Préservatifs bientôt gratuits pour les jeunes en France: quid en Belgique ? "Des modalités différentes selon les mutualités"
Alors que les préservatifs masculins seront bientôt gratuits pour les 18-25 ans en France, la gratuité et le remboursement des préservatifs restent assez aléatoires dans notre pays. On fait le point avec Thierry Martin, directeur de la plateforme Prévention Sida.
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Publié le 09-12-2022 à 16h38 - Mis à jour le 09-03-2023 à 13h19
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C'est une "petite révolution de prévention" qui va avoir lieu chez nos voisins français. Dès le 1er janvier prochain, les préservatifs masculins seront gratuits en pharmacie pour les 18-25 ans, a annoncé Emmanuel Macron ce jeudi.
Dans le contexte actuel de recrudescence des infections sexuellement transmissibles, cette annonce du président français ravit la plateforme belge Prévention Sida. "On ne peut que s'en réjouir. On est favorable à toute mesure qui contribue à renforcer l'accès aux outils de prévention comme les préservatifs. Et notamment chez les jeunes, pour qui les moyens financiers sont souvent limités, surtout en ce moment en raison de l'augmentation du coût de la vie", explique Thierry Martin.
Remboursement des préservatifs: chaque mutualité impose ses propres limites
Chez nous, il existe également un principe de gratuité... à la belge. Outre le million de préservatifs gratuits distribués chaque année par les associations comme "Prévention Sida", un mécanisme permet également de se faire rembourser l'achat de préservatifs auprès de sa mutuelle, mais il est bien plus aléatoire. Et pour cause, cela ne concerne pas toutes les mutuelles et celles qui pratiquent ce remboursement ne proposent pas toujours le même montant maximum par an, ni les mêmes modalités.
"Depuis quelques années, certaines mutualités mettent environ 30 à 50 euros de préservatifs gratuits à disposition des jeunes en pharmacie, mais les mesures de remboursement des préservatifs ne sont pas communes à toutes les mutualités, ce qui est un peu discriminatoire. La première étape, ce serait que tout le monde puisse bénéficier d'une même mesure", lance Thierry Martin.
On ne comprend toujours pas pourquoi certaines mutualités ont pris telle initiative et pas les autres. On n'a jamais trop eu la réponse.
Les deux mutuelles qui ont initié le mouvement en 2017 sont la mutualité chrétienne et Solidaris. La première rembourse 50 euros de préservatifs par an, quel que soit le type de contraceptif et le lieu d'achat. Chez Solidaris, c'est aussi 50 euros par an, mais seuls les préservatifs achetés en pharmacie sont remboursés. Pour en bénéficier, il suffit généralement d'envoyer une preuve d’achat des préservatifs à votre mutuelle.
Depuis, d'autres ont fini par suivre le mouvement, toujours avec des conditions variables. Ainsi, la mutualité neutre et Partenamut proposent désormais un remboursement des préservatifs de 40 euros, tandis que ce montant n'est que de 30 euros à la mutualité libérale. De son côté, la mutualité libre ne propose pas le moindre remboursement à l'heure actuelle. "On ne comprend toujours pas pourquoi certaines mutualités ont pris telle initiative et pas les autres. On n'a jamais trop eu la réponse", nous confie Thierry Martin.
Etant donné que la Belgique garde toujours un œil sur les décisions prises de l'autre côté de la frontière, l'annonce du président Macron va-t-elle faire des émules chez nous et uniformiser les règles? C'est ce qu'espère la plateforme Prévention Sida. "Au moins, ça remet la question du préservatif au cœur du débat. On espère que les mutualités qui ne proposent pas encore de remboursement vont se reposer la question. Et on est là pour elles si elles veulent mieux comprendre l'importance d'une telle mesure."
Les IST en hausse chez les jeunes: "Ils voient moins le danger"
Malgré les avancées médicales en matière d'infections sexuellement transmissibles, la prévention auprès des jeunes reste un enjeu plus que jamais d'actualité. Si les chiffres du VIH sont plutôt à la baisse depuis 5 ans, les cas de chlamydia ou de gonorrhée sont en augmentation depuis les années 2000. Mais comment expliquer ce phénomène ?
"La première chose, c'est que les IST sont un peu plus mises en avant depuis une vingtaine d'années. On dépiste plus, ce qui veut dire qu'on trouve plus de cas. Deuxièmement, on constate sur le terrain une certaine lassitude des jeunes à se protéger. Ils disent que c'est moins grave d'avoir le VIH ou une autre IST aujourd'hui car il y a des traitements. Ils se protègent parfois une fois ou deux et puis abandonnent très vite. Ils voient moins le danger alors qu'il ne faut justement pas baisser la garde."
«La banalisation du sida déteint sur les infections sexuellement transmissibles»: et toi, il remonte à quand, ton dernier dépistage?Dès lors, suivre l'exemple français serait "une étape extrêmement importante" dans la lutte contre les infections sexuellement transmissibles mais cette gratuité des préservatifs généralisée pour les jeunes en Belgique ne serait pas suffisante à elle seule, selon Thierry Martin. "A côté de l'accès concret aux préservatifs, on plaide aussi pour d'autres actions permettant d'améliorer l'image de ce moyen de contraception, qui n'est pas toujours très bonne."