Un quart d’élèves en moins en 15 ans: les internats en mode survie face à l’érosion de leur fréquentation
Le nombre d’élèves internes diminue chaque année en Wallonie et à Bruxelles, ce qui n’est pas sans conséquences pour les structures qui les accueillent. Ainsi, en quinze ans, les internats organisés ou subventionnés par la FWB ont perdu près de 25% de leurs effectifs.
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- Publié le 17-04-2023 à 04h00
- Mis à jour le 17-04-2023 à 07h17
En 2021-2022, ils étaient 7.563 inscrits dans l’un des 100 internats et homes d’accueil organisés ou subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). En quinze ans, ce nombre a diminué de 24,7%: ils étaient encore 10.040 internes au début de l’année scolaire 2006-2007 !
Si cette réalité impacte l’ensemble des structures à travers la Fédération, celles relevant du réseau libre (au nombre de 31 sur l’ensemble du territoire) se retrouvent aujourd’hui particulièrement concernées.

C’est notamment le cas dans la zone de Namur, où la population d’internes "baisse chaque année de 4%", observe Olivier Francaux, responsable de l’internat du Séminaire de Floreffe.
De pratiquement 1.200 au début des années 2000, les internats du libre dans le Namurois comptent désormais moins de 850 inscrits.
Preuve de cette érosion, deux structures sur les neuf que comptait la zone en 2000 ont fermé au cours des dernières années.
Conséquence de crises
Selon Olivier Francaux, la crise économique de 2008 a marqué un premier tournant: "Entre 2000 et 2008, nous sommes passés de 1.197 à 1.187 internes. Mais cette diminution s’est fortement accélérée ensuite. D’abord à partir de 2008, puis de 2012."
Plus récemment, la crise sanitaire a occasionné un nouveau tournant.
"Nous observons particulièrement une grosse érosion depuis 2018, poursuit Olivier Francaux. Le Covid a fragilisé énormément de jeunes. Nous avons enregistré beaucoup de départs en cours d’année pour des raisons de mal-être. Il s’agissait pour beaucoup d’entre eux d’élèves qui étaient déjà fragilisés, voire qui étaient sous médication. Pour ces enfants, l’internat peut être une solution, mais ce n’est pas LA solution."
Au-delà de ces facteurs conjoncturels, le responsable note aussi que "les parents mettent leurs enfants à l’internat plus tard que par le passé".

Vers une concentration des plus jeunes
La population d’internes scolarisés dans le fondamental s’est d’ailleurs considérablement réduite à l’échelle de la Fédération, et s’est bien souvent recentrée sur des structures mieux adaptées à cette spécificité et bénéficiant d’un encadrement plus adéquat.
C’est le cas par exemple de l’internat de Berlaymont, situé à Waterloo, dans la province du Brabant wallon.
Un quart des élèves qui y sont inscrits proviennent du fondamental. " Cela s’explique notamment par le fait que nombreux parmi eux sont chez nous en immersion, précise Pascaline Vancutsem, la directrice. Nous avons donc beaucoup de néerlandophones."
Mais l’année prochaine, selon les inscriptions en cours, " nous aurons de plus en plus de francophones parmi les plus jeunes". Et si les années marquées par la crise sanitaire ont là aussi impacté la fréquentation de l’internat par les élèves du secondaire, le constat est nettement plus nuancé en ce qui concerne ceux du primaire.
"Nous assistons même à un rajeunissement, avec des enfants qui sont inscrits pour l’année prochaine en deuxième et en quatrième primaires", constate encore la directrice.
Mais qu’est-ce qui pousse des parents d’enfants si jeunes à inscrire ceux-ci dans un internat ?
Évolution des aspirations
Au Berlaymont, outre la raison de l’immersion donc, Pascaline Vancutsem observe que de plus en plus d’enfants dont les parents ont une activité professionnelle très prenante rejoignent sa structure. Même constat pour d’autres élèves qui recherchent dans la formule de l’internat " une bulle de liberté, de calme et de sérénité".
Les raisons qui poussent les (jeunes) élèves internes à franchir les portes d’un internat ou d’un home d’accueil ont donc évolué ces dernières années.
"Avant, ce choix était souvent dicté par une tradition familiale ou par l’attrait de la vie en communauté, se souvient Olivier Francaux. Maintenant, nous accueillons beaucoup d’élèves qui fuient une situation familiale compliquée. Dans le cadre des familles recomposées, certains enfants se retrouvent dans des situations très différentes d’une semaine à l’autre. Devenir interne leur permet de bénéficier d’un même cadre, de mêmes règles et du même suivi extrascolaire tout au long de l’année."
Au sein de la structure sont il est responsable, laquelle compte actuellement 130 internes, Olivier Francaux note encore que "dans 60% des cas, il s’agit d’un souhait du jeune. Et dans 12% des cas, c’est un problème familial ou d’organisation familiale qui est à la base de cette décision ".
Contexte, public, aspirations : le secteur des internats et homes d’accueil est donc en pleine mutation. Ou, plus exactement, en mode survie, obligé de se réinventer.
Car face aux structures organisées ou subventionnées par la Fédération, existent encore des internats privés, lesquels viennent ainsi concurrencer cette offre.
