Sortie du nucléaire en Belgique : autopsie d’un fiasco
Alors que 2025 devait marquer la fin du nucléaire en Belgique, il n’en sera rien. Comment en est-on arrivé là ? L’Avenir a enquêté.
Publié le 11-01-2023 à 04h55 - Mis à jour le 11-01-2023 à 19h24
:focal(368.5x254:378.5x244)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/COKNLZZRC5BDNJXAR5AYD4YRM4.jpg)
Ce lundi 9 janvier 2023, le gouvernement fédéral, représenté par le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen), a signé avec Engie-Electrabel un accord de principe devant permettre la prolongation, pour une durée de dix ans à partir de 2026, des deux réacteurs nucléaires industriels à des fins de production d’électricité les plus récents du pays, Doel 4 et Tihange 3.
De nombreux aspects pratiques et techniques doivent encore faire l’objet de discussions (lire page 4), lesquelles animeront à n’en pas douter le quotidien des différentes parties prenantes durant les semaines et mois à venir.
Néanmoins, on peut affirmer que cette volonté cette fois clairement affichée par toutes les parties qui consiste à doter la Belgique d’un avenir nucléaire au-delà de 2025 est un tournant majeur dans l’histoire énergétique de notre pays.
Après avoir claironné voici vingt ans son désir historique de délaisser la technologie de la fission de l’atome à des fins de production d’électricité, le gouvernement fédéral vient en effet de jeter au feu l’essence même de la loi du 31 janvier 2003, laquelle faisait précisément de notre pays l’un des pionniers en la matière.
Échec
En réalité, le monde politique, bien aidé par les manœuvres d’un secteur privé peu scrupuleux, vient surtout de démontrer la manifeste indigence dont il s’est rendu coupable durant deux décennies, douze gouvernements et neuf ministres et secrétaires d’État fédéraux: vingt années durant lesquelles la Belgique a failli dans l’élaboration d’une véritable politique digne de ce nom en matière énergétique, vingt années durant lesquelles notre pays s’est révélé incapable de peser suffisamment sur le marché que pour garantir à ses citoyens une sécurité d’approvisionnement en électricité.
Comment expliquer ce cuisant échec ? Qui au final est responsable de cette situation ? Était-il possible d’éviter un tel fiasco ?
Investigation
L’Avenir va partir à la rencontre des acteurs, tant de la sphère économique que du monde politique, ayant présidé aux destinées énergétiques de la Belgique, depuis ceux qui ont jeté les bases d’un scénario de sortie du nucléaire pour 2025 jusqu’à celles et ceux qui n’ont eu d’autre choix que de signer, ce lundi 9 janvier, l’échec de cette ambition vingt ans plus tard.
Pour mieux comprendre et aussi mettre en perspective cette réalité, nous allons confronter l’avis d’experts et de spécialistes de la question énergétique en général et du domaine nucléaire en particulier: concepteurs des réacteurs, exploitants des centrales, gendarmes du secteur, juristes spécialisés, économistes, etc.
De cette minutieuse fouille, de ces très nombreux échanges, souvent informels, voire confidentiels, L’Avenir vous propose, à partir d’aujourd’hui et durant six numéros spéciaux à paraître jusqu’à mardi prochain, un dossier à la fois complet, rigoureux, mais aussi inédit sur la thématique, un dossier qui réalise l’autopsie de ce qui sonne aujourd’hui comme le plus grand fiasco sociopolitico-économique belge de ces vingt dernières années.