. Savez-vous que j'ai enregistré des albums aux studios ICP à Bruxelles, j'y ai tourné mes premiers «vidéo-clips» comme on disait, par exemple « Le Youki », avec des réalisateurs belges?
Je me demandais ce que vous écoutiez ou de qui vous-même vous étiez fan?
RG: Alors longtemps, j’ai écouté les grands groupes rock, comme The Who, les Beatles, Emerson Lake & Palmer… Mais aujourd’hui j’écoute plutôt du classique ou du jazz. Encore que je ne suis fermé à rien. L’autre jour, en voiture, j’ai écouté trois heures de techno à la radio, et je me suis bien amusé. Il y a juste le rap, par contre, j’aime pas trop!
Charles Azanavour est décédé il y a quelques jours, vous reprendriez laquelle de ses chansons…
RG: II y en a plusieurs. « Emmenez-moi », elle est vraiment magnifique, non? Moi, j'étais très admiratif d'Aznavour, ça m'aurait plus de le rencontrer. Cela aurait pu se faire car à une époque, nous avons eu un musicien commun. Et puis 94 ans, c'est un beau score quand même!
Une longévité étonnante oui, sachant que le métier d’artiste n’est pas l’idéal pour rester en bonne santé…
RG: Oui, mais artiste, il y a un truc qui vous maintient en forme, c’est le rapport à l’esprit d’enfance. On dirait que ça vous conserve, que ça entretient la flamme. Moi qui commence à avoir quelques bougies sur le gâteau, je suis le premier étonné de l’âge que j’ai. Et je ne me vois certainement pas comme je percevais les gens de 70 ans quand j’avais moi-même 20 ans!
Richard Gotainer, nouvel album «Saperlipopette (or not Saperlipopette)» (Gatkess), en CD et dès le 22 octobre, en vinyle! https://richard-gotainer.com/