Six mamans vivent avec leur enfant en prison, en Belgique: voici ce qui se passe derrière les barreaux
En Belgique, six enfants grandissent avec leur maman derrière les barreaux. Et ce, dans une section spécifiquement destinée à cet accueil, jusqu’à l’âge de trois ans.
Publié le 24-05-2022 à 07h00 - Mis à jour le 24-05-2022 à 09h27
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Ils sont encore tout-petits.Six enfants en bas âge s’éveillent à la vie, au sein de nos établissements pénitentiaires, notamment au sein de la prison pour femmes de Berkendael ou encore dans celle de Lantin. Derrière les barreaux.
Sur les 499 femmes détenues dans les prisons belges en ce mois de mai, certaines arrivent enceintes en prison, d’autres le deviennent au cours de leur incarcération. Là, six d’entre elles choient leurs enfants, qu’elles peuvent garder auprès d’elles jusqu’à l’âge de trois ans, dans des quartiers mère-enfant spécialement conçus. Avec des portes des cellules qui sont ouvertes plus souvent que dans le reste de la prison.
À Berkendael, un coin jeu est aménagé dans le couloir. À Lantin, une salle de séjour/jeux/repas est exclusivement réservée aux mères avec enfants. "Tout est pensé pour le bien-être des bébés" comme l’explique cet agent pénitentiaire, avec un encadrement réalisé par l’ONE, l’Office de la naissance et de l’enfance.
1.Au cas par cas
La présence d’un enfant au sein de la prison est toujours évaluée en amont et étudiée au cas par cas. Et ce, même si "la présence d’un enfant en bas âge auprès de son parent détenu se justifie par l’importance de créer des liens d’attachement indispensables à la construction même de chaque individu , peut-on lire dans un rapport de l’ONE. Les conditions d’accueil d’un enfant à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire doivent lui permettre de bénéficier, malgré la situation de détention de son parent et auprès de lui, d’une vie compatible avec les exigences de sa croissance et de son développement sur les plans physique, mental et social et de sa dignité d’enfant conformément à ce que prévoit la Convention internationale relative aux droits de l’enfant."
2.La condition: que l’enfant soit aussi accueilli dans une crèche
"Les mères détenues peuvent séjourner avec leur enfant en bas âge, à condition qu’il y ait une possibilité pour qu’il se rende à la crèche et que la maman marque son accord pour cette prise en charge en journée" , souligne Valérie Callebaut, porte-parole de l’administration pénitentiaire (SPF Justice).
3.Des cellules adaptées
Les nourrissons évoluent "dans des cellules individuelles adaptées qui font plus ou moins le double d’une cellule ordinaire" . Soit un espace cellulaire d’environ 15 m² par mère-enfant aménagé en fonction des besoins de l’enfant: il y a donc un lit pour enfant, une table à langer et tout le matériel dont l’enfant a besoin au quotidien.
Autre précision, et non des moindres: c’est bien la mère qui est détenue et non pas l’enfant. Ainsi, "l’enfant jouit de toute sa liberté en section dames" , selon Valérie Callebaut.
"Quand l’enfant est au sein de la prison et qu’il n’y a pas de grand mouvement au sein de la prison, la porte de la cellule est ouverte" . Quand l’enfant est à la crèche, par contre, sa mère fait l’objet du même régime de détention que ses codétenues.
4.Uneévaluation
Sur un plan individuel, le bien-fondé de l’accueil d’un enfant auprès de son parent détenu doit être évalué régulièrement et de façon pluridisciplinaire au minimum tous les 6 mois.
Lorsque l’enfant a atteint l’âge de 3 ans, il pourrait être accueilli dans la famille proche de la détenue ou être hébergé dans un foyer d’accueil.
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