Vol de câbles de cuivre sur le rail : jamais eu autant de faits depuis près de 10 ans, la Wallonie au cœur du problème
Les vols de câbles de cuivre sont repartis en forte hausse le long des voies de chemin de fer de la SNCB. Infrabel, le gestionnaire des infrastructures du rail, chiffre le coût de ces vols à près de 7 millions pour 2022 et la Wallonie est plus touchée que jamais. Avec un impact important sur la ponctualité des trains.
Publié le 06-02-2023 à 16h04 - Mis à jour le 06-02-2023 à 18h53
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2022 aura été une année noire pour la SNCB et les équipes d’Infrabel. 466 vols de câbles ont été perpétrés au préjudice des infrastructures de la société nationale des chemins de fer belges. 466 vols, c’est trois fois plus qu’en 2021. Et c’est le plus important nombre de vols depuis 2014. Infrabel sortait alors deux années particulièrement difficiles avec 810 vols en 2013 et 1362 en 2012.
Pour l’année écoulée, le gestionnaire du réseau ferroviaire a calculé que les vols de câbles ont occasionné plus de 33 000 minutes de retard cumulé pour les usagers du rail, “soit plus de 1 h 30 de retard par jour en moyenne”. En 2019, ce retard était deux fois moins conséquent : 42 minutes par jour.
Nombre de vols et de retards entre 2012 et 2022 sur le rail belge
En 2013, Infrabel avait lancé un plan national pour lutter contre les vols. Ce plan a rapidement eu un impact sur le terrain puisque les chiffres ont chuté dès 2014. “Nous avons commencé par sécuriser les tronçons les plus à risque et nous continuons d’améliorer la surveillance partout, dès que c’est possible”, nous confiait début 2020 Frédéric Sacré, porte-parole d’Infrabel. Et suite à la nouvelle vague de vols survenus en 2018 (315 faits), “les efforts mis en place à l’époque avaient permis l’arrestation de plusieurs bandes actives en Belgique et réduit fortement le nombre de vols perpétrés les années suivantes”, précise Jessica Nibelle, porte-parole d’Infrabel, dans un communiqué de presse ce lundi.
La Wallonie principalement touchée par les vols de câbles
C’est majoritairement en Wallonie que les voleurs de câbles sont actifs. La situation n’est pas neuve mais ne tend pas à s’améliorer puisqu’en 2019, deux vols sur trois avaient été commis dans le sud du pays. À elle seule, la région autour de Charleroi a comptabilisé plus de la moitié des vols (296, soit 64 %).” Le premier point sensible du pays devant les arrondissements de Liège (62 faits – 13 %), Anvers (34 faits – 7 %) et Bruxelles (21 faits – 5 %)”, souligne Infrabel.
Plus détails, voici la répartition des vols par arrondissements judiciaires:
Un coût financier colossal à cause des vols
Près de 7 millions d’euros de préjudice en 2022. Une somme conséquente face à laquelle le gestionnaire de l’infrastructure n’avait plus été confronté depuis plusieurs années. Conséquente mais “mathématique” puisque dans sa présentation chiffrée, Infrabel chiffre le préjudice de chaque vol à hauteur de 15 000 €. Un rapport identique au fil des années reprises dans le communiqué d’Infrabel. "Il s'agit d'une « moyenne » (avec toutes les approximations que cela implique) établie il y a quelques années en vue de répondre à la question - pertinente aux yeux du monde politique et de la presse - « combien vous coûtent les vols de câbles ? ». Pour nous, cette question l’est un peu moins dans la mesure où, quelle que soit la facture, nous n’avons d’autre choix que de procéder à une remise en état, sans quoi le trafic resterait interrompu, nous répond Frédéric Sacré. Cette moyenne a été établie, elle reposait sur le prix du cuivre (en hausse ces dernières années), mais aussi du coût de la main d’œuvre (elle aussi indexée fortement) pour procéder aux réparations etc. Ces paramètres ont, en effet, évolué quelque peu."
”Outre les dommages financiers et le lourd impact sur la ponctualité, les vols occasionnent aussi des reports de travaux car les techniciens d’Infrabel doivent d’abord effectuer les réparations d’urgence avant de pouvoir se charger de leurs tâches quotidiennes dédiées à l’entretien ou à la modernisation de la signalisation. Les actes de malveillance répétés entraînent également une démotivation du personnel”, souligne l’entreprise.
Déjà 6 arrestations de voleur de cuivre en 2023
Comme à la suite des précédents vagues de vols, des opérations nationales ont été relancées par la police fédérale des chemins de fer. “La Police Fédérale mènera plusieurs opérations de contrôles spécifiques tout au long de l’année. Celles-ci seront organisées en complément des patrouilles classiques et permettront de repérer plus rapidement les agissements suspects et de mieux les localiser”, indique Infrabel. Et les premiers résultats ne se sont pas fait attendre puisque depuis le début de l’année 6 personnes ont déjà été appréhendées.
Les mesures mises en place par Infrabel pour lutter contre les vols
Ces dernières années, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire a aussi pris des mesures de son côté :
- remplacement du cuivre par de l’aluminium, matière moins convoitée, lorsque c’est techniquement possible
- enterrement des câbles
- marquage des câbles par le sigle “Infrabel”, “afin qu’ils puissent être identifiés par les ferrailleurs”
- développement d’un projet de trackers : “Il s’agit de dispositifs qui transmettent la localisation des câbles en temps réel en cas de déplacement”