Ouverture de la pêche samedi en Wallonie, même dans les zones inondées
Samedi c’est l’ouverture officielle de la pêche à la truite en Wallonie. Y compris dans les zones qui en ont été privées à cause des inondations.
Publié le 18-03-2022 à 06h00
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Tous les amateurs de pêche à la ligne auront le sourire ce samedi, jour de l’ouverture officielle de la pêche à la truite qui lance véritablement la saison. Mais le sourire sera sans doute plus large encore dans le sous-bassin de la Vesdre. Durement touché par les inondations de juillet, l’autorisation d’y pêcher avait été suspendue par le ministre wallon Wily Borsus (MR) dès la fin du mois d’août. À la fois pour une question de sécurité des pêcheurs, notamment en raison des berges abîmées ou détruites, et également dans le but d’épargner les populations de poissons dont on ne savait trop comment elles avaient encaissé le choc.
Aujourd’hui, on connaît la réponse: plutôt pas trop mal. C’est donc logiquement que le ministre de la chasse et la pêche autorise à nouveau les pêcheurs à aller taquiner la truite dans ces zones.
Les poissons ont encaissé le choc
Des pêches d'inventaires ont été réalisées dans la Vesdre et l'ensemble de son sous-bassin dans les mois qui ont suivi les inondations. Il ne s'agit que de coups de sonde, avec la limite que cela suppose. "Mais on n'a pas noté de différences notables concernant les populations et les différences espèces présentes", indique Frédéric Dumonceau, chef du Service de la pêche au Département de la Nature et des Forêts (DNF).
La crainte était que les populations de poissons, charriées par les flots violents de la crue, aient été emportées sur d’autres zones. Ou, pire, que les poissons aient été coincés en dehors du lit des cours d’eau lors de la décrue.
De son côté, l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) s’est penché sur les risques liés à la pollution.
Les spécialistes de l’Institut wallon ont ainsi prélevé des chabots pour en analyser la chair. Ce poisson de fond étant plus susceptible d’avoir été en contact avec des polluants charriés par la crue et qui s’accumulent alors dans les sédiments. Les résultats sont là aussi satisfaisants puisque les taux de polluants relevés sont en dessous des normes. Les analyses se poursuivent sur d’autres espèces de poissons mais, à ce stade, il semble que les réserves halieutiques des cours d’eau concernés par la crue de juillet ont plutôt bien encaissé le choc.
"Les deux années de sécheresse que nous avions connues précédemment ont d'ailleurs eu un impact négatif plus fort", note Frédéric Dumonceau. Tandis que d'autres dangers continuent de menacer les poissons. Notamment l'augmentation de la température des eaux avec le réchauffement climatique ou encore une urbanisation croissante sur les têtes de bassins qui amènent de la pollution.
Dans le milieu des pêcheurs, certains s’inquiètent toutefois d’un autre danger: les travaux de réaménagement des cours d’eau post-inondation.
En plusieurs endroits, la crue a remodelé de façon plus naturelle le tracé des rivières, notamment en charriant du gravier en certains endroits. Des zones qui sont devenues propices à la reproduction des poissons mais que les autorités craignent être sources de problème pour l’écoulement des eaux. En urgence, on drague et on remodèle donc artificiellement. Mais rien n’est encore planifié pour des aménagements favorables à la biodiversité, déplorent certaines voix.
Les poissons qui ont résisté à la crue pourraient donc bien nettement moins apprécier les grues et autres engis qui labourent leurs lieux de vie.