Générations solidaires 2023 : « Un toit, un cœur » pour sortir de la rue
Dans ce service d’accueil de jour, une aide sociale précieuse pour les personnes sans-abri , sans jugement.
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- Publié le 19-06-2023 à 08h42
- Mis à jour le 19-06-2023 à 10h08
Basculer dans la rue n’arrive pas qu’aux 'autres'. Pour Louis (67 ans), la chute a été brutale. Ce sympathique sexagénaire a toujours travaillé. Il perd son boulot de cuisinier lors de la crise sanitaire. La dépression le guette. Il n’arrive plus à payer les factures. Son épouse le met à la porte. C'est la dégringolade. Louis se retrouve du jour au lendemain à dormir dans sa voiture. Sans logement, il lui est impossible d’accueillir ses deux enfants. Persuadé qu’il n’a droit à aucune allocation, il survit grâce à l’aide d’amis et perd 15 kgs en 4 mois. Deux ans après cette rupture de vie, Louis a remonté la pente. Il a trouvé dans les locaux de l’association 'Un toit, un cœur' une écoute bienveillante et une aide concrète pour retrouver ses droits. Il a aussi rencontré de nouveaux compagnons de route.
Autour de Louis, d’autres visages burinés par les privations, le chagrin, les assuétudes parfois. Du lundi au vendredi, de 9h à 16h, Stéphanie Seutin, la coordinatrice de l’ASBL et Cécile Herbeuval, assistante sociale, organisent un accueil des personnes sans-abri. « Nous sommes le seul service d’accueil de jour du Brabant wallon avec celui de Nivelles, explique Stéphanie Seutin. Nous acceptons les chiens sinon les personnes ne rentreraient pas chez nous ». Dans la petite cuisine du container abritant les locaux de l’ASBL, en plein cœur du campus de l’UCL, Angela (84 ans) prépare des repas chauds : « J’ai perdu mon mari récemment. Ici, les personnes ont été très chaleureuses avec moi. Je me retrouve parmi eux comme chez moi ! Cela fait 8 ans que je viens aider ». Des étudiants de trois kots à projets se relaient sur place. « Ici, nous sommes contre la charité. Chacun paie 1 euro la douche et 2 euros le repas chaud. Nous aidons chacun à se remette en ordre pour avoir droit à une allocation du CPAS ou de la mutuelle, à un logement, une formation ou un emploi », précise Stéphanie Seutin.
La plupart des bénéficiaires de l’accueil de jour, des hommes âgés de 18 à 75 ans, ont cumulé maltraitances depuis l’enfance et lourds accidents de vie (décès d’un enfant, d’un conjoint…). « Ils sont d’une grande vulnérabilité émotionnelle », explique Cécile Herbeuval. Pour prêter main forte à Stéphanie et à Cécile, l’aide des bénévoles est essentielle. « Je viens aider à préparer les repas, sourit Louis. J’ai retrouvé un logement et des meubles. Et je peux reprendre mes enfants un week-end sur deux. Ici, on essaie de garder une bonne ambiance. Je connais la honte de se retrouver dans la rue. Ici, chacun a besoin d’être écouté sans jugement et d’être bien conseillé ».
Besoin de renfort
Si Stéphanie Seutin et Cécile Herbeuval jonglent avec une multitude de tâches, elles ont clairement besoin de renfort. Le service psychiatrique mobile assure une permanence de deux heures par semaine. Une infirmière bénévole vient aussi prêter main forte à l’équipe. Mais les ressources humaines sont trop limitées. Un renfort masculin serait bienvenu pour compléter le travail social accompli par Stéphanie Seutin et Cécile Herbeuval. Reste à trouver le financement de cet emploi. Quant aux femmes sans abri, l’équipe les dirige vers le Collectif ‘Violences plurielles’.

