Météo: une douceur anormale pour la saison? « Nous n’avons plus d’années ‘normales’ en Belgique »
Avec des pics à plus de 20 degrés, la Belgique enregistre actuellement des températures assez douces pour la saison. Est-ce normal ? Cela va-t-il continuer ? Doit-on y voir le présage d’un hiver doux ? On fait le point avec Pascal Mormal, météorologue à l’IRM.
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- Publié le 21-10-2022 à 19h19
- Mis à jour le 21-10-2022 à 19h24
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La météo de ces derniers jours pourrait presque nous faire oublier que l’automne est déjà bien entamé. Cette semaine, le thermomètre a dépassé les 20 degrés en Belgique et même les 30 degrés en France!
Un " retour " de l’été qui tombe à pic. À l’heure où les prix de l’énergie s’emballent, les ménages peuvent attendre encore un peu avant de rallumer définitivement leur chauffage. Mais est-ce que tout cela est bien normal? On a posé la question à Pascal Mormal, météorologue au sein de l’IRM.
Pourquoi les températures sont-elles si douces en ce moment?
Nous avons actuellement des systèmes dépressionnaires qui sont bloqués sur l’Atlantique. Cela agit comme une pompe à chaleur qui aspire l’air très chaud qui remonte de l’Afrique du nord. Cela explique les températures élevées en ce moment en France comme dans nos régions. On est quand même 6 à 7 degrés au-dessus des moyennes de saison.
Pendant combien de temps allons-nous garder cette douceur?
Il devrait encore faire très doux jusqu’au 27-28 octobre avec des températures qui pourraient dépasser localement les 20 degrés dans le centre du pays. Les températures seront ensuite en légères baisses durant la première semaine de novembre, mais toujours 3 à 4 degrés au-dessus des moyennes de saison. On devrait probablement avoir 15, 16, 17 degrés.
Au-delà de cette période, c’est plus incertain. On pourrait avoir un refroidissement à partir de la dernière quinzaine de novembre, mais cela reste à confirmer.
Cette douceur à cette période de l’année, est-ce normal?
Le phénomène n’est, en soi, pas exceptionnel, mais la durée de l’épisode est quant à elle plus interpellant. Si on continue ainsi, 2022 sera sans doute l’année la plus chaude jamais enregistrée dans notre pays. Le record actuel, c’est 2020. Mais on constate que le record est battu presque chaque année maintenant.
Un signe évident du réchauffement climatique?
Ce n’est pas normal d’avoir des températures aussi hautes aussi souvent. L’année 2022 a été marquée par une situation de blocage. Ça nous a procuré de très fortes chaleurs en juillet. On a eu le mois d’août le plus chaud depuis le début des relevés en 1833. La répétition de ces séquences très chaudes est devenue évidente. Ponctuellement, c’est quelque chose qui peut se produire, mais le fait que cela revienne maintenant de manière très régulière est un signe du réchauffement climatique.
Ce qui est inquiétant, c’est que nous n’avons plus d’années "normales" en Belgique. En principe, on devrait avoir un temps un peu mitigé, sans grosse chaleur ou grand froid. Depuis maintenant une dizaine d’années, on observe chaque année des extrêmes assez marqués.
Allons-nous avoir un hiver doux?
Plus on s’éloigne de l’échéance et plus c’est incertain. Il s’agit donc là plus d’une tendance que d’une prévision. Mais, pour l’instant, le scénario le plus probable serait un hiver légèrement plus doux que la moyenne (calculée sur les 30 dernières années), mais quand même un peu plus frais que les hivers précédents, qui eux étaient largement au-dessus de la moyenne. On n’aurait donc pas un hiver froid, mais pas un hiver super-doux non plus. Le mois de décembre sera probablement le mois le plus frais des trois mois d’hiver.
Je ne peux toutefois pas garantir que l’on ne puisse pas avoir épisodiquement un coup de froid. Il y a deux ans, l’hiver était globalement doux mais on a connu une semaine bien froide début février. Cela se fait plus rare mais ce n’est pas impossible. La seule différence par rapport à avant, c’est que les coups de froid sont moins nombreux et plus espacés.