Pénurie de profs : les 16 pistes d’action des Engagés ne charment pas la majorité
Les Engagés ont proposé ce mardi 28 mars 2023 une proposition de résolution reprenant 16 actions visant à lutter contre la pénurie qui touche les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une initiative que n’a pas suivi la majorité.
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Publié le 28-03-2023 à 17h45
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Comme chaque année à pareille époque, la pénurie d’enseignants se fait plus fortement ressentir encore qu’à l’ordinaire dans les écoles wallonnes et bruxelloises.
Le constat n’est, bien sûr, pas neuf. Marie-Martine Schyns, ancienne ministre de l’Éducation, peut d’ailleurs en témoigner : "Déjà dans les années 2000, les difficultés de recrutement étaient saisonnières, a-t-elle ainsi rappelé ce mardi, lors d’une séance de la commission de l’Éducation au Parlement de la Fédération. La tension augmentait souvent fin janvier avec les maladies hivernales, et ce jusqu’à la mi-mars". Sauf que, à cette époque-là, "il n’y avait pas de difficulté à trouver des candidats pour un intérim de longue durée".
Risque d’explosion
Celle qui occupe aujourd’hui une place sur le banc de l’opposition a ainsi relevé que "les témoignages qu’on reçoit des directions d’école confirment que la pénurie s’est installée dès le mois d’octobre et qu’elle se poursuit quasi toute l’année".
De plus, la députée centriste a souligné une série de facteurs, actuels et à venir, qui ne feront que durcir cette réalité : " Le nombre de jeunes qui sortent des écoles pédagogiques ne progresse pas ", a-t-elle ainsi pointé, ajoutant que, "au début de l’année civile 2022, un enseignant sur trois (29%) exerçait sur base d’un titre de pénurie ou d’un titre de pénurie non listé (NDLR : il s’agit des enseignants qui ne détiennent pas le titre requis ou considéré comme suffisant afin d’enseigner la matière visée)", ce qui représente "une hausse de 2% par rapport à l’année précédente" et risquerait d’entraîner "une situation qui pourrait à un moment donné vraiment devenir explosive".
Afin de lutter contre ce phénomène, en marge des actions actuellement menées par le gouvernement, le groupe des Engagés a donc soumis au vote des députés en commission une résolution comprenant 16 pistes concrètes (lire ci-dessous), appelant majorité comme opposition à réaliser "un travail structurel qui s’inscrive sur le long terme" et à "essayer d’aligner un maximum de mesures positives", stipulant au passage rester "ouverts à garder [les pistes] qui feraient consensus" et "ouverts à d’autres pistes provenant des autres groupes " autour de la table.
Travail en cours
Dans les rangs de la majorité, si chacun s’est dit soucieux de la problématique, remerciant au passage le parti centriste d’avoir remis le sujet au centre des débats, la proposition n’a cependant pas convaincu.
"On partage votre intérêt pour cette question de pénurie, et le fait que c’est une problématique complexe, a réagi Fatima Ahallouch (PS). Là où est d’accord, c’est que ce n’est pas parce que c’est complexe qu’il ne faut pas agir. Et je pense que c’est précisément ce qui est fait", a poursuivi la députée socialiste, évoquant les " mesures proposées qui sont déjà en cours et qui mériteraient un moment d’analyse", ainsi que d’autres mesures "prévues, elles sont sur les rails".
Partageant ce point de vue, Nicolas janssen (MR) a également souligné pour sa part que, "avant de recruter, il convient de conserver et mobiliser le personnel déjà existant ".
Jeu parlementaire
"Oui, certaines actions sont en cours, mais pourraient être amplifiées" : face à la frilosité affichée par les partis de la majorité, Marie-Martine Schyns a alors proposé de ne pas soumettre la proposition de résolution au vote, mais de " réaliser un travail de fond, en partie avec l’administration" pour tenter de "voir si on arrive à s’entendre sur quelques mesures qui pourraient contenter tout le monde. On ne demande pas que nos 16 propositions soient reprises. Mais si on peut quand même à un moment s’accorder sur des propositions concrètes qui peuvent se faire dans l’année qui vient et qui peuvent avoir des effets l’année prochaine, on aura bien travaillé".
En vain : soumise in fine au vote des 11 députés présents, la proposition n’a recueilli que 3 voix partisanes.