Générations solidaires 2023: la ‘bibliothèque humaine’ d’Henallux renverse les clichés
Les étudiants infirmiers vont rencontrer des seniors pour lutter contre les stéréotypes liés à l’âge et améliorer les comportements envers les personnes âgées.
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- Publié le 17-06-2023 à 07h12
« J’ai complètement changé de point de vue sur les personnes âgées. Je me suis rendue compte que les seniors ne sont pas tous malades, loin de là ! Et que l’on peut être âgé, joyeux et en forme ! », sourit Julie. Cette jeune étudiante commente une expérience pilote lancée par Milena Jarosik, coordinatrice pédagogique de la section sage-femme de la Haute Ecole Henallux à Namur. Cette enseignante a imaginé la mise en place d’une ‘bibliothèque humaine’ en section sage-femme sur le thème des parcours professionnels inspirants. Selon le principe d'une bibliothèque traditionnelle, les 40 étudiantes lectrices de 4e année, étaient invitées fin mars à ‘emprunter’ 3 livres vivants sur 7 présents à la séance pour écouter et engager le dialogue avec des sages-femmes durant une trentaine de minutes. Celles-ci se sont présentées, ont décrit leur parcours et partagé leurs expériences avec les étudiantes.
Milena Jarosik s’est inspirée de la « Human Library » créée il y a 20 ans à Copenhague pour mettre en place ce dispositif. Elle a été soutenue par Maria Pilar Carilla une enseignante de l’Athénée Royal Simone Veil de Beaumont qui a déjà organisé une bibliothèque humaine dans le cadre d’un projet ERASMUS+.
Dès l’année scolaire prochaine, la ‘bibliothèque humaine’ sera lancée en section soins infirmiers du département paramédical de la Henallux pour impliquer 180 étudiants de 1ère année et des seniors actifs. « Les soignants ont des personnes âgées une image tronquée de personnes malades, note Milena Jarosik. Or, 92% des seniors vivent chez eux sans problèmes de santé majeurs ». A l’issue de ces rencontres inter générationnelles, les étudiants décriront, par écrit, ce qui les a marqués pour en discuter, ensuite, en classe.
Avec ses collègues Marie-Paule Lobet, chargée du cours de Soins à la personne âgée et Stéphanie Laffut, bibliothécaire, elles souhaitent donner la possibilité aux étudiants infirmiers de 1e année de mettre à l'épreuve les stéréotypes liés à l'âgisme, en organisant des rencontres intergénérationnelles selon le principe d'une bibliothèque humaine. Les ‘livres humains’ sont les aînés très actifs de l’ASBL Maison des Seniors. Les étudiants pourront dialoguer en petits groupes avec le ‘livre humain’ de leur choix sur base d’une 4e de couverture, durant un moment consacré à ces rencontres.
Pour Rosetta Flochon, coordinatrice de la Maison des seniors, logée sur le site de l’Henallux, ces échanges intergénérationnels s’avèrent cruciaux pour améliorer la compréhension mutuelle. « Avec le Covid, les clivages se sont encore renforcés tels que ‘A cause des vieux, les jeunes ne peuvent plus mener leur vie’, regrette-t-elle. D’ailleurs, quand on parle des personnes âgées dans les médias, on évoque les maisons de repos débordées, les assurances décès, le coût des soins de santé pour la société … Et on oublie de parler des seniors actifs ! ». Rosetta Flochon détaille donc, avec satisfaction, les activités des membres âgés de 65 à 92 ans : initiation au maniement du smartphone, yoga du rire, cours de stretching, bar à soupe… « Il s’agit vraiment de montrer une vision positive des seniors dans le but d’améliorer les comportements envers la personne âgée et la prise en soins dans la future pratique professionnelle », conclut Milena Jarosik.

« Les seniors ont besoin de se sentir soutenus pour mobiliser toute leur énergie »
Lucas, étudiant en 2e année infirmerie, a, lui aussi, découvert une tout autre réalité : « En stage dans un hôpital, j’ai adoré prendre le temps de discuter avec les personnes âgées. Elles ont besoin d’être écoutées et d’échanger. J’aime aussi parler avec les seniors aussi dans le bus, dans le train, dans la file au supermarché. Cela me permet de mieux les comprendre ». Quant à Emeline, étudiante, elle aussi, elle observe que « le fait de créer des relations plus proches des personnes âgées malades améliore le processus de guérison. Elles ont besoin de se sentir soutenues pour mobiliser toutse leurs énergies physiques et intellectuelles ». Une belle expérience à venir pour ces jeunes, marquante pour le reste de leur vie dont ils pourront témoigner auprès de leurs proches, et, plus tard, auprès de leurs collègues infirmiers et médecins.
