Rythmes scolaires : les Engagés fustigent le "déni de démocratie" de la majorité qui bloque l’examen de son texte
Les débats tenus ce mardi en séance de commission de l’Éducation se sont révélés plutôt houleux entre l’opposition et la majorité parlementaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, autour d’une proposition de décret visant à adapter les nouveaux rythmes scolaires.
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Publié le 25-04-2023 à 14h55 - Mis à jour le 25-04-2023 à 15h05
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Réforme des rythmes scolaires : suite, mais pas fin ! Ce mardi, réunis au sein du Parlement en commission de l’Éducation, les députés de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) se sont une nouvelle fois déchirés – majorité contre opposition – autour de la mise en œuvre du nouveau calendrier, introduit lors de la dernière rentrée.
Tandis que l’opposition – dans le chef des Engagés et du PTB – avait inscrit deux propositions de texte à l’ordre du jour de la séance, lesquels visaient à apporter des ajustements aux rythmes des trois prochaines années scolaires afin de répondre aux difficultés de certaines familles partagées entre plusieurs communautés, la majorité a fait usage de l’article 44 du règlement afin de voter le retrait de ce point de l’ordre du jour.
"On est ici clairement face à un déni de démocratie", a ainsi fustigé Mathilde Vandorpe (Les Engagés), face à cette fin de non-retour apposée à "des propositions dont deux sur trois sont en concordance avec ce que la ministre a récemment annoncé".
"Ça fait deux fois en deux semaines que la majorité balaie un texte qui vient de l’opposition ", s’est également insurgé Jean-Pierre Kerckhofs (PTB), précisant que "même si c’est réglementaire", la manœuvre posait "question démocratiquement".
"Prématuré"
Au moment de justifier cette demande de retrait, Delphine Chabbert (PS) avait, elle, estimé que, "sur une réforme de cette ampleur-là et sur des implications aussi importantes, il nous semble absolument indispensable d’avoir au moins une année complète pour évaluer les impacts réels de la mise en œuvre de cette réforme. Les congés de Pâques ne sont même pas commencés. Cela nous semble donc vraiment prématuré", évoquant encore le "manque de temps" à pouvoir consacrer à l’analyse des propositions du fait de leur inscription tardive à l’ordre du jour – un dernier argument balayé à son tour par l’opposition.
Depuis des mois, les deux clans se déchirent autour de cette réforme, l’opposition – qui ne remet pas en question le bien-fondé de celle-ci – reprochant à la majorité d’avoir avancé sans attendre les autres communautés.
Décrochage scolaire et concertation
Sans aller jusqu’à provoquer de telles tensions, un autre point a aussi divisé quelque peu l’assemblée, y compris au sein de la majorité.
En effet, alors que la ministre est revenue sur les mesures d’ajustement apportées par le gouvernement jeudi dernier à la feuille de route des réformes du Pacte d’excellence, la députée membre de la majorité Stéphanie Cortisse (MR) s’est dite "ravie" de ces avancées, tout en regrettant que "la réforme numéro 1 au bénéfice des élèves, à savoir le chantier de la lutte contre le décrochage scolaire ", ne produise pas ses effets dès la rentrée prochaine de 2023.
"Cela fait à présent 2 ans et demi que je demande à la ministre d’accélérer cette réforme, le décrochage scolaire étant vraiment un fléau qu’on aurait dû traiter au plus vite et non reporter à la rentrée 2024", explique ainsi, ce mardi, la députée. Celle-ci rappelle à cet égard que "le Pacte prévoit une diminution de 50% du taux de décrochage scolaire d’ici 2030. Or, à l’inverse, depuis la crise sanitaire, le phénomène est exponentiel", observe-t-elle.
On se rappellera en effet que, en 2022, plus de 23 000 élèves de l’enseignement obligatoire en Wallonie et à Bruxelles se sont retrouvés en situation de décrochage : une augmentation de 30% en un an !
"Nous ne pouvons plus perdre de temps sur cette réforme puisqu’on perd des élèves au fur et à mesure des mois et des années", conclut ainsi Stéphanie Cortisse.
Élargir la concertation aux directions ?
L’accord conclu la semaine dernière prévoit en outre d’inviter le Comité de concertation à remettre un avis sur le calendrier des réformes à mettre en œuvre sous la prochaine législature.
Pour rappel, cet organe d’échange réunit depuis la création du Pacte pour un enseignement d’excellence les représentants du gouvernement et différents acteurs de l’enseignement : fédérations de pouvoirs organisateurs et syndicats enseignants (actuellement, seule la CSC-Enseignement y siège, les autres formations ayant décidé de claquer la porte).
Les directions d’école, en revanche, n’en font pas partie.
"Je réitère la demande des directions, que je soutiens pleinement, de faire partie du Comité de concertation du Pacte ", a relancé mardi à ce titre Stéphanie Cortisse (MR), depuis les rangs de la majorité. "La ministre me répond que sa composition a été fixée il y a des années, mais à l’heure où la plupart des syndicats ont quitté ce Comité de concertation, c’est l’occasion de revoir sa composition et faire rentrer les représentants des directions qui, eux, sont demandeurs d’y entrer", note encore la députée.
" J’entends l’invitation d’ouvrir " ce Comité de concertation, qui "doit être maintenant remis sur les rails " et se remettre "pleinement en route avant la fin de cette législature", a estimé de son côté Jean-Philippe Florent (Écolo), avant de préciser : "Je ne voudrais surtout pas que les syndicats qui l’ont quitté ne reviennent pas à la table du Comité de concertation", appelant encore à " rétablir la confiance " de ce côté-là aussi.