Petra De Sutter : "Bpost est l’enfant à problèmes de ce gouvernement"
La ministre fédérale exerçant la tutelle sur Bpost, Petra De Sutter (Écolo-Groen), est sous le feu des critiques alors que plusieurs polémiques ont éclaté ces derniers mois et ces derniers jours en lien avec l’entreprise. Interrogée en commission du Parlement fédéral, elle est revenue sur l’actualité chaude et les dernières révélations qui ont éclaboussé son cabinet.
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Publié le 09-05-2023 à 16h59 - Mis à jour le 09-05-2023 à 19h45
D’emblée, la ministre a reconnu : "C’est une mauvaise pratique du passé. Je l’ai maintenue et c’était une erreur. Une erreur de jugement, les médias parlent d’erreur de débutante, appelez ça comme vous voulez. Je n’aurais pas dû le faire. Avec ce que nous savons maintenant de ce qui s’est passé au sein de Bpost, il est évident qu’il s’agit là d’une pratique qu’il faut absolument arrêter".
Par ces mots, et face aux députés de la commission Mobilité, Entreprises publiques et Institutions fédérales de la Chambre des représentants, Petra De Sutter (Écolo-Groen) a tenu ce mardi à clarifier sa position concernant les soupçons de "collusion" et de "conflit d’intérêts" dénoncés par l’opposition, suite aux révélations parues récemment dans la presse spécialisée.
Mercredi dernier, L’Écho et De Tijd levaient en effet le voile sur l’information selon laquelle deux collaborateurs du cabinet de la ministre – qui exerce donc la tutelle sur Bpost – étaient rémunérés par l’entreprise elle-même, jetant ainsi le flou autour des relations entre le gouvernement et Bpost, tout cela dans un contexte de crise édifié depuis plusieurs mois à la suite d’un audit interne ayant permis d’identifier une série de pratiques frauduleuses commises au sein de l’entreprise.
Un changement d’attitude qui jette le trouble
"Le détachement est une pratique courante qui permet d’assister le cabinet et d’apporter une expertise dans les domaines concernés", a poursuivi la ministre, rejetant "avec force" les accusations de conflits d’intérêts.
"Tous les conseillers, qu’ils soient détachés ou non, ont agi avec intégrité et de bonne foi", a-t-elle encore tenu à (r)assurer, illustrant ses propos par la "charte" que chacun de ses collaborateurs a dû signer, garantissant ainsi un travail " d’intérêt général".
De plus, rappelant que les dossiers entachés d’irrégularités découvertes dans le cadre de l’audit sont en partie gérés par d’autres cabinets ministériels, la ministre a souligné que " dans tous les fichiers mentionnés plusieurs yeux ont pu tout suivre", de sorte qu’il est " pratiquement impossible qu’un conseiller puisse d’une façon ou d’une autre pousser sa vision".
" Il ne nous appartient pas de vous croire sur parole", ont cependant réagi plusieurs membres de l’opposition.
Les toutes dernières évolutions dans cette affaire n’ont d’ailleurs pas manqué d’interpeller jusque dans les rangs de la majorité.
"On a pu constater un changement d’attitude face à ces deux travailleurs détachés de Bpost, a ainsi fait remarquer Emmanuel Burton (MR). En effet, vous nous disiez qu’à partir du mois de juin, ils seraient sur le payroll du cabinet. Mais, ce matin, on a appris qu’ils repartaient dans l’entreprise. Je peux entendre qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts mais si c’est le cas, pourquoi ce changement ? Cela jette un trouble sur votre stratégie, votre attitude."
"Simplement parce qu’ils ne peuvent plus faire leur travail" qui " est à présent compromis ", a répondu la ministre, dénonçant "l’image" qui "a depuis émergé" et selon laquelle "les personnes impliquées n’agissaient pas de bonne foi et poursuivaient des objectifs autres que la remise en ordre de Bpost ou la protection des intérêts de l’État belge".
Audit externe et plan d’actions
Insistant sur "le besoin de regarder v ers l’avenir", Petra De Sutter a par ailleurs annoncé que le gouvernement avait convenu d’imposer un audit externe à l’entreprise.
La ministre a en outre annoncé son intention de déposer sur la table de la Vivaldi "un plan d’actions", avec le concours du " management actuel qui souhaite mettre un terme aux pratiques du passé".
Reconnaissant là des " pistes intéressantes", Catherine Fonck (LE) regrette néanmoins que cela "ne lève pas les soupçons, les doutes en matière de complaisance".
"Cette apparence de conflit d’intérêts, ce n’est bon ni pour la politique, ni pour Bpost, ni pour les citoyens", a renchéri dans les rangs de la majorité Jef Van den Bergh (CD&V), estimant que "le Parlement a un rôle à jouer".
"Quand j’ai pris mes fonctions, on m’a dit, sur la base du passé, que ce n’était pas un portefeuille lourd, a ironisé la ministre. Mais qui savait alors ce que nous savons aujourd’hui ? Je pense donc que c’est une compétence importante et que Bpost est l’enfant à problèmes de ce gouvernement en ce moment. C’est une responsabilité collective qui remonte au passé."