De Wever et Marghem accompagnent les manifestants devant Tihange 2 (vidéo)
Le réacteur Tihange 2 a été mis à l’arrêt cette nuit. Au grand dam des 150 manifestants présents la veille en face du site.
Publié le 01-02-2023 à 06h00 - Mis à jour le 01-02-2023 à 09h57
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La centrale nucléaire Tihange 2 a été définitivement mise à l’arrêt à 23h59 cette nuit, pile 40 ans après sa mise en service le 1er février 1983. L’arrêt du réacteur nucléaire intervient quelques mois après celui de Doel 3, déconnecté du réseau électrique dans la nuit du 23 septembre. Une décision qui s’inscrit dans une volonté politique de sortir progressivement du nucléaire conformément à la loi du 31 janvier 2003.
Un deuxième arrêt net d’une centrale nucléaire belge qui ne trouve pas forcément écho au sein d’une frange de la population belge, en témoigne l’action protestataire menée par le mouvement "Stand Up for Nuclear" hier matin aux abords de la centrale nucléaire de Tihange. Pancartes et banderoles en faveur du nucléaire à la main, ils étaient environ 150 manifestants à se réunir sur la rive gauche de la Meuse, en face de Tihange 2. Et parmi eux, le député fédéral N-VA Théo Francken accompagné de son président Bart De Wever et de Marie-Christine Marghem, ex-ministre de l’Énergie.
Le nucléaire, première énergie verte
Parmi eux, Paul Bossens, directeur et porte-parole de "Stand Up for Nuclear", qui dénonce l’irresponsabilité des politiques et veut combattre les idées reçues autour du nucléaire. "Si on veut relever les grands défis du XXIe siècle, le maintien des énergies nucléaires est une nécessité, embraye-t-il. Le nucléaire est une source d’énergie abondante qui n’impacte que très peu notre environnement. Il y a beaucoup d’idées reçues qui entourent le nucléaire, notamment que c’est dangereux et polluant. Notre initiative a pour mission de combattre les idées préconçues et montrer à la population belge tous les bienfaits à tirer du nucléaire pour le futur de notre économie et de notre planète. Aujourd’hui, nous sommes environ 150-200 manifestants mais plusieurs organisations, pour le nucléaire et le climat, sont présentes et avec elles des milliers d’adhérents à nos idées."
Des propos qui font écho à ceux de Françoise, une manifestante présente pour signaler son mécontentement. "La fermeture de Tihange 2 est une aberration. Le pays va désormais devoir se tourner vers le gaz pour trouver une alternative. Le gaz est une énergie ultra-polluante qui émet une grosse quantité de CO2 dans l’air. Comment peut-on fermer une centrale nucléaire pour des motifs écologiques ? C’est incompréhensible. En ce qui concerne le climat, le nucléaire est la meilleure alternative."
«L’état se tire une balle dans le pied»
Le député fédéral Théo Francken déplore le dialogue de sourds auquel se livre le gouvernement belge. "C’est du gâchis, regrette l’ancien secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration. L’État belge se tire une balle dans le pied. Je trouve irresponsable la décision du gouvernement Vivaldi de fermer cette centrale, d’autant plus au moment où il y a une guerre en Europe qui nous confronte à un réel problème de dépendance énergétique. C’est dangereux, ça hypothèque notre avenir. Cette obstination traduit bien le dogmatisme des Verts. J’espère qu’une marche en arrière est toujours possible."
Marghem : « Relancer le nucléaire »
L’ancienne ministre de l’Énergie et du Développement durable, Marie-Christine Marghem, n’y va pas par quatre chemins lorsqu’elle évoque loi de 2003 qui régit la sortie définitive du nucléaire. "C’est une loi obsolète qui a été décidée dans un contexte d’abondance énergétique. Aujourd’hui, il est impératif de la modifier. Pour cela, il faut une volonté politique. Certaines réflexions commencent à émerger parce qu’on sait pertinemment que si les choses restent dans l’état actuel des choses, il va y avoir un manquement en termes d’approvisionnement électrique d’ici 2025. L’ensemble de la classe politique belge a été imprégné par l’idée que cette loi était nécessaire et pertinente. Or, c’est tout le contraire, elle est contre-productive."
La députée fédérale ne se monte pas pour autant pessimiste et croit encore à un retour en arrière. "Il y a des possibilités d’avancer puisque la N-VA, DéFI, ainsi que des membres du MR supportent des propositions qui consistent à rouvrir les perspectives du nucléaire dans notre pays."
Bart De Wever : « L’arrêt de Tihange 2 va coûter très cher. »

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a fait part de son inquiétude suite à l’arrêt de Tihange 2
Bart De Wever, vous êtes ici à Tihange. Pourquoi ?
Parce que ce genre de manifestation permet d’illustrer l’absurdité de certaines décisions politiques belges. La fermeture de Tihange 2 fait partie de ces incohérences. Aux États-Unis, des centrales nucléaires de ce type sont en train d’être prolongées pour encore 80 ans alors qu’en Belgique, on préfère fermer une centrale qui aurait encore pu tourner pendant 40 ans.
Pourquoi la sortie progressive du nucléaire vous incommode ?
Le nucléaire est une source d’énergie bon marché, neutre pour l’environnement et fiable. Dans le monde dans lequel on vit, c’est une folie de se passer d’une telle production. La guerre actuelle en Ukraine a mis en lumière un problème de dépendance énergétique que le gouvernement fait mine de totalement ignorer. C’est complètement irresponsable.
Comment en est-on arrivé à cette situation ?
Je pense qu’il n’y a pas eu assez de réflexions autour de la question du nucléaire. La décision a été prise trop hâtivement. La ministre de l’Énergie au sein du gouvernement De Croo, Tinne Van der Straeten (Groen), a vraiment trompé le jeu. Elle devait explorer plusieurs pistes mais il n’y a que celle concernant la fermeture des centrales nucléaires qui a été étudiée. Aujourd’hui, ça nous met en grosses difficultés.
Quelle(s) difficulté(s) allons-nous rencontrer ?
D’ici 2025, on aura un manque de production qui équivaut à plus de 3 Gigawatts, c’est énorme. Ça nous force à relancer des négociations avec Engie pour essayer de sauver les centrales Tihange 3 et Doel 4. Ça nous met dans une situation inconfortable. On est en position de faiblesse. Donc si cette négociation aboutie, elle risque de nous coûter extrêmement cher. On parle ici de milliards et de milliards d’euros. C’est vraiment dommage.
Quelles solutions existe-t-il pour faire marche arrière ?
Je pense que tout n’est pas perdu. Si on arrive à avoir des garanties de la part d’Engie que la centrale Tihange 2 ne sera pas démantelée, on pourra encore essayer de la relancer le plus vite possible. Ce n’est pas terminé. La lutte pour le nucléaire continue.