Procès des attentats à Bruxelles: Krayem et Asufi tous deux co-auteurs d'assassinats terroristes, selon le ministère public
Osama Krayem et Ali El Haddad Asufi ont été reconnu co-auteurs d'assassinats terroristes et tentative d'assassinats terroristes, lors des attentats du 22 mars 2016, devant la cour d'assises de Bruxelles ce mercredi.
- Publié le 31-05-2023 à 17h54
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Le ministère public a livré mercredi son réquisitoire concernant la culpabilité d'Osama Krayem et d'Ali El Haddad Asufi devant la cour d'assises de Bruxelles. Tous deux doivent être reconnus comme co-auteurs d'assassinats terroristes et tentative d'assassinats terroristes, ont considéré les procureurs Paule Somers et Bernard Michel au procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem.
"En rejoignant à nouveau une cellule terroriste (à Bruxelles, NDLR) après avoir participé aux attentats de Paris, Osama Krayem a montré un engagement sans faille pour le groupe terroriste", a déclaré Paule Somers en matinée. Le parquet considère que l'accusé est responsable de la mort des 32 victimes directes des attentats ainsi que de la mort, a posteriori, de quatre autres victimes des attaques. Pour la procureure, son aide était "essentielle" et "indispensable" pour mener les attaques.
Procès des attentats | Le papa d'un accusé: "on est tous malades"La procureure avait débuté son réquisitoire en déplorant l'absence de l'accusé au sein du box: "Il ne participe pas à son procès. Sans doute les éléments qui le concernent sont trop accablants."
Elle est revenue sur son séjour d'une année au sein de l'État islamique en Syrie, et l'a dépeint comme un "combattant aguerri" qui "sait tuer".
En septembre 2015, il voyage depuis la Syrie jusqu'en Belgique en compagnie de l'artificier des attentats de Paris et de l'accusé Sofien Ayari et participe ensuite activement à la préparation des attentats du 13 novembre 2015, ce qui lui vaudra une condamnation à Paris. "Osama Krayem n'a pas été un simple témoin passif des préparatifs de ces attentats. Son ADN a été retrouvé dans le mécanisme d'une Kalachnikov utilisée par les terroristes à Paris", a rappelé la procureure.
Procès des attentats | La directrice de la prison raconte le quotidien d’Abdeslam: "Des craintes qu’il ne mette fin à ses jours"Concernant les attaques belges, Paule Somers a insisté sur l'implication directe d'Osama Krayem dans leur préparation via l'achat de matériel destiné à confectionner les bombes et la fabrication des charges explosives. Selon des déclarations concordantes, le Suédois a également vécu dans plusieurs des planques conspiratrices, comme à la rue du Dries à Forest et l'Avenue de l'exposition à Jette. "N'étant pas connu de la police, Osama Krayem pouvait sortir plus facilement sans se faire reconnaître. Il était en charge du ravitaillement et des achats du groupe."
Krayem renoncera finalement à se faire exploser dans le métro bruxellois, le 22 mars. "Même s'il n'a pas rempli totalement sa mission ça reste un combattant de l'EI qui les a aidés dans leur projet", a conclu la procureure.
Salah Abdeslam: “J’ai fait preuve de respect envers les victimes, j’ai collaboré… Il y a de l’évolution : seul un aveugle dirait le contraire”Son collègue Bernard Michel a ensuite pris la parole au sujet d'un autre accusé, Ali El Haddad Asufi. Ce dernier ne se terrait pas dans les différentes planques, mais a joué un rôle actif en recherchant des armes et en servant de chauffeur au kamikaze Ibrahim El Bakraoui, notamment.
Le procureur est revenu sur une filière néerlandaise ayant permis aux terroristes de Paris de se fournir en armes. L'existence de cette filière "ne fait aucun doute", selon Bernard Michel. C'est Ali El Haddad Asufi qui s'est rendu à Rotterdam le 28 octobre 2015 en compagnie de son ami Ibrahim El Bakraoui pour récupérer les armes en vue des attaques parisiennes, assure le procureur, analyses téléphoniques à l'appui.
Changer ensuite de filière pour Bruxelles n'aurait eu "aucun intérêt", selon Bernard Michel. Lors de la perquisition à la planque de la rue du Dries à Forest peu avant les attentats de Bruxelles, une arme a été saisie, dont Interpol a d'ailleurs confirmé l'origine néerlandaise.
La nuit du 21 au 22 janvier 2016, le ministère public estime établi qu'Asufi et Ibrahim El Bakraoui se sont vus. "C'est probablement à cette occasion qu'Ibrahim aura noté les références d'armes qu'il lui demandait de chercher." Un papier mentionnant plusieurs modèles d'armes avait été retrouvé dans sa voiture par les enquêteurs.
L'accusé a toujours clamé son innocence, que ce soit dans le dossier de Paris ou de Bruxelles. "S'il est innocent, pourquoi n'a-t-il pas fait appel de sa condamnation par la cour d'assises de Paris?", s'est interrogé Bernard Michel.
Procès des attentats : Abdeslam alterne entre les postures du petit gars de Molenbeek et celle du soldat de DieuLe procureur a ensuite relevé le rôle d'intermédiaire joué par l'accusé dans la location de l'appartement conspiratif de l'avenue des Casernes à Etterbeek. Ami d'enfance de Smail Farisi, il se serait "fait insistant" pour permettre à Ibrahim El Bakraoui d'occuper les lieux.
Bernard Michel est également revenu sur l'existence d'une clé USB retrouvée chez l'accusé. Cette dernière contenait des messages d'adieu enregistrés par les kamikazes à destination de leurs familles. Pour le ministère public, cette clé lui a été remise le 21 mars à l'appartement de la rue Max Roos à Schaerbeek, la veille des attentats.
Enfin, selon Bernard Michel, tous les éléments pris ensemble prouvent "plus qu'il n'en faut" qu'Asufi savait qu'il participait à une infraction. Il connaissait la radicalité des frères El Bakraoui. Il avait vu Oussama Atar avec les frères et était malgré tout "resté scotché" à eux.
"Il a dépassé le fil rouge de la légalité. Il a tout fait pour le groupe. Il devait savoir le jeu dans lequel il jouait", a posé le procureur, ajoutant: "Il a posé des actes de participation indispensables à la commission du crime."
Le réquisitoire du ministère public sur la culpabilité des accusés se poursuivra jusqu'à mardi. Jeudi, les procureurs s'attarderont sur Salah Abdeslam et Sofien Ayari.