Les études professionnelles, entre désintérêt et véritable opportunité en FWB (infographies)
De moins en moins d’élèves optent en Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’enseignement de qualification. Pourtant, les débouchés sur le marché de l’emploi ne manquent pas.
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- Publié le 23-08-2022 à 07h00
- Mis à jour le 23-08-2022 à 10h42
Au début de l’été, l’Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi (Forem) a publié sur son site la liste des fonctions dites « critiques », c’est-à-dire les métiers pour lesquels les offres d’emploi sont moins facilement satisfaites: bien qu’il existe un nombre suffisant de candidats, les conditions de travail, les compétences requises ou des problèmes liés à la mobilité par exemple peuvent ainsi expliquer les difficultés de recrutement rencontrées par les employeurs.
En outre, 89 fonctions sont, elles, carrément listées comme " métiers en pénurie " pour l’année 2022: cela signifie qu’il n’y a pas assez de candidats pour satisfaire le nombre de postes vacants. Les entreprises éprouvent alors de grandes difficultés à recruter.
Lorsque l’on parcourt des yeux la liste concernée, un constat domine: nombreux sont les métiers ainsi listés qui ne nécessitent pas de diplôme d’études supérieures. Au contraire, beaucoup peuvent être accessibles rapidement pour les demandeurs d’emploi sortant de l’enseignement de qualification.
Parmi les secteurs les plus touchés par le phénomène, l’on retrouve notamment ceux de la construction, de la mécanique ou encore du transport – de personnes, comme de marchandises.
Des postes de carreleur, de carrossier ou encore de chauffeur d’autocar ou de poids lourd fourmillent ainsi parmi les offres d’emploi du Forem en Wallonie.
De nombreuses formations en cours de carrière – et dans certains cas des incitants financiers – existent par ailleurs pour la plupart de ces métiers, histoire précisément de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.
Mais qu’en est-il en amont?
Opportunités
C’est que, souvent décrié par le passé, l’enseignement de qualification n’a pas bonne réputation: une perception faussée que dénonce l’ensemble des acteurs du milieu. La qualité de l’enseignement dispensé n’a en effet certainement pas à rougir de son voisin, l’enseignement de transition. D’autant que les débouchés à la sortie des études y sont donc légion et, pour bon nombre d’entre eux, vacants. En d’autres termes, l’enseignement de qualification offre de nombreuses opportunités d’emploi dans une société où le chômage des jeunes demeure important: 14% des 15-24 ans au premier trimestre 2022, selon Statbel.
Contrairement à celui de transition, lequel vise avant tout à préparer les élèves aux études supérieures, l’enseignement de qualification a en effet pour priorité de former les élèves à l’exercice d’une profession.
Il existe deux types d’enseignement de qualification: celui de plein exercice, à travers les filières technique (TQ) et professionnelle (P), au sein d’un établissement scolaire ordinaire; celui en alternance, à travers une formule combinant la formation générale et la pratique professionnelle, au sein d’un centre d’éducation et de formation en alternance (CEFA).
Désintérêt
Lors de la dernière année scolaire, en 2020-2021 donc, ces différentes formules de l’enseignement de qualification regroupaient un total 110057 élèves inscrits dans l’une des filières concernées, soit près d’un élève sur 3 fréquentant le niveau secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles.
En dix ans, ce nombre apparaît comme relativement stable: +0,24% par rapport à l’année 2011-2012, où 109787 élèves étaient inscrits dans l’enseignement de qualification. Un constat qu’il convient de nuancer.
En effet, l’on observe que si ces chiffres de fréquentation n’ont fait qu’augmenter jusqu’en 2015-2016, ils baissent constamment désormais (-4,7% depuis 2015-2016), signe d’un désintérêt grandissant pour ce type d’enseignement chez les élèves du secondaire, essentiellement au niveau du professionnel: -10,8% en 5 ans!

En dix ans, les études en construction ont perdu un quart de leurs élèves
Le désintérêt pour l’enseignement qualifiant ne se fait pas ressentir avec la même intensité dans toutes les filières.
L’enseignement de qualification (TQ, P et en alternance) mène vers de très nombreuses filières, habituellement regroupées au sein de 10 grands secteurs: l’agronomie, les arts appliqués, les beaux-arts, la construction, l’économie, l’habilement, l’hôtellerie-alimentation, l’industrie, les sciences appliquées et les services aux personnes.
Les secteurs qui drainent le plus de candidats à la qualification sont actuellement ceux des services aux personnes (35560 inscrits en 2020-2021), de l’économie (25987 inscrits) et de l’industrie (17916 inscrits).
Parmi les qualifications accessibles via ces trois secteurs, l’on trouve, notamment, celles de technicien commercial, de technicien comptable, de gestionnaire en logistique, de carrossier, de mécanicien automobile, de conducteur poids lourd ou encore de technicien en maintenance industrielle pour ne citer que ceux-ci: toute une série d’options qui mènent vers des métiers considérés comme actuellement en pénurie.
Ajoutez encore celles d’agent d’accueil, d’aide-soignant ou d’aide familial, considérées comme des "fonctions critiques", et l’on constate donc que l’enseignement de qualification, même dans les secteurs les plus fréquentés, ne manque pas d’opportunités d’emplois pour les élèves qui s’y destinent.
Variations
Toutefois, si ces trois secteurs apparaissent relativement stables sur les dix dernières années en matière de chiffres de fréquentation (+1,9%, +6,3% et +1,4%), leur récente évolution s’avère préoccupante: depuis 2015-2016, le secteur des services aux personnes a perdu 6,8% de ses effectifs; celui de l’industrie 4,3%. Pas de quoi donc augurer une baisse de la pénurie pour les métiers concernés dans les prochaines années…
Les secteurs ayant subi les plus grandes variations au cours des dernières années sont l’agronomie (+10,9% en 5 ans et +17,9% en 10 ans) dans un sens positif et la construction (-15,1% en 5 ans et -23% en 10 ans) dans l’autre sens: de quoi expliquer, en partie, la pénurie grandissante que connaît ce dernier secteur, mais aussi préciser l’engouement que connaissent actuellement les études en agronomie au sein de l’enseignement supérieur. Or, si de multiples métiers en pénurie relèvent du secteur de la construction, aucun ne concerne actuellement celui de l’agronomie.
Le secteur de l’hôtellerie connaît lui aussi une érosion de son public, érosion qui s’est accélérée au cours de ces 5 dernières années (-14,7%). Il en va de même pour celui des sciences appliquées (-10,1%). Et si les Beaux-arts connaissent un net regain de popularité au cours de ces 5 dernières années (+6,6%), ce secteur a néanmoins perdu près d’un élève sur 5 en dix ans.
