L’été 2023 s’annonce orageux : les modèles météo saisonniers sont-ils fiables ?

Les modèles prévisionnels indiquent un été 2023 plus orageux que le précédent. Que cela signifie-t-il exactement ? Peut-on se fier à ces modèles à long terme ? Réponses avec notre consultant météo Farid El Mokaddem.

Portrait Farid El Mokaddem Farid Meteo Mons
Portrait Farid El Mokaddem Farid Meteo Mons ©EdA Mathieu Golinvaux

Le mois d’avril n’est pas encore terminé que les premiers modèles saisonniers arrivent déjà pour cet été. Alors que les prévisions météo peuvent encore varier fortement à deux jours près, comme c’est le cas cette semaine, comment est-il possible d’anticiper les conditions plusieurs mois à l’avance ? Que pouvons-nous réellement attendre de la météo estivale à ce stade ? Notre consultant météo, Farid El Mokaddem, démêle le vrai du faux.

Il y a une première distinction importante à faire entre les prévisions météorologiques et les tendances saisonnières. “Comme son nom l’indique, une prévision tend à prévoir la météo à court terme, en fonction des phénomènes observés autour de nous. Une tendance saisonnière ne sera jamais aussi précise et vise des tendances générales sur des zones géographiques assez larges”, nuance Farid El Mokaddem. On ne pourra donc jamais prévoir à long terme aussi précisément que pour les trois prochains jours et les tendances trop ciblées sont à prendre avec des pincettes.

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Par contre, les premières observations permettent déjà de prédire un été 2023 plus orageux en Belgique”, affirme Farid. Pas de poudre de perlimpinpin ou de boule de cristal pour notre Monsieur Météo qui se base uniquement sur des probabilités. “Il y a des indicateurs qui peuvent donner l’idée globale d’un été chaud, même s’il est impossible de donner des indications pour une date précise”. L’été devrait donc être chaud et plus humide que l’été 2022 qui était exceptionnellement sec. Deux phénomènes expliquent ces prédictions.

1) Une récurrence de dépressions au large du Portugal

Le premier phénomène concerne une récurrence de dépressions au large du Portugal. Ces dépressions localisées entre les Açores et le Portugal produisent un effet de balancier en aspirant l’air chaud depuis l’Espagne et le Maghreb qui remontera vers la Belgique. “Ces flux produiront des gros coups de chaleur de quelques jours balayés par des orages qui feront chuter les températures”, précise notre consultant.

2) L’air du pacifique qui se réchauffe

Le second phénomène à l’œuvre confirme ces phénomènes d’épisodes orageux, même s’il porte un nom plutôt doux. El Niño et La Niña sont des phénomènes climatiques qui ont pour origine une anomalie de température importante des eaux de surface de l’océan Pacifique sud. Le premier consiste en un réchauffement du Pacifique et le deuxième signifie au contraire que les eaux du Pacifique se refroidissent. La différence de température océanique entre les deux phases peut atteindre 10 °C d’écart entre El Niño et La Niña.

Si le phénomène La Niña se produisait depuis plusieurs années, il semble actuellement céder sa place au El Niño, entraînant les eaux chaudes de l’Australie au cœur du Pacifique. Ces différences au niveau des températures de l’eau ont des conséquences sur le climat des mois suivants, particulièrement sur le continent américain, africain et asiatique. “L’Europe pourrait quand même subir les conséquences de ce système dépressionnaire persistant sur le Pacifique Nord”. El Niño ferait notamment grimper mécaniquement la température du globe, même si les gaz à effet de serre auront d’autant plus d’impact sur le réchauffement de l’air.

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