Nos jeunes busés à l’examen climatique
À l’examen du réchauffement climatique, nos élèves sont busés, juge l’Aped. Qui estime le résultat «alarmant».
Publié le 21-10-2015 à 07h01
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OEV222QOMJA4XLAMS4GSCZZ2CY.jpg)
À l’approche du sommet climat de Paris, l’Aped, association d’enseignants qui défend une «école démocratique», a voulu savoir si nos enfants – qui sont les citoyens de demain – sont bien informés des défis liés aux changements climatiques. Pour cela, 19 questions ont été posées à 3 236 élèves d’une centaine d’établissements du pays. Des classes de 5e et 6e secondaire, y compris professionnelles. Et le résultat est jugé «alarmant».
«La plupart des élèves n'ont pas du tout conscience des grands défis environnementaux que sont l'épuisement des ressources énergétiques et le réchauffement climatique, estime Nico Hirtt, chargé d'étude à l'Aped. On observe une méconnaissance terrible au sujet d'un problème qui, dans les 20 ou 30 ans à venir, sera un des grands enjeux de société.» Et souvent sur des choses élémentaires: près de 60% ignorent qu'une centrale électrique au gaz produit du CO2, et à l'inverse 47% croient qu'une centrale nucléaire en dégage. Et un élève sur cinq, à peine, peut expliquer le mécanisme de l'effet de serre.
Pourquoi tant de lacunes? «Tout d'abord, les jeunes sortent de l'école sans avoir les connaissances suffisantes. L'écolene joue pas son rôle, estime l'ancien prof de physique. Certains points sont dans les programmes, mais ne sont pas acquis. Et que ce soit dans le général ou l'enseignement qualifiant, il n'y a pas de véritable formation polytechnique.»
L'Aped constate à ce propos que s'il n'y a pas de différence notable entre le niveau de connaissance au nord et au sud du pays, de meilleurs résultats sont constatés dans les filières d'enseignement général flamandes, «où la question du réchauffement climatique est explicitement incluse dans les programmes». Mais que c'est l'inverse dans l'enseignement professionnel en Flandre, «où on a tendance à pratiquer une sélection plus précoce, avec des enfants inscrits plus tôt et donc une place de la culture générale plutôt maigre.»
Le mythe du vol low cost
Autre explication du peu d'implication des jeunes dans ces enjeux climatiques: «L'absence d'exemple positif, estime M. Hirtt. Quand on voit nos ministres qui se réjouissent quotidiennement du développement de l'aéroport de Charleroi ou les tour-opérateurs qui vantent les plaisirs des vols low cost, il ne faut pas s'étonner que les jeunes imaginent qu'il n'y a pas de problème, qu'on peut consommer comme avant.» Ni s'étonner «qu'un jeune sur trois est persuadé que l'avion est moins polluant que le train».
Alors, climatosceptiques ou ignorants nos enfants? «Plutôt ignorants», répond Nico Hirtt. «Le climatoscepticisme mesuré est plutôt faible quand on voit que 75% des élèves savent que la majorité ou presque tous les scientifiques disent que les émissions de C02 produites par l'activité humaine sont l'une des causes principales du réchauffement climatique.» Ce qui ne les empêche pas d'échapper au catastrophisme scientifique ambiant…