Le train, victime des agressions sexuelles
Une femme sur trois craint de prendre le train par peur des agressions sexuelles. Près de 200 faits de mœurs ont été signalés en 2019.
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- Publié le 12-01-2021 à 17h50
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En octobre dernier, l’enquête BEMOB commandée par le SPF Mobilité révélait que les problèmes de harcèlement figuraient, avec la promiscuité et le manque d’efficacité, parmi les principaux obstacles qui découragent le public à prendre le train, ou plus largement les transports en commun.
La question était particulièrement sensible chez les femmes, puisque 29,1% d’entre elles (parmi les 2 000 personnes interrogées) disaient leurs craintes à cet égard. Mais un homme sur cinq (21,4%) ne se sentait pas davantage en sécurité.
La question est revenue hier en commission mobilité de la Chambre. «Il faut lutter contre ce sentiment de sécurité», soulignait la députée socialiste Laurence Zanchetta, qui avoue ne pas toujours se sentir, elle-même, très à l'aise pour prendre le train le soir. «Ces chiffres me font peur», relevait aussi la députée Kim Buyst (Groen). «Des voitures vides, des gares sans public, laissées à l'abandon», tout cela n'incite pas à abandonner son automobile.
Un plan spécifique
«La SNCB finalise un plan d'action spécifique», a répondu le nouveau ministre de la Mobilité, l'Écolo Georges Gilkinet., qui a aussi divulgué quelques données confirmant la réalité du problème. Si, dit-il, la SNCB ne dispose pas de chiffres concernant le nombre de plaintes qui auraient été déposées à la suite d'agressions sexuelles, son «security operations center» (le SOC) qui gère l'important réseau de caméras à bord des trains ou dans les gares, déclare avoir reçu 197 appels liés à des faits de mœurs en 2019 (sur 90 000 incidents toutes causes confondues). Un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes (180 appels en 2018 et 173 en 2017), s'inquiète le ministre de la Mobilité.
L'augmentation des caméras de surveillance, mais aussi des améliorations de l'éclairage ou de la présence renforcée de patrouilles de Securail dans les trains à risques figurent parmi les solutions envisagées. «Je m'engage à travailler sur l'ensemble de ces questions», promet Georges Gilkinet.
La moindre des choses
Si le nombre de trains doit augmenter comme le souhaite le ministre, le personnel de sécurité devra être renforcé en conséquence. Il faudra aussi pouvoir compter sur le contrôle social et la sensibilisation des autres passagers, et mieux faire connaître le numéro 0800 d'appel d'urgence, déjà affiché dans les trains et sur les quais, via des campagnes d'information, demandaient les députés. «Alors qu'on renforce les contrôles pour les mesures Covid, que l'on fasse la même chose pour la sécurité des voyageurs. C'est la moindre des choses que l'on doit attendre d'un service public», concluait Sophie Rohonyi (DéFi).