«Chaque dixième de degré compte» : la mobilisation citoyenne pour le climat de retour dans la rue
La mobilisation citoyenne pour le climat effectue son grand retour en Belgique, tandis que la COP 27 se profile à l’horizon.
Publié le 21-10-2022 à 04h55 - Mis à jour le 21-10-2022 à 11h53
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Un sit-in au milieu du quartier européen bruxellois ce jeudi, des actions dans 400 écoles du pays ce vendredi et une grande marche au cœur de la capitale dimanche après-midi : en l’espace de 72 heures, la mobilisation citoyenne pour le climat revient avec force au cœur de l’actualité nationale.
La jeunesse en étendard
Ces événements ne sont, bien sûr, pas sans rappeler les grandes marches pour le climat qui avaient animé le pays avant que la crise sanitaire ne vienne chloroformer la vaste mobilisation.
Fer de lance de cette dernière, la jeunesse sera, une nouvelle fois, au centre des actions de cette fin de semaine.
À travers des formes variées (marche, flashmob, chant, etc.), " ces jeunes vont donc être les acteurs de la mobilisation de ce vendredi, confirme d’ailleurs Maxime Ronveaux, chargé de campagne au sein du CNCD et qui fait partie des initiateurs du projet. L’objectif est que chaque groupe puisse ensuite poster des photos et vidéos sur les réseaux sociaux de son action avec le hashtag #standupforclimate".
Au total, ce sont 400 groupements de jeunes qui sont concernés : écoles fondamentales et secondaires (85%), associations d’étudiants du supérieur, maisons de quartier, mouvements de jeunesse… "Cela représente environ 45 000 jeunes selon les chiffres que chacun de ces groupes nous a remontés", précise Maxime Ronveaux.
Changement de cible
Lancé en 2018 sous le slogan "Wake up for Climate ! ", le mouvement de mobilisation de la jeunesse a donc adapté son discours.
"L e précédent slogan était à destination du monde politique. Réveillez-vous ! Avec “Stand up for Climate ! ”, le mouvement s’adresse désormais à l’ensemble des citoyens. Chaque dixième de degré compte ! Il faut agit dès maintenant", conclut Maxime Ronveaux.
Le mot d’ordre qui accompagne l’organisation de la marche programmée dimanche suit ce même raisonnement. Et concernera bien davantage que les plus jeunes parmi les militants.
" On se rend compte aujourd’hui que le cœur de ce que l’on va faire au niveau du climat se trouve dans les mains des pays ", explique Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat (lire ci-contre), organisatrice de l’événement.
"Jusqu’ici, nous militions pour une action au niveau international, poursuit-il. C’est ce que nous avons obtenu avec les Accords de Paris, puis nous avons milité au niveau européen et c’est ce que nous avons obtenu avec le Green Deal. À présent, la question qui se pose est de savoir comment concrétiser ces grands accords au sein des politiques nationales."
En marge de la COP 27
Si la mobilisation citoyenne se réveille aujourd’hui, ce n’est pas un hasard du calendrier. Dans quelques jours, la COP27, c’est-à-dire la 27e édition de ces fameuses conférences internationales pour le climat, débutera à Charm el-Cheikh, en Égypte.
"Au fur et à mesure, les COP ont également changé de mode de fonctionnement et d’objectif. De nouveaux sujets s’imposent aujourd’hui. Au cœur de la COP 27, la question du financement climat dans les pays du Sud sera par exemple un enjeu central ", analyse Nicolas Van Nuffel.
Il faut remonter à 2009 et la conférence de Copenhague (COP15) pour retrouver les prémices de cet enjeu fondamental pour les pays en voie de développement.
"Un accord entre les pays du Nord avait pu être trouvé pour la mise en place d’un mécanisme de financement à hauteur de 10 milliards annuels pendant une période trois ans (2010-2012), rappelle ainsi Nicolas Van Nuffel. Ce montant devait ensuite être progressivement revu à la hausse pour atteindre les 100 milliards d’aide structurelle annuelle en 2020. Or, on n’y est pas."
De fait, pour l’année 2020, ce sont 83,3 milliards qui ont été débloqués en lieu et place des 100 milliards promis (source : OCDE).
La Belgique, mauvaise élève
"La première de nos revendications en marge de la COP 27 est donc que les États soient cohérents avec les objectifs qu’ils se sont fixés par contrat", reprend Nicolas Van Nuffel. En ce compris, bien sûr, la Belgique "qui figure parmi les mauvais élèves, elle qui avait promis 500 millions de contribution annuelle mais qui n’en concède qu’une centaine au final".
La seconde revendication de la Coalition Climat porte sur le mécanisme de "pertes et préjudices" réclamé par les pays du Sud.
"Le climat nous offre en réalité trois chantiers, détaille Nicolas Van Nuffel. Le premier concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le deuxième doit nous apprendre à vivre avec le dérèglement climatique. Mais il y a donc un troisième qui est de pouvoir répondre à la question : que fait-on quand on a tout perdu à cause de celui-ci ? La mise en place de ce mécanisme d’assurance internationale à destination des pays du Sud (NDLR : plus fortement impactés actuellement par le dérèglement climatique) sera au cœur des discussions de cette COP27. "
Un enjeu actuel
Sit-in, flashmobs, marches, nouvelle COP : l’actualité militante écologique s’annonce donc mouvementée durant les prochains jours et prochaines semaines.
"Avec la crise sanitaire, nous nous sommes retrouvés en incapacité de nous mobiliser. Pourtant, tous les sondages ont montré que l’enjeu climatique est demeuré un enjeu prioritaire aux yeux des populations. Les gens continuent donc d’être inquiets. Et nous espérons à présent qu’ils se mobiliseront, notamment lors de la marche de ce dimanche ", conclut le président de la Coalition Climat.