Prix de l’électricité sur les marchés de gros : les effets pervers d’un système
Dans un système régit par le principe du "merit order", les certificats verts ont probablement contribué à maintenir des prix de l’électricité élevés. Explications.
Publié le 12-01-2023 à 06h15
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L’un des problèmes majeurs avec l’électricité, c’est qu’elle est actuellement difficile à stocker. À tout moment, l’électricité injectée dans le réseau doit correspondre à la demande. Les fournisseurs peuvent donc acheter de l’électricité sur les marchés de gros à un prix qui devrait, théoriquement, correspondre à la loi de l’offre et de la demande.
Théoriquement, parce qu’en réalité, les prix de l’électricité vendue dépendent du classement des coûts de production, ce que l’on appelle dans le jargon le "merit order".

Pour simplifier, les unités de production sont sollicitées par ordre de coûts marginaux croissants. Plus la demande est grande, plus on devra recourir à un coût de production élevé afin de produire cette électricité.
Un système qui a permis de générer à certains producteurs d’électricité " inframarginaux " de vendre leur production à prix d’or, notamment grâce à la flambée des cours du gaz. Et paradoxalement, si des bénéfices importants ont été générés avec ce système depuis la libéralisation, force est de constater que ceux-ci n’ont pas été réinvestis dans de nouveaux moyens de production.
L’épineuse question des certificats verts
Sur le site de la CREG, Commission de régulation de l’électricité et du gaz, le certificat vert est défini comme "un bien immatériel attestant qu’un producteur a produit une quantité déterminée d’électricité verte, au cours d’un intervalle de temps déterminé".
Il s’agit d’un incitant financier créé en juillet 2002 à destination des producteurs d’électricité, afin de les encourager à développer les sources d’énergie renouvelable. Le principal effet étant, pour ces producteurs d’énergie, une forte diminution du coût de production grâce à la revente de ces certificats aux fournisseurs ou à Elia, le gestionnaire du réseau haute tension.
Mais dans un contexte de libéralisation supposée apporter davantage de transparence et de compétitivité, la forte variation des prix pourrait avoir créé un effet d’aubaine dans lequel se seraient, selon certains observateurs, engouffrés les producteurs d’électricité actifs dans d’autres technologies comme le nucléaire ou le gaz.
Ces derniers, en se lançant dans le renouvelable, pourraient avoir réalisé des profits particulièrement conséquents en maintenant, sur leurs outils de production classiques, des frais fixes élevés (amortissement, entretien, exploitation, etc.), et donc un coût marginal élevé.
Si un tel arrangement n’a jamais pu être prouvé, il est probable, selon certains observateurs que nous avons rencontrés, que les incitants que sont ces certificats verts aient contribué à maintenir des prix de l’électricité élevés, à la dérégulation du marché belge et, in fine, à l’augmentation de la facture des citoyens.