Générations solidaires 2023: la Brèche, un journal passeur de voix

Cette revue papier et web rassemble analyses critiques, témoignages, expressions poétiques et artistiques sur l’univers carcéral.

« Notre idée, c’est de faire passer les voix de l’intérieur de la prison vers l’extérieur et vice-versa, explique d’emblée Louis Périlleux. Il s’agit donc d’ouvrir une porte sur le monde carcéral. Et de permettre à chacune et à chacun de l’observer, de questionner son fonctionnement qui interroge notre société, d’écouter les personnes incarcérées. Activer des échanges entre le ‘dedans’ et le ‘dehors’. Car quand une grève survient en prison, les médias vont interroger la direction, les gardiens. Qui va interviewer les détenus ? ». Louis mais aussi Léonor Laloy, Lola Massinon, Loïc Manche et une dizaine d’autres jeunes de 18 à 31 ans, tous issus d’universités différentes, composent le comité éditorial du journal La Brèche. Cette revue papier et web, de grande qualité, se veut avant tout une courroie de transmission des voix de celles et ceux qui sont incarcérés. « Nos contributrices et contributeurs sont bien sûr des détenus mais aussi leurs familles, leurs proches, des personnes portant un bracelet électronique qui témoignent de ce qu’ils vivent. Des universitaires fournissent aussi leurs analyses du système carcéral », poursuit Louis Périlleux.

La Brèche a été créée par la section bruxelloise du Genepi Belgique, une association d’intervention en prison née en France, en 1976. La section locale bruxelloise du Genepi Belgique est très proche de l’Observatoire International des Prisons. Elle a notamment mené une campagne pour le droit de vote en milieu carcéral.

La Brèche s’adresse donc aux personnes détenues mais aussi aux travailleurs des prisons, aux fonctionnaires de la justice, aux centres fermés, aux IPPJ (centres pour mineurs ayant commis un délit grave), aux centres psychiatriques. « Notre public est très diversifié, d'un magistrat à la voisine d'une prison belge ».

Le prochain numéro portera sur la santé mentale dans les lieux d'enfermement (annexes psychiatriques, IPPJ, hôpitaux, etc.). Le comité éditorial a souhaité donner à voir ces lieux souvent très fermés et cachés. Mais aussi soulever le débat sur des pratiques, des choix politiques et donner la parole aux oubliés.

« Il faut lire la Brèche, s’enthousiasme Louis Périlleux. C’est avant tout un objet magnifique et c’est un grand plaisir de l’avoir en mains. Mais surtout ce journal porte des paroles que l’on n’entend pas habituellement ! C’est une manière de prendre prise sur la prison qui nous concerne toutes et toutes et sur laquelle nous avons trop peu de pouvoir ». Et Léonor Laloy de conclure : « Finalement, nous voulons montrer que nous n’oublions pas ce qui se passe derrière les portes fermées de nos prisons. Nous soutenons les personnes détenues et leurs proches. Nous espérons participer de la sorte à une société plus inclusive, conviviale et bienveillante ».

La Brèche est une revue papier et web qui rassemble analyses critiques, témoignages, informations, et expressions poétiques et artistiques sur l’univers carcéral, principalement belge francophone.
Une partie du comité éditorial de La Brèche, la revue de la section bruxelloise de l'association Génépi. ©Mathieu Golinvaux

Financer chaque publication annuelle

Le comité éditorial soigne La Brèche, au contenu de qualité, illustré de dessins, photos et textes poétiques. Le 5e numéro comptera 115 pages. Si les premiers numéros ont été mis en prêt dans les bibliothèques des prisons, ils sont aussi proposés dans certaines librairies et cinémas alternatifs au prix conseillé de 10 euros. Le dernier (double) numéro a été co-financé par la COCOF et la région de Bruxelles-capitale (Equals Brussels). Bruxelles Laïque prend en charge les coûts de distribution aux personnes détenues et à leurs proches. Mais le comité éditorial doit chercher les fonds nécessaires pour la mise en page, le graphisme, l’impression alors que le coût du papier s’est envolé.

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