Rythmes scolaires : en Flandre, l’idée d’une réforme fait son chemin
À l’approche du scrutin régional de 2024, face au déclin de l’enseignement en Flandre, plusieurs formations politiques au Nord du pays ouvrent la porte à la possibilité de réformer les rythmes scolaires.
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Publié le 31-03-2023 à 04h05
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Il y a quelques mois d’ici, la Fédération Wallonie-Bruxelles réalisait sa petite révolution en matière de rythmes scolaires et de calendrier des congés.
Sept semaines de cours, chacune espacée par deux semaines de repos : alors que la première année soumise à ces nouveaux rythmes entre bientôt déjà dans sa phase finale, la majorité des témoignages se révèlent aujourd’hui positifs à l’égard de cette évolution, tant du côté des élèves que du côté des enseignants, et même auprès des fédérations de tourisme.
Mais tandis que débutent ce soir les vacances de Pâques (dites "de Printemps") dans les autres Communautés, le débat sur les impacts négatifs de la réforme entrée en vigueur dans les écoles francophones du pays refait surface.
Désynchronisation
Ainsi, parmi les familles dont les enfants sont scolarisés dans deux Communautés différentes (ex. : un en Fédération Wallonie-Bruxelles et un en Flandre) ou à deux niveaux différents d’enseignement (ex. : un dans l’obligatoire et un dans le supérieur), nombreuses sont celles qui s’apprêtent à vivre des semaines délicates, bousculées dans l’organisation de leur quotidien et de la sorte contraintes de jongler entre les cours des uns et les congés des autres.
Depuis des mois, la principale revendication de ces familles porte sur une resynchronisation – ou a minima un rapprochement – des calendriers scolaires : un souhait qui, au Nord du pays, trouve désormais un certain écho au sein du monde politique.
En effet, à l’approche du scrutin régional de 2024, plusieurs formations se positionnent aujourd’hui en ce sens. D’autant que le niveau qualitatif de l’enseignement dispensé en Flandre inquiète de plus en plus le secteur.
Améliorer la qualité
Ainsi, dans une interview donnée fin janvier sur la VRT, Conner Rousseau, le président de Vooruit (ex-SP.A) et nouvelle étoile montante de la politique au Nord du pays, a confirmé l’intention de son parti de briguer le poste de ministre flamand de l’Éducation sous la prochaine législature.
"L’éducation me tient à cœur, a-t-il ainsi assuré. La baisse de la qualité de l’éducation menace notre prospérité. Avec Vooruit, je veux retrousser mes manches et remettre l’éducation sur la bonne voie."
Une "solution"
Et parmi les pistes à l’étude du côté de Vooruit, figure une réforme du calendrier, à l’instar de celle initiée cette année par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
"Pour nous, c’est certainement une option de revoir la répartition des vacances scolaires pour les écoles néerlandophones, nous confie ainsi Hannelore Goeman, députée socialiste et membre de la commission Éducation du Parlement flamand. Des périodes de repos plus longues pendant l’année et des vacances d’été plus courtes peuvent certainement améliorer les possibilités d’apprentissage des élèves. De plus, ce serait aussi une solution à la situation impossible que rencontrent de nombreux parents et familles bruxelloises et de la périphérie flamande ayant des enfants à la fois dans une école francophone et dans une école néerlandophone : cela provoque des périodes de vacances différentes et un casse-tête chaotique pour organiser la garde des enfants. C’est pourquoi j’ai récemment demandé au ministre Weyts de se réunir avec la ministre Désir afin de voir s’ils peuvent mieux coordonner les calendriers des fêtes. "
Mais l’idée de réformer le calendrier scolaire au Nord du pays séduit également dans les rangs des libéraux flamands.
Contre le décrochage
"L’Open Vld a toujours été en faveur d’une telle réforme, grâce à son influence positive qu’elle aurait sur l’enseignement lui-même, nous explique Jean-Jacques De Gucht, député libéral au sein de cette même commission Éducation du Parlement flamand. L’argument principal justifiant une réforme constitue le fait que les vacances d’été sont néfastes au processus d’apprentissage. Nous avons soutenu l’idée de conserver 14 semaines de vacances, mais mieux réparties sur toute l’année. Ainsi, nous voulons diminuer le stress et la fatigue tout au long de l’année, puisqu’une réduction des vacances d’été contribue à atténuer les effets du décrochage scolaire."
L’Open Vld s’est néanmoins longtemps retrouvé "isolé au sein du gouvernement concernant une réforme potentielle, poursuit le député. Notre proposition consistait à un passage des congés de Toussaint et de Carnaval d’une à deux semaines. En conséquence, les vacances d’été seraient rabotées à 7 semaines, de la même façon que la Communauté française l’a effectué. Ensuite, nous avons également étudié comment la réforme pourrait affecter les différents secteurs économiques, comme celui du tourisme. Il résultait de nos enquêtes d’ailleurs que le tourisme ne serait que peu affecté et que les conséquences négatives s’effaceraient elles-mêmes au fur et à mesure".
Dossier réouvert
Le député se félicite néanmois de la réouverture des débats "pour que le calendrier scolaire en Flandre corresponde (mieux) à celui de la Communauté française. On aperçoit que deux différents systèmes créent beaucoup de problèmes concernant le garde d’enfants pour des familles non seulement à Bruxelles mais également dans la Périphérie bruxelloise. D’autres défis qui se posent, sont par exemple l’organisation des transports publics ou des mouvements de jeunesse. Lors de ce débat, la possibilité a été exclue d’organiser des projets pilotes à Bruxelles dans lesquels les deux communautés suivraient le même calendrier scolaire. Cependant, ministre Weyts a confirmé de suivre de près les premières évaluations du nouveau système au sein de la Communauté française. Il en va de soi que, moi de la part de l’Open Vld, je demeure attentif à quelconque développement", ponctue Jean-Jacques De Gucht.
Alignement
Du côté de Groen, le député Arnaud Verstraete a récemment plaidé pour un alignement des calendriers. Une demande partagée par le PVDA, l’aile flamande de la gauche radicale, laquelle flingue dans ce dossier l’attitude de la N-VA, le parti de l’actuel ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts : " Une réforme du calendrier scolaire doit se faire au niveau national. Les situations étranges que nous vivons actuellement sont le résultat de l’envie de scission des nationalistes flamands ", dénonçait ainsi Robin Tonniau, président de la section locale du parti à Renaix, dans les colonnes de HLN en septembre dernier.
Autrement dit, si l’on est sans doute encore loin d’une harmonisation entre les deux calendriers, l’idée d’un rapprochement n’est plus de l’ordre de l’ineptie.