Un «procès climat» pour obliger le politique à passer à l’action
Le «procès climat» a débuté. Objectif des 62 000 plaignants: forcer les gouvernements à transformer les promesses en action.
Publié le 16-03-2021 à 19h08
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«Un constat peut être posé: les émissions de gaz à effets de serre n'ont fait que croître d'années en années et les gouvernements en Belgique n'ont pas l'ambition d'agir, malgré leurs engagements.»
Me Carole Billiet a donné le ton hier au premier jour du «procès climat» devant le tribunal civil de Bruxelles: celui de l’offensive.
Ce procès, initié en 2015 par l’ASBL “l’Affaire Climat” (Klimaatzaak) et qui regroupe 62 000 citoyens, doit contraindre les autorités belges à respecter ses promesses dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, espèrent les plaignants. Autrement dit, le temps n’est plus aux déclarations d’intention et aux fixations d’objectifs théoriques. Le temps est à l’action pour atteindre des objectifs scientifiquement validés afin d’éviter la catastrophe. Soit, selon la requête de Klimaatzaak, une réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) par rapport à 1990 de 42 à 48% d’ici 2025, de 55% d’ici 2030 et une neutralité carbone en 2050.
Comme l’a rappelé l’avocate de l’ASBL à l’entame d’une session qui se poursuivra jusqu’au 26 mars, la Belgique n’a pas respecté ses engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre alors qu’elle s’y est pourtant engagée à chaque Conférence pour le climat (COP) depuis 1995.
Les plaignants sont convaincus qu’une condamnation mettra la pression nécessaire pour passer à l’action. Et si l’astreinte de 1 million d’euros qu’ils réclament est décidée par le tribunal ce sera encore mieux.
Mais au-delà de cet objectif purement juridique, il y en a un autre, symbolique, qui est déjà atteint: «Augmenter l'attention médiatique et politique pour accélérer et renforcer le mouvement climat», dit Rebecca Thissen. La spécialiste climat du CNCD-11.11.11 (l'ONG n'est pas parmi les plaignants mais soutient l'action judiciaire) note d'ailleurs que la condamnation du gouvernement néerlandais en 2015 sur base d'une plainte similaire a débouché sur une Loi Climat et la mise en place d'une cinquantaine de mesures concrètes pour réduire les GES. «En Belgique, la composition des gouvernements a changé et des objectifs ambitieux ont été fixés, dit Rebecca Thissen. Mais nos GES augmentent depuis 5 ans, on n'a pas atteint l'objectif 2020 et on n'est pas sur la trajectoire pour celui de 2030. Les discours ne suffisent plus, il faut passer à l'action.»