Un sans-abri sur cinq a entre 18 et 25 ans (étude)
Une étude publiée ce lundi par la Fondation Roi Baudouin se penche sur le sans-abrisme chez les jeunes adultes.
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- Publié le 10-10-2022 à 06h00
- Mis à jour le 10-10-2022 à 09h10
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Un adulte en errance sur cinq a entre 18 et 25 ans. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’UGent, la KU Leuven et l’UCLouvain, à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin.
Fin 2020 et fin 2021, des dénombrements de sans-abrisme ont été réalisés dans neuf villes et régions de Belgique. Sur 6 286 personnes identifiées comme sans-abri ou en absence de chez-soi, 1 208 avaient entre 18 et 25 ans. Qui sont ces jeunes ? Comment en sont-ils arrivés là ? Quels sont leurs besoins ?
Sur un canapé
D’après l’étude, ces jeunes sans-abri forment un groupe hétérogène mais avec des profils spécifiques et différents de ceux des sans-abri plus âgés. On apprend que 38,9% des jeunes en errance sont des femmes (29,4% chez les +26 ans). 51,6% touchent un revenu d’intégration sociale (34,5% chez les +26 ans) et 45,9% vivent en situation de sans-abrisme caché (30,8% chez les +26 ans): "il y a moins de jeunes en rue. Ils trouvent plus souvent refuge temporaire sur un canapé chez un membre de la famille ou un ami", explique Martin Wagener de l’équipe de recherche de l’UCLouvain.
La durée de sans-abrisme est aussi plus courte que chez les sans-abri plus âgés: elle est récente pour un jeune sur 4, dure depuis 4 à 11 mois pour un jeune sur trois. 12,8% sont sans situation stable de logement depuis plus de deux ans (contre 32,7% chez les +26 ans).
Comparé aux adultes, les jeunes en errance sont aussi plus nombreux à ne pas avoir de problèmes de santé. En revanche, il y a deux fois plus de (suspicion de) déficience mentale.
Un tiers de primo-arrivants
Selon l’étude, 30,4% des jeunes sans-abri sont des primo-arrivants, 24,2% sortent d’une institution d’aide à la jeunesse et 29,4% sont sans antécédent institutionnel.
Ce sont les jeunes qui sortent d’une institution que l’on va retrouver davantage en foyer d’hébergement, qui font appel au RIS et ont nettement plus de problèmes de santé.
Ceux sans antécédent vont trouver refuge chez des amis. "Ce sont des survivants, ils ont survécu à leur situation familiale et ont quitté la maison à 18 ans ou ont été mis à la porte", témoigne un accompagnateur. Les primo-arrivants vont vivre plutôt dans une tente, un garage,… et sont plus souvent sans revenu.
Conflit familial
Violence, assuétude, parents pauvres, parcours migratoire traumatisant, "leur situation est une succession d’événements de vie négatifs, constate le sociologue de l’UCLouvain. Le tout combiné à des mécanismes structurels d’exclusion sociale".
Et le professeur de préciser: "il y a une diversité de parcours mais un fil rouge: 37,4% expliquent leur situation par des conflits avec la famille ou des amis. Il y a beaucoup de décrochage scolaire, un accès difficile au marché du logement – peu de propriétaires acceptent des jeunes avec un RIS -, un réseau informel limité, et une expérience négative de l’aide à la jeunesse."
L’offre de services d’aide "peu adaptés" ne les aide pas à sortir de leur errance, cible l’étude: "Ils connaissent peu ces services, sont découragés par les procédures et le jargon peu compréhensible, se sentent ballottés, note Martin Wagener. Ces jeunes ne vont pas non plus dans les accueils de nuit, perçus comme des lieux dangereux."
Pour lutter contre le sans-abrisme des jeunes, l’étude pointe la nécessité d’une politique familiale et scolaire préventive. "Il faut impliquer les écoles pour détecter au plus vite les soucis", estime Martin Wagener.
Il faut aussi une politique de transition entre l’aide à la jeunesse (jusqu’à 18 ans) et les services pour adultes, des solutions axées sur le logement (source de stabilité) et un accompagnement intensif des jeunes. "Il faut donner des moyens et du temps aux professionnels. Or, il n’y a que 15 à 20 services spécialisés pour les jeunes, c’est très peu."
