La réforme des rythmes scolaires adoptée en commission: "Le temps de la responsabilité"
Les uns y voient du "courage politique", les autres de "l’entêtement": la réforme des rythmes scolaires de Caroline Désir a passé ce mardi une étape décisive dans son processus législatif. Trente ans plus tard, nous y voilà.
Publié le 15-03-2022 à 20h53
Celle des rythmes scolaires sera indubitablement l’une des réformes majeures de l’actuelle législature en matière d’enseignement. Les passions que déchaîne cet épineux chantier suffisent à le prouver. Pourquoi? Parce que changer les rythmes de l’école revient tout aussi indubitablement à modifier le rythme de notre société dans sa globalité.
Initiée voici plus de trente ans et la fameuse "commission Grafé" (1991), la réflexion s’apprête, enfin, à aboutir. Ce mardi, à l’occasion d’une session marathon de la commission Éducation du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le texte du projet de réforme a reçu l’aval des députés de la majorité. Désormais, c’est au Parlement dans son ensemble qu’il conviendra, lors de la séance plénière du 30 mars prochain, de finaliser ce dossier.
Entre conviction et persévérance
Écrire que l'accouchement de cette réforme se sera fait dans la douleur relève de l'euphémisme. Pourtant, l'ensemble des acteurs de la communauté scolaire, de même que l'ensemble des formations politiques réunies de part et d'autre du projet de décret, n'ont jamais nié le bénéfice que la plupart des 900 000 élèves et des 100 000 membres du personnel fréquentant la Fédération Wallonie-Bruxelles retireront de cette réforme, laquelle vise, comme l'ont rappelé les partis de la majorité, à "mieux respecter les rythmes biologiques" des acteurs de l'institution scolaire.
Malgré ce consensus sur le fond, c'est la forme habillant cette réforme qui a fait se dresser les boucliers dans les rangs de l'opposition. Et ce, depuis des mois. Jouant leur rôle avec force et conviction, parfois aussi non sans une certaine virulence, Les Engagés (ex-cdH), le PTB ou encore DéFI ont martelé, tout le long des débats, les objets de leur réticence, ressassant à chaque occasion qui leur était donnée les griefs – légitimement – affichés par les familles pour lesquelles la mise en œuvre de la réforme s'annonce source de difficultés (lire ci-dessous) et dénonçant, in fine, l'acharnement de la ministre à faire aboutir, malgré tout cela, ce chantier dès cette année. " Il ne suffit pas d'être persévérant pour être pertinent", a asséné Mathilde Vandorpe (Les Engagés).
Le «temps de la responsabilité»
Mais reporter la mise en œuvre de la réforme aurait-il du sens? Les trois partis de l'opposition ont, en tout cas, plaidé – insisté même – en ce sens, dans le but de donner plus de chance à une – "hypothétique", selon la majorité – synchronisation des nouveaux rythmes scolaires entre les trois communautés du pays. Ne pas accepter ce report serait même "un pas de plus dans la séparation du pays", si l'on en croît le PTB.
"Je trouve vraiment regrettable que cette réforme prenne finalement une connotation négative, uniquement à cause de cette demande de report d'un an", a réagi Stéphanie Cortisse (MR) depuis les bancs de la majorité. "Cela gâche tout le débat et on ne voit même plus tout le bénéfice que cela aura pour les enfants francophones", a poursuivi la députée, ajoutant qu'il "faut parfois donner une chance aux réformes qui touchent de faire évoluer nos modèles de société".
"Nous sommes au temps de la responsabilité", a embrayé Delphine Chabbert (PS), assurant "ne pas minimiser" avec ses partenaires de majorité les difficultés, Jean-Philippe Florent (Écolo) ajoutant "prendre la mesure" de celles-ci.
Au final, après de nombreux échanges qui ont parfois tourné en rond, le texte du projet a finalement pu rencontrer l’assentiment des députés de la majorité, renvoyant ainsi le projet de réforme dans la dernière ligne droite de son processus législatif. Un détail, en principe.
