L’introduction progressive de la gratuité scolaire à l’arrêt: «Une catastrophe»
À l’occasion de la séance de rentrée de la commission Éducation au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, plusieurs députés ont demandé des comptes à la ministre Désir, après que celle-ci ait récemment confirmé le report de l’entrée en vigueur de la gratuité des frais scolaires pour le premier degré du primaire.
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- Publié le 26-04-2022 à 17h00
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En mars 2018, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) adoptait, sous la précédente législature, un décret renforçant la gratuité scolaire.
Initiée dès la rentrée de septembre 2019 en première maternelle, la gratuite des fournitures scolaires a été progressivement étendue depuis: en deuxième maternelle lors de la rentrée de 2020; en troisième maternelle lors de celle de 2021.
Entre-temps, des moyens compensatoires – " à hauteur de 10 millions€ ", rappelle la ministre, ce qui équivaut à une subvention fixe de 60 € par élève – ont été alloués aux écoles.
Pas d’accord
Cette mise en place séquentielle de la gratuité scolaire aurait, en principe, dû s’étendre lors de la prochaine rentrée, fin août 2022, au sein du premier degré de l’enseignement primaire. Il n’en sera rien .
Faute d’accord obtenu lors du conclave budgétaire d’octobre dernier, aucun budget supplémentaire et visant à soutenir la mesure en primaire n’a pu être dégagé.
Coup de Jarnac
Interrompre le processus engagé " est une catastrophe ", a tonné Jean-Pierre Kerckhofs (PTB), lors de la séance de rentrée de la commission Éducation du Parlement de la FWB. Depuis les bancs de l’opposition, le député de gauche radicale n’a pas manqué de relever que " les apports progressistes du Pacte " étaient " peu à peu détricotés ".
Se disant consciente de l’état déplorable des finances de la Fédération et de l’effort budgétaire consenti par le gouvernement en marge de la crise sanitaire, Mathilde Vandorpe (Les Engagés) a emboîté le pas à son collègue de l’opposition, évoquant un " coup de Jarnac ", avant d’interroger la ministre sur l’attitude de ses partenaires de majorité: " La gratuité scolaire est-elle encore une priorité "pour eux?
Combat
Pour Écolo: plus que jamais. Surtout au vu du " contexte de hausse généralisée des prix ", qui se révèle " très problématique " pour certaines familles, a tenu à stipuler Kalvin Soiresse Njall. Car " la gratuité est un des leviers pour lutter contre les inégalités qui rongent notre enseignement ." Le député a d’ailleurs insisté sur " la nécessité de travailler sur les pratiques actuelles " des écoles, rappelant néanmoins que " l’école gratuite doit continuer à être un combat et ne doit pas rester un horizon ".
Soulevée tant par l’opposition que par la majorité, l’idée d’un plafond des montants réclamés par les écoles est revenue sur la table.
«Avancées essentielles, mais pas suffisantes»
Dans les rangs de la majorité, Fatima Ahallouch (PS) a pour sa part répété que la gratuité scolaire restait " un objectif essentiel " et " prioritaire si l’on veut combler les inégalités et les exclusions ", concédant que si " des avancées essentielles " ont été réalisées, elle " partageait le constat " que celles-ci ne s’avéraient " pas suffisantes ".
8 millions d’euros
Rejetant l’éventualité d’introduire la gratuité dans le primaire sans doter les écoles de moyens compensatoires, Caroline Désir a indiqué avoir estimé à 8,068 millions€ le budget nécessaire pour étendre celle-ci au premier degré dès 2022 – ce qui correspond à une subvention de 75 € par élève. Sa proposition n’a donc pas été adoptée lors du dernier conclave budgétaire. Elle a malgré tout confirmé vouloir trouver " un équilibre entre les contraintes budgétaires bien réelles et la volonté politique qui est tout autant réelle ".
Tant la députée socialiste que la ministre ont en outre indiqué leur volonté de voir cette question rediscutée lors du prochain conclave.
Volontarisme
Face à l’absence d’avancées concrètes (NDLR: une étude visant à objectiver la question est en cours et un cadastre des frais scolaires commandé par la ministre n’a pas encore rendu ses résultats), Jean-Pierre Kerckhofs a rappelé la nécessité " de prendre des engagements fermes le plus vite possible " et appelé à " davantage de volontarisme, comme celui affiché pour la réforme des rythmes scolaires ", précisant que, " plus que ces nouveaux rythmes ", c’est " la question de la gratuité scolaire " qui permettra de " réduire les inégalités ".
Suite, donc, au prochain – et hypothétique? – conclave...