Le jury n’a pas cru Ronald Janssen
Le jury de la cour d’assises du Limbourg n’a pas cru aux dernières déclarations de Ronald Janssen : il l’a déclaré entièrement coupable.
Publié le 21-10-2011 à 07h00
:focal(1531x1027:1541x1017)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LTWELUXCE5DJ3FUHNBTTIJQERU.jpg)
À la fin de la lecture, par le président Jordens, des réponses accordées par les jurés de la cour d’assises du Limbourg aux neuf questions qui leur étaient posées, les applaudissements ont crépité dans la salle, archi-comble, où le public pouvait suivre les débats sur écran.
« Pas ce que je voulais »
Reconnu coupable de l'ensemble des faits dont il avait à répondre, Ronald Janssen s'est d'abord penché pour remercier son défenseur. Puis il a quitté la salle d'audience, le sourire aux lèvres, comme dans un dernier défi. Un sourire qui contrastait singulièrement avec les sanglots qu'il avait dans la voix quand, invité à ajouter, s'il le souhaitait, quelque chose pour sa défense, il a expliqué que « ce n'est pas à moi que revient le dernier mot. Ce sont ces trois personnes(N.D.L.R.: ses victimes) qui devraient l'avoir. Et pour le reste, quoi que j'aie fait, sous l'emprise de la colère, de l'angoisse, ou de la frustration, ce n'est pas ce que je voulais ».
Ces regrets tardifs n’ont pas ébranlé les jurés. Au bout de deux heures déjà, ils avaient répondu aux neuf questions. Il leur a fallu à peine plus de temps pour rédiger, avec les magistrats, les motivations requises.
Ronald Janssen, en aveux sur les meurtres d’Annick Van Uytsel, de Kevin Paulus, et de Shana Appeltans, contestait la préméditation. Il ne reconnaissait plus non plus avoir enlevé la jeune Diestoise, le 28avril 2007, ni avoir violé sa jeune voisine, après avoir tué son petit ami, le 2janvier 2010.
Pas crédible
En complète contradiction avec les aveux détaillés qu'il avait fait, en cours d'instruction, « sans subir la moindre contrainte, souvent après en avoir conféré avec son avocat, et parfois avec l'assistance d'un psychiatre », son revirement, aux assises, n'est pas crédible, a estimé le jury.
Parmi les nombreux éléments rappelés par le procureur, Patrick Boyen, dans ses répliques, les jurés ont notamment épinglé qu’Annick Van Uytsel n’était de toute évidence pas ivre, qu’elle était réservée avec les gens et qu’elle ne connaissait pas. Elle a donc manifestement été enlevée par Ronald Janssen. Pourquoi, sinon, son GSM aurait-il été éteint après le dernier appel angoissé de sa mère ?
Les constats des légistes confirment que la malheureuse a bien été tuée comme l’accusé l’avait décrit: son intention de la mettre à mort était évidente dès l’instant où il l’avait enlevée: elle ne pouvait le dénoncer.
Même préméditation pour Kevin et Shana. L’hypothèse du coup de sang de Janssen après une provocation du jeune homme n’a pas convaincu le jury. En surprenant le couple, avec deux revolvers armés, un jerrycan d’essence et un briquet, il avait bien l’intention de les tuer, et de faire disparaître leurs corps.
Kevin Paulus a été promptement exécuté. Puis Janssen a pris le volant pour se rendre dans un endroit isolé. Pour violer Shana, comme l’avait répété Patrick Boyen, et comme l’avait avoué Ronald Janssen. Et la demi-heure horrible que l’infortunée jeune fille a vécue, avec la certitude d’être à son tour abattue par son voisin, s’assimile bien à de la torture, a conclu le jury limbourgeois.
Ronald Janssen reverra ses juges ce matin: sa peine sera en débat. Son avocat, Me Miskovic, aura fort à faire pour lui éviter la perpétuité.¦