Voiture électrique: ces bornes de recharge publiques qui font cruellement défaut en Wallonie
Alors que la 100e édition du Salon de l’auto se profile et que le marché des voitures électriques prend de l’ampleur, la Wallonie et ses 2.700 bornes de recharge publiques peinent à suivre le rythme.
Publié le 04-01-2023 à 12h25 - Mis à jour le 04-01-2023 à 15h03
À l’approche de la 100e édition du Salon de l’auto, un constat s’impose : les Wallons sont plus frileux que les Flamands à rouler en électrique. Pour preuve, en 2021, là où les modèles 100% électriques représentaient déjà 7% des 241.065 immatriculations au nord de la frontière linguistique, elles ne constituaient que 3,1% des nouvelles immatriculations au sud de Bruxelles.
Ce qui refroidit les Wallons dans l’électrique ? Son prix de base, presque toujours au-dessus des 30.000 euros, mais aussi son autonomie, supposée trop faible, et l’absence de bornes de recharge publiques.
« Les Belges qui roulent dans une voiture 100% électrique ont très souvent accès à des bornes privatives, chez eux ou sur leur lieu de travail, observe Philippe Vangeel, secrétaire général d’Avere, la Fédération de la mobilité électrique. Pour les autres, ceux qui n’ont pas la chance de disposer d’une station privée, les choses sont compliquées. Ce qui peut expliquer en partie leur réticence à se détourner des moteurs à combustion ou des hybrides même. »
Dans un pays où Avere a dénombré 23.053 bornes de recharge publiques en novembre 2022, seulement 2.776 se situent dans le sud du pays. Soit à peine plus qu’à Bruxelles (2.015) et beaucoup moins qu’en Flandre, où la Fédération de la mobilité électrique a recensé un peu plus de 23.000 points de recharge.
« Un choix politique »… mais pas seulement
« Cette disparité entre l’offre flamande et wallonne s’explique principalement d’un point de vue politique, estime Philippe Vangeel. En Flandre, ça fait déjà quelques mois que le gouvernement régional a investi massivement (plus de 5 millions d’euros, NDLR) pour installer des stations de recharge un peu partout sur le territoire. » Avec, comme promesse ultime, d’accéder à une borne tous les 25 kilomètres d’ici juin 2024. « Malheureusement, en Wallonie, les choses évoluent moins vite. Aider au développement de l’électrique n’a pas été une priorité… » Jusqu’à récemment.
Sans doute poussée dans le dos par l’Europe qui milite pour que ses pays membres installent rapidement des rechargeurs tous les 60 kilomètres sur les grands axes, la Wallonie a récemment annoncé miser sur un déploiement de 7.000 bornes d’ici 2026, dont 4.000 dans toutes les communes.
Même si elle devra attendre quelques années avant de disposer les 100.000 bornes qui longent le réseau routier néerlandais, la Belgique travaille donc pour rattraper son retard sur la plupart de ses voisins européens. Ce qui n’est déjà pas négligeable, selon le secrétaire général de la Fédération de la mobilité électrique. « Il est surtout important que les autorités politiques aident les automobilistes à changer leurs habitudes. Si les Pays-Bas représentent l’exemple à suivre, c’est parce que les dirigeants néerlandais ont mis en place toute une série d’incitants pour passer à l’électrique. Il faut enclencher une dynamique de changement, et c’est ce que l’Europe s’attelle notamment à faire en ce moment. » Mais ce n’est pas tout, estime encore Philippe Vangeel. « Parce que tout ne se résume pas à l’offre qui est faite aux consommateurs, encore faut-il qu’ils adhèrent à ce qui leur est proposé. En Norvège, il y a aussi peu de bornes publiques, par exemple. Pourtant, ce pays est un des pionniers en matière de mobilité électrique. À la différence d’autres pays, les gens y sont sans doute plus sensibles aux problèmes environnementaux. » Passer à l’électrique étant donc aussi lié à notre façon de voir le monde.
S’il est difficile de prévoir l’évolution de l’électrique en Belgique au cours des prochaines années, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) estime que 70% des voitures vendues en Europe en 2030 seront des modèles électriques.