Francis Brichet: "Fourniret, je n'ai rien à lui dire!"

REPORTAGE EN DIRECT DE NOTRE ENVOYE SPECIAL | Cette journée du 14 avril 2008 restera gravée dans la mémoire de Francis Brichet. Ce jour-là, 18 ans après, il a pu dresser le portrait de son enfant lumineuse et pleine de joie devant celui qui a ruiné sa vie.

Francis Brichet: "Fourniret, je n'ai rien à lui dire!"
97690 ©(photo Reuters)

+ Témoignage de Vanessa, l'amie d'Elisabeth

Il est 15h30. Dans la rue du palais de Justice, un homme s'éloigne à petit pas. On dirait presque Monsieur Toutlemonde si ce-dernier n'était pas accompagné d'un journaliste d'une télévision privée et entouré de trois caméras et de quelques appareils photo.

Ce monsieur, c'est Francis Brichet. Le papa d'Elisabeth. Se retrouver dans le viseur des médias ce n'est pas son truc à Monsieur Brichet. D'ailleurs, plus les caméras sont nombreuses, moins il en dit.

Mais quelques minutes plus tard, quand les objectifs se sont éloignés, il accepte de nous parler. L'homme décompresse, une cigarette à la main.

Cette journée, il l'a longtemps attendue. Ce lundi, il s'est enfin retrouvé face au meurtrier et violeur de sa fille. Le président Latapie lui a donné la parole et il a pu dresser le portrait de sa fille de lumière et de joie face à l'ogre des Ardennes et ses meurtres sordides.

Francis Brichet, peut-on dire que vous êtes soulagé après cette journée lourde en émotion?

Oui, je suis soulagé de ne plus avoir à parler. Cette déclaration, je voulais la faire et je l'ai faite même si je ne suis pas un homme de discours ou d'écriture mais un homme qui s'exprime par la peinture. Alors oui, je suis soulagé d'en avoir terminé avec ça... Je ne devrai plus parler en public encore moins devant autant de monde. Mais ma fille est morte et ça, ça ne changera pas".

Ce matin, vous ne vous êtes pas adressé directement à Fourniret. Comptez-vous encore le faire?

Non. Je n'ai à lui dire à Fourniret! Il a tué ma fille, mon enfant. C'est tout ce qu'il y a à dire. Je ne suis pas pour la violence. Je ne vais pas l'insulter, le traiter de "salaud". A quoi cela servirait-il? A rien. Je ne suis pas non plus pour la peine de mort.

Qu'attendez-vous?

Qu'on l'enferme pour toujours dans une cellule. Et qu'on ne lui donne à manger qu'au travers d'un petit tunnel. Sans contact.

Ces deux jours de procès, vous les attendiez puisqu'il s'agit des faits relatifs à Elisabeth. Etes-vous déçus de la suspension d'audience de cet après-midi? Ne craignez-vous pas que le calvaire dure plus longtemps?

Je ne regrette rien. L'un des assesseurs est malade et le président ne voulait pas prendre le risque de ne plus avoir de juge de réserve pour les six dernières semaines... Je le comprends. Car si nous devions recommencer tout ça, ce serait vraiment pénible.

Votre avocat, Maître Lombard, s'est adressé directement à Fourniret ce matin pour un face-à-face impressionnant. Comment avez-vous vécu ce moment?

Mon avocat a fait ce que je ne pourrais pas faire. Il s'est adressé à Fourniret pour lui parler. Je ne pourrais pas faire ça. Je ne sais pas si cela changera grand-chose car Fourniret refuse toujours de parler. Alors, oui, je n'attends plus qu'une chose désormais: qu'on le mette en prison pour toujours.

Propos recueillis par
Olivier Deheneffe

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