Permis à points: «Pas un miracle»
Avec le permis à points, c’est une vieille idée qui a ressurgi dans l’accord de gouvernement Vivaldi: une loi instaurant ce système a, en effet, été votée il y a 30 ans (1990, quasi en même temps que la France), sans que les arrêtés d’application ne voient jamais le jour.
- Publié le 07-10-2020 à 06h00
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La Belgique reste parmi les rares pays européens où le permis à points n’a pas court. À l’instar de la Suède ou de la Suisse, qui ce ne sont pourtant pas des mauvais élèves de la sécurité routière.
Pour l'heure, il n'est encore question, dans le texte de l'accord, que de lancer une «étude sur le rôle du permis de conduire à points comparé à d'autres pays». Une telle étude (à laquelle s'ajoutera une autre sur l'utilisation des détecteurs de radar) avait pourtant été menée par l'Institut Vias en mai 2018. Et elle avait conclu de manière plutôt négative. «C'était Ok sur le principe, parce qu'on voit que ceux qui perdent tous leurs points sont les récidivistes et qu'il faut les sanctionner, mais la conclusion à ce moment-là était que le risque de se faire contrôler était insuffisant », explique Benoît Godart, chez Vias, qui va donc «réactualiser» cette étude, en comparant davantage de pays que les trois choisis précédemment. 24 pays en Europe ont le permis à points, mais avec des systèmes parfois différents.
Actuellement, seuls 19% des automobilistes belges sont contrôlés chaque année, selon Vias. L'accord Vivaldi veut aller plus loin, précisant «qu'un conducteur sur trois sera contrôlé chaque année pour vérifier sa vitesse, la consommation d'alcool ou de drogues, le port de la ceinture de sécurité et l'usage du téléphone portable au volant.»
«Mais c'est quoi être contrôlé? C'est passer devant un radar fixe?», interroge Benoît Godart, soulignant que, sans contrôles, le permis à points n'est efficace «qu'à court terme» et que, pour autant, «ce ne sera jamais une solution miracle». En France, tout n'est pas rose, dit-il, avec l'augmentation des personnes qui roulent sans permis et un trafic de revente des points.
Pas à l’aveugle
Son inquiétude rejoint la position, nettement plus tranchée, de Touring qui se dit «opposé à un système à l'aveugle où l'on retire des points à chaque infraction», explique Lorenzo Stefani, le porte-parole. «Ça doit être accompagné d'une possibilité de recours. En Angleterre, c'est un juge qui décide de retirer les points.»
En analysant les statistiques en France, on constate que les infractions routières n'ont pas chuté. Le nombre de points retirés sur les permis a même doublé entre 2005 et 2018, ce qui laisse douter de l'efficacité «exemplative» d'un système «qui sert aussi à faire de l'argent», déplore Lorenzo Stefani.
L'accord gouvernemental vise l'objectif de réduire de moitié le nombre de morts sur les routes d'ici 2030 et de parvenir à la «vision zéro», soit aucun mort sur les routes, d'ici à 2050. Un terme éloigné, quand Bruxelles, par exemple, a fixé sa vision zéro à 2030. «2050, c'est la date où l'on aura les voitures autonomes», explique Benoît Godart. L'automatisation, plutôt que d'avoir des «usagers 5 étoiles», bien formés, comme le revendique Touring.