Générations solidaires 2023: "Comment le dire?" Oser vivre son attirance et pouvoir en parler!
Le Refuge Bruxelles et Tels Quels organisent des rencontres intergénérationnelles entre jeunes et seniors
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- Publié le 21-06-2023 à 07h12
« Ici, je me sens enfin en sécurité », sourit Yanis (prénom d’emprunt). Ce jeune demandeur d’asile de 28 ans a été contraint de fuir l’Algérie, persécuté en raison de son homosexualité. Il a pu poser son baluchon au Refuge Bruxelles, une maison d’accueil pour personnes LGBTQIA+ (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuées, asexuelles et autres minorités sexuelles) à Bruxelles. Le Refuge Bruxelles héberge des Belges sans logement, chassés par leurs familles en raison de leur orientations sexuelles mais aussi des demandeurs de protection internationale, parfois menacés de mort dans leur pays. « Nous les hébergeons en moyenne pendant 4 mois tout en les accompagnant dans leurs démarches pour trouver un logement, auprès du CPAS, de la mutuelle et/ou pour entamer une formation », explique Marc Bouteiller, Directeur du Refuge Bruxelles.
Le Refuge Bruxelles fait des émules aussi en Wallonie. Un hébergement d’urgence vient d’ailleurs de s’ouvrir à Charleroi. Ce travail social d’ampleur mené avec chacune et chacun pendant 1 an s’articule avec tout un réseau (médecins, psychologues, juristes …) au travers d’initiatives multiples. Un nouveau projet baptisé « Comment le dire ? » a été conçu conjointement par Le Refuge Bruxelles et l’association Tels Quels (défense et protection des droits et des libertés des personnes LGBTQIA+). Le principe : organiser des rencontres intergénérationnelles entre des jeunes du Refuge Bruxelles tels que Yanis et des seniors du cercle des aînés mis en place par Tels Quels. « Beaucoup de seniors LGBTQIA+ souffrent de solitude. Ils se sentent encore davantage invisibilisés en raison de leur âge », explique Marine De Tillesse, chargée de projets chez Tels Quels. Sa collègue, Manon Vleminckx, enchaîne : « Le culte du jeunisme dans la communauté gay notamment isole encore davantage les personnes dès l’âge de 40 ans ». Ces rencontres, qui seront organisées une fois par mois, dès septembre, permettront de discuter de réalités de vie communes aux différentes générations. « Certains seniors LGBTQIA+ ont été ou sont toujours en couple et mènent souvent une vie d’hétérosexuels, précise Manon. Ils ont souvent besoin d’en parler à leur conjoint(e) mais ils craignent d’être rejetés s’ils font leur coming out. Par-dessus tout, ils refusent de faire souffrir l’autre en raison de leur attirance romantique et/ou sexuelle, et/ou de leur identité de genre. Nous observons beaucoup de honte intériorisée ». Ces rencontres intergénérationnelles déboucheront sur des podcasts, des vidéos ou des productions écrites en fonction des participants. Pour enfin dépasser la peur du rejet et mener une vie plus épanouie.
Le Refuge Bruxelles / Het Opvanghuis Brussel (refugeopvanghuis.be) Tels Quels – Pour vivre heureux, vivons Tels Quels

Yanis : "Je veux aider d'autres comme je l'ai été !"
Pour Yanis, qui a révélé son homosexualité à ses parents à l’âge de 14 ans, l’horizon s’est enfin ouvert après des années de souffrance. Il poursuit des cours de français avant d’entamer des études d’assistant social afin « d’aider comme il a l’a été ». « J’ai été battu par mon père qui me disait que j’avais choisi de lui faire honte. Ma maman me disait que j’étais malade. Elle m’a demandé de quitter notre village en Algérie. En Belgique, j’ai moins peur. Personne ne connait mon histoire. Je ne suis plus insulté. Je ne me sens plus surveillé en permanence ». Travailleur social dans l’âme, Yanis aide déjà des amis rencontrés au sein du Refuge Bruxelles en les accompagnant dans leurs démarches à la commune, chez le médecin …
